Dr Mahmoud Aroua a été l'hôte des "Mercredis du verbe" de la médiathèque Bachir-Mentouri de l'établissement Arts et Culture, mercredi 29 janvier, pour y disserter sur son livre Sentiments sous anesthésie (éd. Anep, 182 pages). Un thème où l'odeur de l'hôpital flirte avec le parfum de l'amour et où l'on se croirait dans le tohu-bohu d'ambulanciers de la série télévisée américaine Urgences de Michael Crichton. Médecin anesthésiste-réanimateur, l'auteur d'Un ange chez McDonald's (éd. Edilivre 2015) narre l'étape du jeune Hakim Benrazi à l'aide de son rapport de stage qu'il a écrit durant une tranche de vie à l'hôpital Ibn-Sina de Baïnem. L'âme poétique et d'essence humaniste, l'auteur de Fenêtre sur rêves (éd. Alpha 1998) a humanisé le rapport de fin d'études de Hakim jusqu'à ce qu'il soit d'une candeur égale à sa blouse blanche. Pour ce faire, Dr Aroua Mahmoud a conçu d'un "Eurêka" d'Archimède de Syracuse (287 av. J.-C. - 212 av. J.-C.) l'idéal antidote qui soit efficace à l'apaisement de la disgrâce et de la désespérance humaine. En l'occurrence l'amour ! D'où l'idée d'extraire ce zeste d'iode qu'il a puisé de l'air marin dans la posture d'un poète "À regarder la mer" d'Alain Bellec, dit Alain Barrière (1935-2019), où il s'est senti pousser les pétales d'une fleur bleue de l'amour dans l'intimité de son jardin secret. Et c'est "le début de l'amour" avec l'évasive Nadine qu'il croise au large de l'évasion où il n'y a de place ni pour le rêve ni pour l'amourette d'un été, si ce n'est la douloureuse tragédie de la perte de ses parents d'une intoxication au monoxyde de carbone. "Elle a le tutoiement à fleur de peau et donne de son temps aux enfants malades auprès desquels elle puise en retour un brin d'affection de ces chérubins", a déclaré l'orateur. Mieux, Nadine sait parler aux enfants à l'aide du conte et est rémunérée au prorata du temps qu'elle consacre à ces anges. C'est dire que l'on est loin de L'Amour à la plage et sa drague d'Encore un dernier baiser au rythme de "aou cha-cha-cha" (groupe Niagara, 1986). Et à lire Sentiments sous anesthésie, on y décèle aussi l'impérieuse envie du conférencier de s'extraire de ce "bourbier mouroir" qu'est devenu l'hôpital public. Pis, le tribun ressent aussi l'envie furieuse d'extérioriser ses maux et de se défaire du trop-plein d'horreurs qu'il a vécu à l'hôpital de Baïnem. "On ne sort pas indemne à l'issue d'un cursus dans la spécialité en anesthésie-réanimation", a déclaré l'auteur de L'Enfant qui ne pleure jamais (éd. Lazhari Labter), qui a eu à vivre les querelles de ces pionniers de la santé qui ne voyaient pas d'un bon œil ces nouveaux venus empiéter sur leurs plates-bandes. Mieux, l'œuvre Sentiments sous anesthésie de Aroua Mahmoud a tout d'un registre de permanence d'un pavillon des urgences ou d'un planning de "billard". D'où l'envie qu'il s'adonne aussi à la poésie ou à l'art de plier le papier à l'aide de son recueil de poème L'Origami (éd. Dar El-Faïrouz) qui lui a valu le deuxième prix au titre de la 17e édition du concours de la meilleure poésie de l'établissement Arts et Culture dans la catégorie langue française : l'origami est aussi l'astuce de dire sa flamme d'amour dans l'intimité de l'art du papier plié pour échapper à l'intolérance, a conclu le conférencier. D'où qu'il est requis de lire Origami où il y a aussi la Sabrine qui ressemble trait pour trait à Victoria Principal, alias Pamela Barnes Ewing, de la série télévisée Dallas de David Jacobs. À ce propos, l'écrivain Aroua Mahmoud use de la thérapie des mots pour soulager ses patients.