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À tout jamais…
124e partie
Publié dans Liberté le 18 - 02 - 2020

Résumé : Fathma s'inquiète. Adem grandissait et réclame beaucoup d'attention. Kamélia se repose sur elle. Mais jusqu'à quand ? Fathma lui rappelle qu'elle n'est pas éternelle et que son fils a besoin d'elle. Elle l'encourage à reprendre avec Idir lorsqu'elle lui apprend qu'il lui envoie souvent des messages. Kamélia l'appelle mais il ne répond pas. En fait, il les surprend en venant à la maison. Il est porteur d'une mauvaise nouvelle…
- C'est quoi cette tête ? Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui se passe ? Il est arrivé malheur à un de tes parents ? demande Kamélia, en le laissant entrer. Dis-moi ! Je t'en prie !
Idir avance lentement, avec son déambulateur. Fathma l'accueille avec Adem dans les bras.
- Bienvenue, lui dit-elle, alors qu'il l'embrasse sur les joues. Tu auras une longue vie. Figure-toi qu'on parlait de toi. On a même essayé de te joindre.
- Je l'ai senti vibrer dans ma poche, mais comme j'arrivais ici, répond-il, j'ai préféré vous parler directement.
- Qu'est-ce que tu venais nous dire ? Tu m'inquiètes, dit Kamélia, alors qu'il s'assoit avec difficulté dans un fauteuil avant de prendre place, près de lui. Je t'en prie.
Idir hésite avant de leur apprendre la terrible nouvelle.
- Tewfik est mort, dit-il. Il s'est suicidé…
- Ce n'est pas possible ! Un suicide ? En prison ?
- Ils ignorent comment il s'était procuré une lame… Il… Il ne s'est pas raté, dit Idir. Il était déjà mort lorsqu'ils ont découvert son corps…
- Quand est-ce c'est arrivé ?
- Il y a quelques jours, leur apprend-il. J'avoue que la nouvelle m'a été désagréable. Malgré tout ce qu'il nous a fait, je n'ai pas éprouvé de la joie en apprenant sa mort.
- Comment se fait-il que tu sois au courant et pas nous ?
- C'est Nawel qui m'en a informé. En voulant savoir quand il sera jugé, on lui a appris qu'ils ne pouvaient plus le poursuivre car il avait mis fin à ses jours. Il aura réussi à échapper à la justice. Je suis encore sous le choc.
- Il n'échappera pas à celle d'Allah, dit Kamélia, sans joie.
Elle aussi est sous le choc. Même sa mère n'en revient pas. Si c'était quelqu'un d'autre, elles n'y auraient pas cru.
- Sa famille ne vous a pas informées, remarque Idir. Ils devaient croire que vous ne voudriez pas le savoir après les pires moments qu'il vous a fait vivre. Ils doivent croire que sa mort vous réjouira.
- Mais non. Je ne pourrais même pas t'expliquer pourquoi, mais j'ai mal, malgré tout ce qui est arrivé, dit Fathma. Ses parents doivent souffrir. Il fait partie de ma famille. Avant qu'il ne disparaisse en mer, il était quelqu'un d'adorable. J'avoue que je n'aurais pas pu trouver meilleur parti pour ma fille. Il était plein d'attention et très prévenant envers chacun d'entre nous. Il était comme le fils que je n'ai pas pu enfanter. Pauvre garçon !
Idir soupire.
- Oui, c'est vrai, reconnaît-il. J'ai aussi connu le gentil Tewfik. Dommage qu'il se soit transformé en démon !
- La vie ne l'a pas épargné, dit Fathma. Disparaître en mer, revenir à la vie, sans mémoire, pendant des années, tout ça a contribué à son changement. Il était devenu l'opposé de ce qu'il était réellement avant. J'en viens à le plaindre. Et même à le pleurer…

(À SUIVRE)
T. M.
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