Cet opus, composé de 10 titres — sept textes de Kamel Hamadi et trois poèmes de Benmohamed —, sortira samedi prochain à l'occasion d'un gala qu'animera Zahia au collège Jean-Eudes (Montréal). L'idée a germé à Paris autour d'un café : lors d'une rencontre avec l'auteur-compositeur Kamel Hamadi et le poète Benmohamed, Zahia décide finalement de se jeter dans l'arène de la production artistique, elle qui a commencé à s'habituer à la scène kabyle, pour avoir accompagné nombre de grands artistes qui ont pour nom Cherif Kheddam, Nouara, Aït Menguellet, etc. "Quand j'ai chanté avec le défunt Cherif Kheddam à Paris, j'ai demandé à Kamel Hamadi s'il pouvait me composer des chansons. Il a fallu qu'on se rencontre à Paris en janvier 2017 et il a bien entendu accepté. De même que Benmohamed qui m'a proposé quatre textes", a indiqué Zahia Bel, lors d'une conférence de presse animée lundi soir à Montréal. "C'est un honneur pour moi de travailler avec ces deux monuments de la culture amazighe", a-t-elle ajouté. Au sujet de son premier album dont la sortie est prévue samedi prochain à l'occasion d'un gala qu'elle animera au collège Jean-Eudes, Zahia a évoqué carrément un rêve. "C'est un rêve pour moi d'enregistrer avec ces deux monuments. J'y ai mis toute mon énergie et ton mon cœur", a avoué la fille de Larbaâ Nath Iraten, convaincue de la qualité du travail réalisé. "J'espère que le public ne sera pas déçu", a-t-elle pronostiqué. Dans le spectre de la chanson kabyle féminine, Zahia se place plutôt dans la lignée des chanteuses engagées, comme le furent les pionnières Bahia Farah, Hnifa, Nouara, etc. "C'est avec leurs voix que j'ai été élevée", a soutenu celle qui dit venir à la chanson pour dénoncer les injustices, dont celle qui touche taqbaylit, la kabylité, en tant que culture, identité, langue et valeurs. Elevée dans un milieu artistique, Zahia ne veut pas chanter pour chanter. Elle espère suivre les icônes qui ont chanté "lmehna", la misère, et les injustices de l'ordre établi. "Pour moi, la chanson doit véhiculer un message. C'est la colère qui m'a poussée à chanter", a affirmé Zahia. Présents à la conférence de presse, Kamel Hamadi et Benmohamed se disent contents du travail réalisé à trois. Ils ont "confectionné" des textes sur mesure, pour reprendre le mot de Kamel Hamadi, qui fut d'abord couturier avant d'embrasser une carrière artistique densément flamboyante. "Elle a une voix envoûtante", a reconnu Kamel Hamadi. Benmohamed a insisté, lui, sur le rôle des médias dans la promotion de la chanson et des arts en général. La collaboration avec ces deux artistes a donné naissance à un opus d'une valeur artistique inégalée. Intitulé Rriha idurar (parfum des montagnes), l'album en question est composé de dix titres porteurs d'une poésie de haute facture et de rythmes musicaux traditionnels magistralement interprétés par Zahia. "Nous emportons avec nous le parfum des montagnes, nos valeurs nous suivent, elles habitent nos cœurs", chante Zahia dans Rriha idurar. Sept textes sont de Kamel Hamadi et trois poèmes de Benmohamed, tandis que les musiques sont toutes composées par Kamel Hamadi. L'une des chansons, Tahnint, a été composée il y a 30 ans. C'est une chanson dédiée à la mère de Kamel Hamadi qui venait de décéder. Rangé dans le tiroir, le texte devait être chanté par Nora, l'épouse du chanteur, mais le destin en a décidé autrement. Il a fallu que Zahia lui emprunte sa voix.