Après la confirmation du premier cas de coronavirus importé par un ressortissant italien, l'Algérie vient d'enregistrer deux nouveaux cas à Blida. Cette annonce confirme que le virus constitue une sérieuse menace sanitaire. Outre cette menace sanitaire, l'impact de cette épidémie risque d'avoir des répercussions encore plus graves sur l'économie. Et pour cause, les prix du baril de Brent ont plongé au point de passer, vendredi, sous la barre des 50 dollars. Si l'épidémie venait à s'accentuer avec ses conséquences sur le marché pétrolier, l'Algérie, tirant l'essentiel de ses revenus de la rente des hydrocarbures, aurait du mal à financer la relance de son économie en crise. Les prix autour desquels évolue le Brent depuis le début de l'année mettent à mal même les prévisions de la loi de finances 2020, qui tablent sur un prix de référence de 50 dollars le baril et un prix du marché à 60 dollars. En cas de persistance de la baisse des prix sur le marché mondial, l'équation du financement de l'économie nationale sera extrêmement difficile à résoudre. Une situation qui risque d'ouvrir davantage la voie au financement extérieur. Appelé à commenter la situation, le Pr Mohamed-Cherif Belmihoub, expert en économie, a indiqué que la situation actuelle est conjoncturelle et qu'il ne faut pas trop focaliser sur les prix du pétrole. Selon lui, il est difficile de faire une analyse d'autant qu'il est impossible de prévoir combien de temps cette baisse des prix du pétrole durera. Il rappellera que dans le cadre de la loi de finances 2020, l'apport de la fiscalité pétrolière a baissé par rapport aux années précédentes. Le Pr Belmihoub a préféré axer beaucoup plus sur la vulnérabilité de l'économie nationale et sur sa faible capacité de résilience face à ces facteurs exogènes qui la secouent. Pour rappel, la Chine se positionne comme le premier fournisseur avec 7,11 milliards de dollars d'importations algériennes durant les onze premiers mois de 2019. Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Aïssa Bekkaï, s'est, certes, voulu rassurant dimanche, lors de son passage au Forum d'El Moudjahid, mais la réalité du terrain est autre. En effet, l'essoufflement de l'économie chinoise et sa mise en quarantaine portent un coup au commerce extérieur chinois et, par ricochet, à l'Algérie avec le ralentissement des échanges avec la Chine. D'ailleurs, les sociétés d'import-export et de distribution (partenaires d'entreprises chinoises) subissent déjà des pertes énormes. Par ailleurs, l'approvisionnement de nombreuses entreprises des importations chinoises en équipements, en matières premières et en produits finis ou semi-finis sera perturbé avec comme première conséquence d'éventuelles pénuries de certains produits. Dans une récente sortie médiatique, la Fédération algérienne de l'import-export et du commerce extérieur a indiqué que 11 000 commerçants, dont 1 100 importateurs entretenant des échanges commerciaux avec des partenaires chinois, risquent de faire faillite.