Résumé : Halima connaissait bien des choses sur la famille M. Des Touareg venus du fin fond du désert et dont la noblesse n'était pas à démontrer. Riche et généreuse, la famille s'était fait une bonne place dans la région. Elle marque une pause, puis revient vers Toufik. -Aïssa, ton grand-père, qui devait avoir la quarantaine à l'époque, avait deux femmes et plusieurs enfants. Des filles. Beaucoup de filles, mais uniquement deux garçons. L'un mourut d'un mal mystérieux à l'âge de 4 ans, et l'autre avait à peine 2 ans. Affligé par son malheur, ton grand- père promet à ses deux femmes toutes les richesses de la terre si elles arrivaient à lui donner un autre héritier. Ce fut ta grand-mère Maïssa qui en aura l'occasion, puisqu'une année plus tard, elle mettra au monde Amar, ton père. Toufik buvait les paroles de la vieille. Quand elle s'arrêta un moment pour s'humecter les lèvres, il crut émerger d'un conte. La vieille femme toussote et poursuit : -Ton grand-père était si fier qu'il égorgea plusieurs boucs et en fit des offrandes à tous les saints de la région. Les gens avaient bu et mangé pendant plusieurs jours. C'était une fête comme on n'en avait encore jamais vu. C'était moi qui avais assisté ta grand-mère lors de son accouchement, et c'était moi qui avais prénommé ton père Amar. Je ne sais pourquoi, mais ce nom m'est venu comme ça à l'improviste et je ne pouvais le changer. Plus tard, j'ai fait un rêve où tout m'a été dévoilé. Il fallait quelqu'un de ce nom dans ce village. Quelqu'un qui va remplir les lieux... Amar. Effectivement, depuis sa naissance, ce garçon avait semé le bonheur. Tes tantes se marièrent l'une après l'autre en un laps de temps très court et tombèrent sur de très bons partis. La récolte de dattes cette année-là a été fructueuse. Et pour conclure, ton grand-père se rendit à La Mecque et en revint plus fort et plus respecté que jamais. C'était en somme une bonne année pour la famille. Quelques années plus tard, ton père quitte le Sud pour le Nord. C'était un bon écolier, et ses succès scolaires lui valurent des diplômes et des encouragements. Il obtiendra son bac et ira s'inscrire dans une grande école à Alger. C'est là où il rencontrera ta mère, la blonde aux yeux de feu. La nuit commençait à s'emparer des lieux. La vieille s'arrête subitement de parler. Toufik s'impatiente. -Et ensuite, que s'est-il passé ? La vieille Halima pousse un soupir. -Demain tu sauras la suite. -Demain ? Je ne pourrai pas patienter jusqu'à demain. -Il le faut pourtant. Va mon fils, rentre chez toi. Demain, reviens dans la matinée. Warda se lève et tire Toufik par le bras. -Viens, lève-toi. Nous reviendrons demain. Toufik se lève à contrecœur et suit la jeune fille. Ils quittèrent les lieux et se mirent à marcher en silence. Au bout d'un moment, Toufik demande : -Tu crois qu'elle nous a raconté la vérité, Warda ? -J'en suis convaincue. -Pourquoi ? -Eh bien, parce que cette vieille semble connaître tout d'abord les origines de ta famille, ensuite parce qu'elle ne peut pas inventer toutes ces choses en même temps. D'ailleurs, comment se fait-il qu'elle connaisse le prénom de ton père. Et puis, pourquoi le vieux que nous avons rencontré auparavant nous a-t-il orienté chez elle ? Toufik acquiesce. -Tu as raison. Halima a dû réellement connaître ma famille. Et puis, comme tu viens de le préciser, elle ne peut pas inventer toute cette histoire.
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