Et si finalement le blocage des deux sites d'informations, Maghreb Emergent et Radio M Post, inaccessibles depuis jeudi dernier, n'était lié qu'à un article publié par le directeur du pôle éditorial des deux sites en question, en l'occurrence El-Kadi Ihsane ? C'est en tout cas ce que suggère le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer. Quelques jours après avoir brandi l'accusation d'infraction à la loi dans le financement étranger des médias, rejetée par l'éditeur, Amar Belhimer évoque cette fois-ci le délit "d'offense" et de "diffamation" à l'encontre du président de la République. "Pour le blocage des journaux électroniques, il ne concerne que deux titres, Maghreb Emergent et Radio M Post, dirigés par un journaliste qui s'est rendu coupable de diffamation, injure et offense à l'égard du président de la République, dépassant les limites de la déontologie, de la bienséance et de la loi", a accusé hier, Amar Belhimer dans un entretien accordé au quotidien arabophone El Khabar. Le ministre fait visiblement référence à un article, en guise d'opinion, publié sur le site de Maghreb Emergent le 5 avril dernier, sous le titre "les 100 jours de malheur d'Abdelmadjid Tebboune" et dans lequel l'auteur, El-Kadi Ihsane, dresse un constat sévère du bilan du chef de l'Etat depuis son investiture en décembre dernier. Le ministre qui semble rétropédaler sur la première accusation de "financement étranger" annonce de prochaines poursuites judiciaires à l'encontre d'El-Kadi Ihsane qu'il ne cite pas au demeurant. "Le blocage de ces deux journaux est une mesure conservatoire, en attendant la finalisation des procédures de poursuites judiciaires conformément aux dispositions du code pénal et du code de l'information. Ce sont des dispositions qui prennent en charge clairement les situations d'atteinte à l'honneur des personnes, notamment la personne du président de la République dans l'exercice de ses missions constitutionnelles", dit-il. Une annonce qui intervient deux jours après qu'Interfaces médias, éditeur des deux sites d'informations, ait annoncé son intention d'ester le ministre en justice pour "diffamation". En vertu de l'article 144 bis du code pénal, El-Kadi Ihsane est passible d'une peine d'amende correctionnelle pouvant aller de 100 000 à 500 000 DA.