Plus de 200 chauffeurs de taxi de la ville d'Oran ont organisé, hier matin, un rassemblement devant le siège de la wilaya pour s'insurger contre la "situation invivable" dans laquelle les autorités — plus encore que le Covid-19, ont-ils souligné — les ont mis depuis près d'un mois et demi. "Non seulement nous n'avons pas le droit de travailler en raison du coronavirus mais aucune sorte d'indemnité financière n'a été imaginée pour nous aider à traverser cette crise", ont-ils dénoncé en rappelant que la majorité d'entre eux sont responsables de familles. "Nous sommes quasiment sur la paille. Nous avons dépensé tout ce que nous avons pu mettre de côté et aujourd'hui, nous n'avons plus un sou pour accueillir le mois de Ramadhan", a déploré un taxieur alors qu'une quête était improvisée pour venir en aide à un collègue pris dans de grosses difficultés. Les protestataires ont également dénoncé l'indifférence des autorités, à leur tête le ministère des Transports, qui ne s'est jamais exprimé sur leur situation. Les taxieurs, qui se sont rassemblés dès les premières heures de la matinée, ont insisté sur l'importance d'une indemnité financière pour compenser le préjudice entraîné par un mois et demi d'arrêt (ils l'estiment à 60 000 DA) et la nécessité d'une aide pour le mois de Ramadhan, ont également appelé à la réhabilitation de leur profession minée par les charges. "Beaucoup imaginent faussement que nous vivons sur l'or. Nous sommes contraints de nous acquitter des impôts, de la sécurité sociale, la location du numéro, la maintenance du véhicule…", a énuméré l'un d'eux pour donner la mesure des contraintes professionnelles de cette catégorie de transporteurs. En fin de matinée — après une rencontre très peu convaincante entre leurs délégués et un représentant de la Direction des transports — les taxieurs se sont dispersés, déterminés à se retrouver dimanche prochain, début du Ramadhan, pour un autre sit-in de protestation. "Si aucune solution n'est trouvée, il n'est pas exclu que nous durcissions le mouvement par des manifestations ou même la violation du couvre-feu. Nous n'avons plus le choix", ont averti les protestataires visiblement à bout d'arguments et d'idées.