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"La pandémie risque encore de durer si…"
Dr Abdelkrim Touahria, membre du Comité scientifique
Publié dans Liberté le 02 - 06 - 2020

Membre du comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie et président de l'Ordre des pharmaciens algériens, le Dr Abdelkrim Touahria revient dans cet entretien sur les paradigmes adoptés pour gérer durant ces trois mois, la crise sanitaire qui a mis à rude épreuve le système national de santé.
Liberté : Trois mois après l'apparition de l'épidémie, des indicateurs épidémiologiques portent à croire que le Covid-19 tire à sa fin. Comment a été managée cette crise sanitaire par le comité scientifique de suivi de la maladie ?
Dr Abdelkrim Touahria : Cette crise sanitaire induite par le Covid-19 a été naturellement gérée avec beaucoup de sérénité par le comité scientifique créé à cet effet par les hautes autorités du pays. Cette instance scientifique est animée depuis plus de 3 mois par un nombre d'experts et de professeurs de différentes disciplines. Il y a parmi nous, un infectiologue, un pneumologue, un réanimateur anesthésiste, un radiologue, un épidémiologue, un chirurgien et le pharmacien que je suis.
Ces experts ont travaillé depuis le début de la crise en étroite collaboration avec trois cellules de crise mises en place au ministère de la Santé sur recommandation du comité scientifique. La première cellule est chargée de la surveillance épidémiologique et de l'information sanitaire. Celle-ci vient s'occuper du suivi de la maladie en terme épidémiologique à travers le territoire national. Elle reçoit quotidiennement et en temps réel les résultats qu'elle transmet au comité pour analyse avant de prendre les décisions. L'autre cellule s'assigne la tâche de suivi des mouvements des malades et de la gestion des lits d'hospitalisation et de réanimation. La troisième et dernière cellule a été créée pour s'occuper de l'approvisionnement et de la logistique en termes de moyens de protection, de diagnostic et de traitement.
Cette cellule s'intéresse aussi aux opérations de dépistage, pas uniquement au niveau de l'Institut Pasteur mais à travers le territoire national puisqu'il y a eu par la suite l'élargissement du diagnostic à plus de 23 centres ouverts à travers le territoire national.
Le comité a dû également faire appel à d'autres experts pour mieux cerner la pandémie…
Le comité fait appel à chaque fois à d'autres experts et spécialistes en médecine pour partager avec eux toutes les questions liées à cette pandémie. On a reçu des spécialistes en cardiologie ou en pneumologie. Ils sont venus de partout, même des hôpitaux de l'intérieur du pays. En somme, le comité invite des experts en fonction de l'évolution de la situation sanitaire et selon les besoins exprimés par les animateurs de l'instance scientifique pour tirer au clair certaines questions et prendre la bonne décision.
Nous avons même invité des pharmaciens biologistes pour nous donner des éclairages sur la problématique liée au diagnostic ou autres. Nous avons fait appel aux chercheurs des laboratoires pour nous expliquer les médicaments nécessaires contre le Covid-19.
Quelles sont les difficultés rencontrées durant l'accomplissement de vos missions dans le cadre du comité scientifique ?
Il est clair que tous les pays du monde ont rencontré des difficultés, au début de la crise notamment durant les mois de février et mars. Des difficultés liées beaucoup plus aux approvisionnements. À l'apparition de la pandémie, tous les pays ont décidé d'interdire les exportations, que ce soit en termes de médicaments ou de moyens de protection. Juste à titre de rappel que les masques ou les bavettes coûtaient avant la crise, 15 DA l'unité. L'interdiction d'exportation des outils de protection a créé d'ailleurs une tension à l'échelle planétaire. Cependant, toutes ces difficultés ont été ensuite résolues grâce aux bonnes relations diplomatiques qu'entretient l'Algérie. Nous avons ainsi pu quand même débloquer la situation.
On a reçu après des quantités importantes en moyens de protection, les masques, les respirateurs et même de la matière première destinée à la fabrication de médicaments tels que la chloroquine. Le deuxième souci du comité était lié à la propagation du virus à travers le territoire national. D'autant que l'épidémie a commencé dans une seule wilaya avant de gagner 2, 3, 4 wilayas. Pour faire face, un nombre de mesures a été prise. Le comité a proposé la fermeture des frontières maritimes, aériennes et terrestres, la fermeture des écoles et des universités, des salles des fêtes ainsi que la suspension des transports inter-wilayas.
On a fait en sorte que toutes ces mesures prises finiront par juguler la propagation du virus. L'on peut dire aujourd'hui que toutes les recommandations du comité scientifique ont porté leurs fruits et ont donné de bons résultats. Autrement dit, les experts ont été écoutés par l'Exécutif. Le confinement total de Blida a été proposé parce que cette wilaya était le foyer principal de la pandémie en Algérie. Il y a eu aussi l'adoption précoce du protocole thérapeutique basé sur l'hydroxychloroquine associé à l'azithromycine. Lequel protocole a baissé le nombre de malades graves et de décès.
Quelle analyse faites-vous avec du recul, de toutes ces décisions prises jusque-là par le comité ? Ont-elles été suffisantes et efficaces ?
Le comité a travaillé sur la base des normes et des mesures dictées par l'Organisation mondiale de la santé. Je m'interrogerai cependant autrement : quelle serait la situation sanitaire en Algérie si on n'avait pas pris toutes ces décisions.
En somme, des résultats probants sont aujourd'hui là. Plus de 20 wilayas ont un bilan qui oscille entre 1 à 3 cas. Et si on n'avait pas pris la décision de généraliser le protocole thérapeutique spécifique, la contagiosité serait peut-être plus virulente aujourd'hui. Pour nous, toutes ces mesures ont été très positives. La tendance baissière des décès, des contaminations depuis la fête de l'Aïd, et même des intubés est en train de se confirmer jours après jour.
Quel sont les premiers enseignements à tirer de cette pandémie ?
En tant que membre scientifique et en tant que pharmacien, je tiens d'abord à déplorer tous ces décès. Un seul décès par jour, c'est un décès de trop.
En analysant la situation des décès, l'on remarquera que la plupart des décès concernent des patients qui souffraient de comorbidité. Cela suppose que nous n'avons pas suffisamment protégé nos patients qui ont des antécédents chroniques. C'est dire que ces décès sont survenus dans des situations pratiquement compliquées au niveau des hôpitaux. On aurait aimé donner plus de recommandations et faire plus de sensibilisation en direction de cette catégorie vulnérable qui a, outre l'âge avancé, des pathologies adjacentes. Nous rappelons d'ailleurs que des mesures ont été tout de même prises en direction des personnes âgées et des femmes enceintes. Ces derniers ne devaient pas aller au travail et se mettre au confinement à domicile.
Le système national de santé a été mis maintes fois à rude épreuve, et ce, bien avant l'apparition de l'épidémie. Est-ce que la question du système sanitaire a été tout de même abordée dans le cadre du comité scientifique ?
Il est clair que l'heure du bilan va bientôt arriver. À partir de là, on commencera à tirer des leçons pour qu'on puisse faire face à l'avenir, à d'autres épidémies qui ne sont pas exclues.
À présent, nous allons prendre les mesures qu'il faut. Et il y a beaucoup de choses à revoir dans le système de santé. D'ailleurs, le président de la République a pris la décision de mettre en place, après l'épidémie de coronavirus, l'Agence nationale pour la sécurité sanitaire. Celle-ci-ci sera là pour réfléchir à un nouveau système national de santé, soit en termes de prise en charge des maladies transmissibles ou non transmissibles.
Un système national qui prendra en charge la recherche hospitalière et l'industrie pharmaceutique. Ce sera aussi une occasion pour revoir notre système hospitalo-universitaire. Il est temps de développer la question de la recherche. Nous sommes capables de faire de la recherche scientifique et d'inventer des produits pharmaceutiques. En un mot, nous sommes en mesure d'être autonomes en matière de politique de santé d'une manière générale.
Comment appréciez-vous l'attitude des citoyens face à la crise ?
Il y a lieu de relever à ce titre un certain relâchement chez la population. Et chacun se dit avoir raison. Il y a ceux qui ne croient pas encore à l'épidémie. C'est dommage. Cela est complètement aberrant. Il y a eu aussi ceux qui disent qu'ils ne craignent rien parce qu'il y a un traitement vaccinal. Cependant, le comité scientifique a toujours dit que le seul traitement possible contre le Covid-19 est la prévention.
Il est plus facile aujourd'hui de porter un masque que prendre un traitement. Imaginez que toute la population se mette à l'heure des mesures barrières : le port du masque, la distanciation physique, le confinement, le lavage des mains, on s'en sortira par conséquent plus vite que prévu.
Cela étant, nous avons une pensée pour ces commerçants sans revenus et qui ont des charges importantes à payer telle que le loyer. Le confinement, économiquement et socialement parlant, est très compliqué. Mais, il faut du sacrifice. Un sacrifice très limité dans le temps 2, 3, 4 semaines et on s'en sortira tous. Si on ne fait pas ce sacrifice, la pandémie risque encore de durer plus longtemps. Alors que la vie du citoyen vaut plus que tout autre chose.
Entretien réalisé par : Hanafi Hattou


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