Epicentre de la pandémie, Blida a été frappée de plein fouet par la crise. Le P/APC de la ville des Roses estime que la crise sanitaire doit faire prendre conscience "de l'utilité et de la force du mouvement associatif dans les actions citoyennes" pour faire face à la crise. Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face à la crise de coronavirus ? Mahmoud Benazout : Pour affronter la nouvelle situation créée par la pandémie de coronavirus dont la commune de Blida a été l'épicentre, l'APC a commencé par mettre en place une cellule de crise chargée de l'organisation des opérations de désinfection par le biais du bureau d'hygiène communal. Compte tenu de l'envergure de l'opération qui devait toucher l'ensemble des quartiers, bâtiments, locaux commerciaux et édifices publics, l'APC a fait appel aux moyens des autres communes et à l'aide de certaines organisations, notamment celles des fellahs qui ont mis à disposition leur matériel d'épandage et leurs ouvriers. Dans une seconde étape, l'APC s'est attelée à organiser les aides aux citoyens éprouvés par le confinement par la préparation des conditions logistiques d'acheminement des vivres et des opérations de solidarité, appuyée en cela par les associations caritatives, culturelles et sociales. La commission sociale de l'APC, qui a supervisé les différentes opérations d'aide aux familles, a recensé 14 000 couffins alimentaires distribués pendant la durée du confinement total. Le volet relatif à la sensibilisation au virus corona, qui a coûté à la personne du P/APC une hospitalisation d'un mois au pavillon des maladies infectieuses, a été entrepris en collaboration avec les associations caritatives, culturelles, sociales, sportives qui ont fait montre d'implication dès le début de la pandémie. Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus et quel a été leur rôle ? Comme indiqué, des associations et organisations professionnelles ont pris part aux opérations de volontariat et de sensibilisation. Mais le point le plus important à signaler est celui relatif à l'élan de solidarité et à l'affluence des dons des citoyens de la commune et des autres régions du pays, dès les premiers jours du confinement. Les opérateurs économiques de la Mitidja, dont les industriels du CEMI, ont fourni des bassins de désinfection et des kits de lave-mains qui ont été installés dans les quartiers de la ville, notamment dans les marchés Guerrab, à la place publique centrale et à l'hôpital Ben-Boulaïd. Pour leur part, les Epic Mitidja Nadhafa, Mitidja Inara, Mitidja Transports, Mitidja Hadieb et les ateliers de la commune ont participé aux opérations de volontariat dans les actions de peinture, de chaulage, de désherbage et de nettoyage général des quartiers et espaces publics. La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de situation de crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune ? L'APC a toutes les prérogatives pour intervenir dans divers domaines, notamment financier, social, culturel et de police. Le domaine financier reste le plus déterminant pour la mise en œuvre des actions de développement de la commune en matière de désenclavement, d'alimentation en eau potable, d'assainissement, d'entretien des écoles et des cantines. L'APC consacrera sa réunion du 29 juin à l'examen du BS (budget supplémentaire) et des ressources financières à mobiliser pour la réalisation de projets d'aménagement et de rénovation de certains haouchs, la réhabilitation de salles de soins, la rénovation de l'AEP et des terrains de proximité des quartiers, ainsi que le revêtement des routes. Comment envisagez-vous le devenir de votre commune après la pandémie ? La gestion de la commune devra s'appuyer sur des paradigmes de rationalité et de rigueur concernant toutes les affectations d'enveloppes budgétaires qui doivent aller en priorité aux investissements. En outre, la gouvernance locale s'appuiera désormais sur la gestion participative qui sera plus prégnante après la crise sanitaire, une crise qui a mis en exergue l'efficacité de l'apport du mouvement associatif et des comités des quartiers de la commune dans les actions de volontariat, de solidarité, d'hygiène et de soutien aux services de l'Etat. La commune de Blida ayant connu une épidémie de choléra il y a deux ans, puis celle de coronavirus, est la mieux à même de juger de l'utilité et de la force du mouvement associatif dans les actions citoyennes.
