Une "coalition citoyenne pour le Sahel", comprenant une vingtaine d'organisations de la société civile des pays du Sahel, a été lancée jeudi pour "compléter" l'action des Etats face à la crise sécuritaire qui touche la région en proie aux violences terroristes, ont rapporté hier des médias citant des sources concordantes. Cette initiative regroupe une vingtaine d'organisations sahéliennes, soutenues par des ONG africaines et internationales. Elle est censée promouvoir une "approche autre que militaire", selon les mêmes sources. Pour les acteurs de cette initiative, la "lutte antiterroriste ne peut constituer l'unique réponse à la crise sécuritaire". Ses initiateurs souhaitent ainsi "engager un dialogue constructif et exigeant avec les dirigeants politiques, les décideurs et d'autres acteurs-clés dans la région, notamment les forces militaires et de sécurité, ainsi que les acteurs au-delà de la région qui sont engagés dans la coalition internationale", a rapporté l'APS. "Dans les villages, loin des bureaux, les populations vivent toujours dans la peur. On nous annonce la neutralisation de groupes, mais la situation continue de se détériorer", alerte Drissa Traoré, le coordinateur de l'Association malienne des droits de l'homme (AMDH) et l'un des porte-parole de cette Coalition citoyenne pour le Sahel, lancée jeudi. Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, le nombre de victimes civiles de violences et d'attaques terroristes a ainsi été multiplié par cinq depuis 2016, avec plus de 4 000 morts enregistrés en 2019, selon l'ONU. En outre, plus d'un million de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer. "Il y a urgence à mettre la protection des civils et la sécurité humaine au cœur de la réponse au Sahel", insiste la coalition dans son manifeste publié jeudi soir. "La lutte antiterroriste ne peut être l'unique réponse, il faut une approche plus locale pour s'attaquer aux causes profondes de la crise", insiste Niagalé Bagayoko, présidente d'Africa Security Sector Network, un groupe de réflexion basé à Accra, au Ghana. Il s'agit de faire valoir "l'expertise de la société civile. Il ne s'agit plus de multiplier les réunions d'experts et les promesses, j'ai espoir que nous puissions faire bouger les lignes", plaide pour sa part Victor Ouédraogo, directeur du Centre diocésain de communication au Burkina Faso. La coalition entend jouer un "rôle de veille, en suivant les avancées sur le terrain", par exemple grâce à une nouvelle grille de critères à définir.