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La fille des Aurès
11e partie
Publié dans Liberté le 26 - 07 - 2020

Résumé : À 16 ans, Hakima découvre toute la réalité sur son existence. Elle comprend que sa "maman" n'est qu'une femme au cœur grand comme le monde, qui l'encourage à faire de bonnes études, afin de mener une vie décente. Pour cela, Hakima redouble d'efforts dans ses études et se cultive en s'évadant dans la lecture et d'autres occupations fort rentables.
L'ACCIDENT
La jeune fille sait que ses lectures lui redonnent confiance en elle et la mûrissent. En ce jour funeste, où elle cherche un ouvrage dans la bibliothèque de sa "maman", elle sent une main se poser sur son bras.
Elle se retourne et se retrouve face à un homme de grande taille. Ce dernier doit frôler la soixantaine, mais sa corpulence n'en est apparemment pas trop affectée, au vu des muscles qui jouent sous son tee-shirt.
- Qui es-tu ? Et que fais-tu dans ma bibliothèque ?
Hakima tombe des nues. Cet homme est le mari de sa "maman". Elle a déjà vu quelques-unes de ses photos accrochées aux murs du salon.
Jusque-là, elle ne l'avait jamais encore rencontré, car sa "maman" avait toujours fait en sorte de ne la ramener à la maison que lorsque ce dernier était absent.
Elle descend de l'escabeau sur lequel elle venait de monter pour prendre un livre sur la plus haute étagère de la bibliothèque et rougit avant de répondre.
- Je... Je suis...
L'homme fait un signe de la main.
- Ça y est, je sais qui tu es.
- Hein ?
- Oui...
Il se passe une main sur le visage. - Tu es la nouvelle femme de ménage.
Stupéfaite, Hakima garde le silence. Bien sûr, sa "maman" n'a jamais dû dévoiler à cet homme qu'elle ramenait de temps à autre une jeune fille de l'orphelinat pour passer le week-end chez elle. Elle déglutit et sent ses joues s'empourprer.
L'homme ébauche un sourire qui ressemble plutôt à une grimace.
- Je suis le maître de la maison. Ma femme ne m'a pas dit qu'elle avait engagé une femme de ménage. J'aurais dû m'en douter, car l'ancienne nous a quittés voilà des mois.
Il la contemple un moment avant de poursuivre.
- En matière de goût, j'avoue que mon épouse est experte. Elle a su prendre une femme de ménage jeune et très belle qui pourrait, en dehors de ses occupations, faire le bonheur de plus d'un homme.
Hakima sent ses jambes se dérober sous elle. Que voulait dire cet homme ?
Les pulsations de son cœur triplent de rythme, et elle recule de quelques pas, un livre dans les mains.
- Je... Je suis Hakima... J'ai terminé pour aujourd'hui.
Une mauvaise étincelle brille dans les yeux de l'homme qui s'approche d'elle en deux enjambées.
- Mais tu n'as pas encore commencé, mon ange.
- J'ai terminé, et je dois partir.
Elle tente d'atteindre la porte du salon, mais l'homme lui barre le passage.
- Où vas-tu donc ainsi ?
- Heu... rentrer...
- Rentrer où ?
Hakima sent un vertige la gagner. Cet homme la terrorise. Mais où est donc passée sa "maman" ? Elle lui avait promis de revenir rapidement et l'avait laissée dans la bibliothèque afin qu'elle choisisse les ouvrages dont elle avait besoin. Elle était sûrement sortie faire une course de dernière minute, avant de la raccompagner à l'orphelinat.
Elle lance un regard suppliant à l'homme qui s'implantait devant elle, un bras sur le cadre de la porte.
- S'il vous plaît. Je dois rentrer immédiatement chez moi. Je suis étudiante. Je prépare mes examens...
Elle sent le souffle de l'homme sur son cou.
- Ne t'inquiète donc pas. Je te raccompagnerai.
Il pousse un soupir.
- Que ne ferait-on pas pour une telle beauté !
Hakima tente de sortir du salon encore une fois, mais l'homme lui barre d'office le passage.
- Chut ! On se tient tranquille, ma petite. Je ne suis pas l'ogre mangeur d'enfants.

(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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