"Nous sommes en train d'étudier toutes les propositions et de réécrire ce qui doit l'être", a indiqué un membre de la commission dans une déclaration à Liberté. Après près de trois mois de débats, la commission de rédaction de la nouvelle mouture de la révision constitutionnelle se penche sur la correction et l'enrichissement de la copie qui a déjà été rendue publique. "Nous avons reçu près de 2 000 propositions", a indiqué une source de la présidence de la République. Ce sont autant de documents à lire et à trier pour "sortir avec une Constitution consensuelle", comme le souhaite Abdelmadjid Tebboune. Après des semaines de débats, parfois houleux, le sujet de la révision constitutionnelle est quasiment jeté aux oubliettes. En dehors des tables rondes organisées par la télévision gouvernementale et les quelques émissions radiophoniques, rien ne laissait croire, dès le début des consultations, que le pays était sur le point de connaître un événement politique important. Au sein de la classe politique, y compris parmi ceux qui ont accepté le processus électoral, on ne se bousculait pas au portillon des médias publics pour défendre la copie des autorités. À l'exception notable de Belkacem Sahli, le secrétaire général de l'ANR, qui a participé aux débats publics, les autres partis de l'ancienne alliance présidentielle se sont contentés de propositions écrites. Dans les faits, le vrai débat sur la révision constitutionnelle n'a pas vraiment eu lieu. Si Abdelmadjid Tebboune a mis cela sur le compte de la crise sanitaire actuelle, il n'en demeure pas moins que des pans entiers de la société et des acteurs politiques refusent de participer à une initiative qui ne vas pas dans le sens d'un changement radical du système. Que ce soit les acteurs du PAD, le Pacte pour une alternative démocratique, ou encore des personnalités issues de ce qui reste du Hirak populaire, ils ont refusé de participer aux débats estimant que seule "une Assemblée constituante" pouvait répondre aux aspirations des Algériens. Une option que rejette le pouvoir et d'autres acteurs politiques, y compris certaines figures de l'opposition. Malgré cela, le pouvoir maintient son calendrier. Initialement prévue pour la fin du mois de juin, la clôture des débats sur la révision constitutionnelle n'a jamais été décrétée. Mais il semble que la commission Laraba ne reçoit plus de documents. "Nous sommes en train d'étudier toutes les propositions et de réécrire ce qui doit l'être", a indiqué un membre de la commission dans une déclaration à Liberté. Mais ni les membres de la commission ni les services de la présidence de la République ne savent quand cela se terminera. "Nous n'avons pas de délai précis", a confirmé une source à la présidence de la République, contactée hier. Une fois le travail de rédaction achevé, les membres de la commission Laraba vont renvoyer la copie définitive à la présidence de la République. Après cela, Abdelmadjd Tebboune, qui va certainement trancher certains points litigieux, va fixer la date de la convocation du Congrès du Parlement pour l'adoption de la proposition des autorités. Cela interviendra très probablement vers le mois de septembre. Si rien ne vient contredire les projections des autorités, le référendum populaire sur la révision de la Constitution interviendra en octobre prochain, comme l'a promis Abdelmadjid Tebboune. Seul bémol : le mois d'octobre coïncidera cette année avec la rentrée scolaire et universitaire. Un événement qui s'ajoute à la crise sanitaire qui préoccupe déjà les Algériens. Ce qui n'encouragera pas les électeurs d'aller aux urnes. À cela s'ajoute un autre souci : le temps ne sera pas suffisant pour le débat. Le chef de l'Etat se donnera-t-il plus de temps, lui qui veut tout réformer avant la fin de l'année en cours ? Ali Boukhlef