Résumé : Le bonheur dans un couple n'est pas toujours aussi présent que dans les livres et les feuilletons à l'eau de rose. Hakima vient de le découvrir à ses dépens, alors qu'elle quittait la maison avec sa maman qui venait d'avoir une scène des plus houleuses avec son mari... Comme si elle lisait dans ses pensées, Nafissa tente de la détendre : -Allez, Hakima, ne sois pas triste. Nous trouverons bien une solution. Ce n'est pas la fin du monde. Elle accélère un peu plus pour dépasser un camion, puis reprend : -Tu vois, même sur une route normale on doit conduire prudemment pour arriver à bon port. Et toi, tu es déjà presque arrivée, Hakima. Dans quelques années, tu termineras tes études et tu feras enfin ta vie. Je serais alors heureuse et soulagée. -Je ne pourrais être heureuse sans ta présence auprès de moi, maman. Nafissa sourit tristement : -Hélas ! Mais enfin, sait-on jamais ? Je pourrais peut-être arranger ça. Si je réussis à gagner le procès de mon divorce, je pourrai bénéficier du partage des biens. -Et dans le cas contraire ? Nafissa garde un long silence avant de formuler : - Je n'ose même pas y penser. Mais dans ce cas-là, Mohamed aura le dessus, et je serai contrainte d'abandonner tous mes biens. -Que deviendras-tu ? -Heu... (Elle se tut un moment) Dieu y pourvoira. J'ai encore un peu d'argent dans mon compte, et la somme me suffira amplement à tenir durant quelques années. Hakima n'arrive pas encore à croire ce qui vient de leur arriver. Le matin même elle était heureuse et insouciante et se faisait une joie à l'idée de passer cette journée avec sa maman. Etranges sont les voies du destin. Hakima sent le chagrin la gagner. Un chagrin ancré dans les tréfonds de son âme. Elle sent le froid envelopper son cœur et un courant glacial pénétrer dans ses os. L'orphelinat... Et ensuite ? Hakima n'a pas le temps de réfléchir davantage. Elle sent le grincement des freins et, soudain, le choc. Les phares d'un véhicule l'aveuglent et soudain elle fut propulsée par le parebrise pour se retrouver sur le capot de la voiture qui venait de les percuter dans un grand fracas de verre et d'acier. Elle ne saura jamais ce qui s'est réellement passé. L'HÔPITAL Lorsqu'elle reprend connaissance, la jeune fille ne se rappelle de rien. Elle tente de se relever, mais une douleur aiguë l'en dissuade. Elle regarde autour d'elle et comprend qu'elle est dans une chambre d'hôpital. Un flacon de sérum est relié à son bras et ses deux jambes sont emplâtrées. Tout à coup, la mémoire lui revient. La nuit, la route, les phares, l'accident... Et... sa "maman". Sa "maman" ! Elle tente de se redresser, mais la douleur se réveille encore. Hakima pousse un long cri. Une infirmière accourt : -Calmez-vous... Calmez-vous. Le docteur passera dans un moment... -Maman... Maman... Je veux voir maman. Où est-elle donc ? -La dame qui était avec vous dans la voiture était votre mère ? Hakima hoche la tête : -Oui... Je veux la voir. Où est-elle ? L'infirmière la regarde d'un air qui en dit long sur ses pensées. -Je ne sais pas. Le docteur vous le dira. Quand j'ai pris mon service, il y a une heure, on ne m'avait signalé que votre admission. Hakima sent quelque chose se briser en elle. L'infirmière ment. Elle n'en a aucun doute. -Ne vous agitez pas.Vous allez vous faire mal. Je vais appeler le médecin de garde. Elle sort, et Hakima laisse ses larmes couler sur ses joues. Sa "maman" n'est plus de ce monde. Elle en est maintenant certaine. C'est ce qui explique le mauvais pressentiment qu'elle a ressenti dès qu'elle a repris connaissance. Le docteur, un jeune interne, vient s'asseoir à son chevet et lui prend la main : -Rendez grâce à Dieu que vous soyez encore en vie. On n'échappe pas aussi aisément d'un accident de route en pleine nuit. Hakima secoue la tête et lance dans un sanglot : -J'aurais aimé que ce soit le contraire qui se serait produit. - Quoi ? Vous auriez aimé trépasser ? - Oui, j'aurais donné ma vie pour que ma maman soit encore de ce monde. Ses larmes reprennent de plus belle. Le jeune interne la regarde un moment avant de dire : -Je comprends votre chagrin, mademoiselle. Mais, croyez-moi, rien ne vaut la vie. -Ma vie ne vaut plus rien, le coupe Hakima. Elle ne vaut plus rien sans la présence de ma maman. -Je comprends. Je comprends....
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