Résumé : Après une dispute houleuse avec son mari, Nafissa décide de quitter la maison. Mohamed tente de l'en empêcher. Hélas, le mal est fait ! Sa vie durant, Nafissa a eu à subir ses remontrances et ses sautes d'humeur, sans compter ses trahisons. Elle lui laisse la maison afin qu'il puisse jouir à satiété de ses nombreuses conquêtes. Confus, Mohamed tente de jouer la dernière carte. - Je suis désolé. Je ne pouvais pas contrôler mes nerfs. Tu sais bien que je travaille trop ces derniers temps. Ne pars pas, je t'en supplie. Nafissa le regarde bien en face. - J'ai déjà entendu cette litanie des centaines de fois. À chaque fois, c'est la même chose. Tu es toujours désolé et confus, mais tu retournes toujours à tes vices et à ta vie tapageuse. On dirait que tu as le diable au corps. Tu ne changeras jamais, Mohamed. On dit que l'habitude est une seconde nature. Dans ton cas, jamais dicton n'a été aussi juste. L'homme se prend la tête entre les mains. - Tu me quittes, Nafissa ? Tu me quittes à cause de cette... Nafissa l'interrompt. - Pas un mot de plus. Hakima est la fille que je n'ai pu avoir. Je vais la perdre à cause de toi. Mais sache une fois pour toutes qu'un jour tu paieras pour tout le mal que tu as fait. Tu as manipulé mes sentiments. Tu as trahi ma confiance et tu m'as fait rater ma vie. Plus jamais je ne voudrai te revoir. Hakima, qui l'attend sur le seuil de la porte d'entrée, se sent offusquée. - Je ne veux pas qu'un malentendu se produise à cause de moi et... Nafissa lui sourit. - Ne t'en fais donc pas, ma puce. Au contraire, c'est grâce à toi que j'ai aujourd'hui le courage d'affronter l'amère réalité de mon existence. Allez, viens, sortons. J'étouffe dans cette maison. - Va au diable, lui lance Mohamed d'une voix rageuse, alors qu'elle claquait la porte derrière elle. Il faisait presque nuit, et Nafissa conduisait d'une main experte sur l'autoroute. Hakima gardait le silence. Elle venait d'assister à une scène de ménage dont elle ignorait tout jusqu'à ce jour. C'était donc vrai ! Les couples mariés ne sont heureux que dans ses lectures et dans les films. Et dire que ses camarades de classe rêvent à qui mieux mieux devant les feuilletons à l'eau de rose, qu'elles commentent entre elles dès qu'elles en ont l'occasion. Elle jette un regard à sa "maman" et remarque la rougeur sur sa joue. Elle tend la main et se met à lui caresser les cheveux et le visage. - Je suis désolée, maman. Nafissa pousse un soupir. - Ce n'est rien, ma chérie. Ce mufle n'a eu que ce qu'il méritait. J'aurais dû passer à l'action depuis longtemps. - Où vas-tu te rendre maintenant ? - Oh ne t'en fais pas pour moi, Hakima. Je vais prendre une chambre d'hôtel pour quelques jours, et ensuite je verrai. Elle sourit et poursuit : - Ne t'en fais pas, je suis assez grande pour me débrouiller. Je suis plutôt inquiète pour toi. Je n'aimerais pas t'abandonner, alors que tu viens d'entamer tes études secondaires. Hakima sent les larmes ruisseler sur ses joues. - Tu tiens à moi à ce point ? - Bien plus que tu ne le crois, ma puce. Si cela ne dépendait que de moi, je t'aurais déjà retirée de l'orphelinat pour t'emmener vivre ailleurs. Mais tant que tu n'as pas encore atteint tes 18 ans, je ne pourrai rien faire. - Tu en as déjà beaucoup fait. Et beaucoup pour moi. Nafissa lui caresse les cheveux. - Ce n'est rien. J'espère que tu es consciente de la réalité des choses maintenant, et que tu as appris que seule la volonté, le courage et l'espérance, en dehors de tes études bien sûr, peuvent tracer un sillon au milieu d'un océan que le destin déchaîne à sa guise. Ma vie n'a été qu'une succession d'échecs parce que je n'ai jamais eu le courage de me révolter. Hakima garde le silence un moment. Elle est triste de voir sa "maman" si malheureuse. Cette femme remarquable l'avait aidée autant qu'elle le pouvait. Elle a toujours été à ses côtés et ne l'a jamais privée de quoi que ce soit. Jamais elle n'a éprouvé de la solitude ou un manque affectif auprès d'elle. Sa bienfaitrice ne lui a jamais fait sentir qu'elle est une enfant "différente". Bien au contraire. Elle a toujours fait en sorte de la défendre contre ceux qui voulaient la déstabiliser ou lui nuire. Elle pousse un soupir. Et maintenant, que va-t-elle devenir ?
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