Condamné deux fois pour corruption, l'homme d'affaires Ali Haddad risque d'être poursuivi dans une nouvelle affaire. Un média américain révèle que l'ancien président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) a engagé les services d'une société de lobbying américaine pour faire pression sur les autorités algériennes. Le parquet d'Alger ouvre une enquête et la défense du concerné dément. Jusqu'à la fin de la semaine dernière, l'information rapportée par un journal américain en ligne, qui ne fait pas autorité, était perçue plutôt comme un fait divers. Mais le parquet d'Alger, qui n'est pas prompt à réagir à toutes les informations paraissant dans les médias, a rendu public un communiqué. "Suite aux informations relayées par certains titres nationaux au sujet d'un contrat conclu par des représentants du prévenu Haddad Ali avec une société américaine d'un montant de 10 millions de dollars, et en application des dispositions de l'article 11 du code de procédure pénale, le parquet général près la Cour d'Alger informe l'opinion publique de l'ouverture d'une enquête préliminaire sur cette affaire pour déterminer les circonstances de conclusion de ce marché et en définir le véritable objectif", indique le document qui semble plutôt donner du crédit à l'information. Dans les faits, le journal américain Foreign Lobby rapportait la semaine dernière que l'homme d'affaires, condamné à 8 ans de prison ferme dans des affaires de corruption, a signé, le 26 juillet dernier, un contrat d'un montant de dix millions de dollars avec Sonoran Policy Group, une firme de lobbying fondée par Robert Stryk, qui a occupé le poste de conseiller du président américain Donald Trump lors de sa campagne présidentielle en 2016. Ce contrat porte sur la fourniture des "services de conseil aux entreprises et aux particuliers" ainsi que "d'autres services sur une base convenue", selon Foreign Lobby. Etant en prison, Ali Haddad a dû compter sur une dame pour signer, à Paris, un contrat en son nom. Le média américain évoque une certaine Sabrina Ben, "principale conseillère" d'Ali Haddad comme étant celle qui a apposé sa signature au bas du contrat. Il s'agit pour la justice, désormais, de savoir comment la liaison est établie entre le détenu, qui croupit à la prison d'El-Harrach, et sa "conseillère" qui se trouve à Paris. Les autorités sont d'autant plus inquiètes que les Américains évoquent une volonté de l'homme d'affaires de faire pression sur les autorités algériennes en utilisant les liens de l'influenceur américain avec les autorités de son pays. "Je soupçonne que, parce que le nouveau régime algérien est relativement faible, et parce qu'ils vont à un moment donné chercher à s'attirer les faveurs des Etats-Unis, l'objectif d'Ali Haddad serait de s'attirer les faveurs des Américains les plus puissants afin que (son) sort soit inclus dans la conversation avec l'Algérie sur la suite des événements", explique William Lawrence, un ancien diplomate américain, cité par le même média. "Si les procès sont vus comme équitables, il n'y aura même pas de discussion. Mais si les procès sont considérés comme inéquitables, avec une opération de nettoyage sans vrai nettoyage, alors une réévaluation de l'affaire Haddad ferait partie de ce processus. Et je pense que c'est ce que (Haddad) espère", a ajouté M. Lawrence. Du côté de la défense d'Ali Haddad, on préfère minimiser l'affaire. Interrogé, Khaled Bourayou plaide l'ignorance de l'affaire. "Je ne pense pas" qu'Ali Haddad ait fait cette démarche, a répondu l'avocat. "À mon avis, l'information n'est pas vraie surtout qu'elle n'a pas été rapportée par des médias américains sérieux", a-t-il simplement commenté.