Le gouvernement aspire à replacer l'économie nationale sur la voie de la croissance dans des délais les plus courts possibles. La conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle dont les travaux se sont achevés hier au Centre international des conférences (CIC) a été l'occasion pour les participants d'établir une évaluation approfondie du secteur économique dans notre pays. À vrai dire le constat est connu de tous. Il demeure toujours peu reluisant. Le Premier ministre a eu à le réaffirmer hier à la clôture de la rencontre. "Notre économie nationale souffre de dysfonctionnements structurels multiples. Elle est caractérisée par une dépendance sempiternelle aux hydrocarbures avec des importations de plus en plus coûteuses pour le pays", constate d'emblée Abdelaziz Djerad, dans son allocution. À partir de ce bilan, présenté par les animateurs des différents ateliers programmés en marge de cette réunion qui a regroupé les membres de l'Exécutif, le patronat et le partenaire social ainsi que les experts, une feuille de route qui définira les politiques économique et sociale, sera élaborée dans le but de mettre en œuvre la "nouvelle économie" de l'Algérie. Le plan de relance économique tracé par le gouvernement vise en premier lieu la diversification de l'économie en redynamisant le secteur de l'industrie à travers l'encouragement de l'investissement productif et les industries de transformation. Tous les avantages, les mesures incitatives et autres facilitations accordés aux opérateurs dans les divers domaines industriels, au détriment du Trésor public, n'ont pas eu les résultats escomptés. Preuve en est que la contribution de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB) reste encore faible puisqu'elle ne dépasse pas les 5%. D'où l'impératif de créer en urgence un climat des affaires sain, transparent et favorable à l'investissement et à l'entrepreneuriat. Le mode de gouvernance doit être revu au sein des administrations et autres institutions publiques. Il y a lieu d'étoffer aussi le tissu des PME/PMI et l'assainissement du foncier industriel. Les participants aux ateliers recommandent également la levée de toutes les lourdeurs bureaucratiques entravant la réalisation des projets d'investissement. Le Premier ministre a, dans ce sens, annoncé la redynamisation de la cellule d'accompagnement et de suivi des investisseurs et les détenteurs de projets au niveau de chaque wilaya, présidée par le wali en personne, dans le but de lever les contraintes qui bloquent la concrétisation de ces projets. À commencer par la réduction des délais impartis pour l'étude des dossiers de projets, l'octroi des différentes autorisations et l'assistance des opérateurs à l'export, la mise en place de systèmes de numérisation à tous les niveaux et les infrastructures de base logistiques, une meilleure exploitation des ressources naturelles surtout les capacités minières. La conférence vise en outre la substitution des produits importés par d'autres fabriqués localement afin de préserver davantage les réserves de change. La règle 49/51% sera, quant à elle, révisée et ne sera appliquée que pour les secteurs stratégiques, tandis que le droit de préemption sera annulé et remplacé par la dérogation préalable du gouvernement. L'obligation de recourir au financement local pour les investissements étrangers et le système préférentiel de l'importation des kits SKD/CKD seront aussi annulés. Le plan de relance que compte mettre en œuvre le gouvernement doit faire valoir le caractère social des politiques préconisées par l'Etat, la protection du pouvoir d'achat du citoyen en particulier les couches les plus défavorisées. Le caractère social évoqué Dans le secteur énergétique, les participants ont souligné l'importance de la transition énergétique fondée sur le développement des énergies renouvelables et l'émergence de l'économie et de l'efficacité énergétique à travers la digitalisation des systèmes énergétiques nationaux. Les ressources énergétiques doivent aussi soutenir deux secteurs principaux à savoir l'agriculture et l'industrie de manière générale. Il est souhaité aussi la création d'un nouveau modèle de consommation basé sur un mix énergétique adapté aux ressources disponibles. Par ailleurs, le Premier ministre a évoqué dans son intervention l'opportunité de mettre en place un mécanisme permettant aux investisseurs le rachat à l'international d'unités de production industrielle qui sont à l'arrêt à cause de la crise sanitaire à même de faire face à la demande de ce type d'équipements en Algérie. Au chapitre du financement du développement, les experts ont indiqué que la réforme financière qu'exige la nouvelle économie peut commencer d'ores et déjà par le retrait progressif de l'Etat du marché des crédits. Ces réformes doivent être séquencées et conduites par une autorité de régulation et de contrôle convaincue avec une vision claire. Les banques sont appelées à dépasser le cadre strict de caisses de collectes des épargnes et à accorder plus de crédits à l'investissement productif. Les gestionnaires des banques doivent être capables de prendre plus de risques dans les opérations de crédit. La politique des changes doit être revue au profit des exportateurs pour que ces derniers puissent décrocher des parts de marché à l'international. La dépense publique qui continuera à être le moteur de la croissance encore pour quelques années à venir, il est de ce fait question, relèvent les participants, de rationaliser aux maximum ces ressources. "Ces décisions seront exécutées de manière urgente et sans plus tarder avant la fin de l'année en cours", tient à préciser M. Djerad. Pour le Premier ministre le plan de relance devra être mis en œuvre conformément à un calendrier fixé par le président de la République et qui s'étend sur le très court terme (fin 2020), le court terme (fin 2021) et le moyen terme (fin 2024).