Un couple d'émigrés kabyle s'apprête à recevoir des invités à Paris. Bizarrement, le couple d'invités n'arrive pas, suscitant inquiétude et questionnement chez les hôtes parisiens. Spontanément, une dispute s'enclenche chez ces derniers. Etalant leur vision du monde diamétralement opposée, l'homme et sa femme divergent sur les hypothèses de cette absence. La polémique enfle et révèle des quiproquos absurdes, y compris sur leur vie intime, au point de remettre en cause les fondements de leur propre couple. Akkin i tsusmi (au-delà du silence) du metteur en scène Hace Mass met à nu les travers de la société. Empruntant beaucoup au théâtre médiéval, la nouvelle pièce dont la générale est prévue le 11 octobre à Paris nous réconcilie avec le 4e art. L'auteur est quelqu'un qui a bourlingué depuis le temps. Hace Mass s'est accompli à Montréal où il a affiné les techniques théâtrales. Il a eu l'occasion durant son séjour qui aura duré de 2008 à 2015 d'écumer les planches montréalaises. Durant son expérience canadienne, il a participé au travail de deux troupes théâtrales. Le théâtre de l'Aube, avec Margot Monette avec la pièce L'ahurissant vertige de M. Maelstrom, et La Comédia sous la direction de Serge Dunajewsky, avec qui il a joué dans la pièce La brune que voilà, du dramaturge québécois Robert Lamoureux. Comédien, metteur en scène, dramaturge et poète, Hace Mass, qui écrit dans les deux langues, tamazight et français, a également adapté nombre de chefs-d'œuvre universels. Des adaptations faites à la manière de Mohia. Il a ainsi adapté des œuvres d'Emile Zola, Garcia Marquez, Jack London, Léo Ferré, Mahmoud Darwich, Khalil Gibran, Oscar Wild, Graeme Allwright, Jacques Brel, Félix Leclerc, Esope, Confucius, etc. Lui qui est monté sur scène à l'âge de 13 ans au village s'est projeté très vite dans l'univers du 4e art, en se mettant sur les traces du dramaturge Mohia, de nom d'artiste Muhend u Yahia. L'expérience théâtrale sera affinée à la fac au contact d'autres artistes qui se faisaient inviter dans les cités U à Tizi Ouzou. Et c'est naturellement que Hace Mass a intégré la troupe universitaire de la cité d'Oued Aïssi, à l'époque véritable bouillon de culture. En participant au Festival national universitaire, Hace Mass a vu son travail couronné de distinctions pour ses textes et son rôle sur scène. Son passage en France a été plutôt un passage à vide, selon son propre aveu. "L'expérience en France fut un désert, vu le manque de comédiens d'expression kabyle", déplore-t-il. C'est cette période qu'il a mise à profit pour la lecture et l'écriture pour explorer les univers théâtraux des autres cultures. "Je voulais explorer d'autres techniques méconnues pour améliorer la manière de présenter les textes dans la langue maternelle", explique le comédien qui a à son actif deux publications, Les rides du temps (poésie) et La douceur de l'amertume (théâtre). Akkin i tsusmi sera jouée en duo avec la comédienne Samia Izli. Après la générale, la troupe Tinifsan sera en tournée à Lyon, Montréal, Béjaïa et d'autres villes qui restent à confirmer.