Dans une allocution prononcée lundi par vidéo-conférence lors de la rencontre des pays ayant assisté à la réunion de Berlin portant sur le conflit libyen, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a exhorté les Nations unies à "hâter" la désignation d'un nouvel envoyé spécial dans ce pays. Le poste est resté vacant depuis la démission "pour des raisons de santé" du Libanais Ghassan Salamé en mars dernier. Au début de l'été, le nom de Ramtane Lamamra avait été évoqué, mais sa nomination s'est heurtée au refus de certaines puissances. Outre l'absence d'un envoyé spécial de l'ONU, le conflit libyen est toujours marqué par la présence d'armes provenant de plusieurs puissances étrangères à destination des belligérants. L'embargo sur les armes, décrété en avril par la Conférence de Berlin, n'est toujours pas appliqué. "J'appelle le Conseil de sécurité à veiller à ce que sa propre décision liée à l'embargo sur les armes, tel qu'énoncé dans les conclusions de Berlin, soit pleinement respectée. Soutenir le processus dirigé par l'ONU signifie, au préalable, respecter l'embargo sur les armes et ne pas envoyer de mercenaires (en Libye)", a déclaré Sabri Boukadoum dans son intervention. "Nous avons maintenant besoin d'une action du Conseil et des membres de Berlin et nous avons besoin de résultats rapidement. L'Algérie et les pays voisins de la Libye ne peuvent pas se permettre une crise persistante", a-t-il encore souligné, avant d'ajouter : "Nous devons le succès et la paix au peuple libyen. Nous devons relancer le processus politique. C'est notre responsabilité. L'Algérie entend y adhérer pleinement." La tenue de cette conférence, tout comme celle de Berlin, n'a pas réglé le conflit en Libye. Les discussions qui ont eu lieu au Maroc, puis à Genève, non plus. C'est pour cela que tout en saluant "le cessez-le-feu" en vigueur dans le pays, le chef de la diplomatie algérienne dit continuer à demander "la reprise rapide du dialogue politique inclusif". "(...) Nous appelons tous les frères libyens à s'engager dans ce dialogue. Faire la paix entre tous les Libyens n'est pas un objectif impossible. Il est grand temps de démontrer que l'intérêt suprême de la Libye prévaut sur toute autre considération", a encore indiqué Sabri Boukadoum. Face à la persistance de la crise et à l'immixtion de parties étrangères dans ce conflit, le ministre algérien a fait montre d'agacement. Il a notamment critiqué les "initiatives contradictoires" prises par des pays qu'il n'a pas nommés. Boukadoum fait sans doute référence aux envois d'armes qui continuent vers la Libye. "Il est (...) évident que nous ne pouvons pas soutenir un conflit persistant, avec de multiples initiatives contradictoires qui alimentent le conflit plutôt que de le résoudre et qui ne s'inscrivent pas dans le cadre du processus de Berlin et des principes convenus à la Conférence de Berlin", a-t-il déclaré. Il ajoutera que "les Libyens doivent résoudre leurs problèmes par le biais de bulletins de vote et non par des balles".