Le scandale provoqué par l'attitude humiliante du wali d'Oran à l'égard de Mme Sidia Merabet, institutrice de l'école primaire Benzerdjeb, au premier jour de la rentrée scolaire, a suscité de nombreuses réactions aussi bien dans le gouvernement qu'au sein de la famille de l'Education nationale et parmi les gens de la presse locale. Ainsi, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, s'est clairement démarqué de Messaoud Djari en dénonçant, dans un tweet publié jeudi 22 octobre sur son compte, le comportement du fonctionnaire de l'Etat. "Je refuse catégoriquement l'humiliation d'un enseignant qui défend l'avenir de nos enfants. Je remercie l'enseignante Mme Sidia Merabet de l'école Benzerdjeb d'Oran qui a démasqué les vieilles pratiques", a écrit M. Djerad en annonçant dans la foulée le remplacement prochain du vieux mobilier scolaire à travers l'ensemble du pays. Un désaveu clair à l'endroit du wali d'Oran, que le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a partagé, quasiment dans les mêmes termes, un peu plus tard dans la journée devant la Commission des finances et du budget à l'APN. Selon une dépêche de l'APS, le ministre a exprimé son "rejet catégorique de toute offense à la personne de l'enseignant qui défend l'avenir de nos enfants", invitant les responsables à éviter ce type de pratique. "J'avais évoqué ce sujet avec l'ensemble des responsables relevant des collectivités locales, leur rappelant que les sorties sur le terrain avaient pour objectif d'inspecter et de prendre des décisions pour un changement positif. C'est pourquoi, je souhaite que ces pratiques soient abolies", a-t-il notamment déclaré en soulignant que le changement des tables à travers l'ensemble des écoles primaires du pays se fera progressivement compte tenu du nombre important des établissements qui dépasse les 19 000. Ainsi désapprouvé par sa hiérarchie et devant l'énorme tollé provoqué par son attitude, le wali d'Oran a dû recevoir Mme Merabet, au siège de la wilaya, dans la même journée du jeudi 22 octobre. On ignore les détails de l'entrevue et si le fonctionnaire s'est excusé de sa conduite, mais l'enseignante a déclaré, dans une interview réalisée opportunément par l'APS, que le chef de l'exécutif s'était engagé à "prendre des mesures fermes contre le membre du protocole qui m'a dit : ‘Taisez-vous'" et à se pencher sur la situation des enseignants et leurs problèmes. Les Oranais, qui ne digèrent toujours pas le dérapage du wali, ont bien perçu le désaveu officiel rappelant, toutefois, que la vétusté du mobilier scolaire, les difficultés financières des écoles et les nombreux manques auxquels enseignants et élèves sont confrontés sont de notoriété publique et ne datent pas d'aujourd'hui. Ils n'en ont pas moins estimé que la sortie médiatisée de la courageuses Mme Merabet a eu le mérite "d'avoir mis à nu la nature de certains gestionnaires" et ouvert la voie à la rénovation du mobilier scolaire (des tables neuves ont déjà été réceptionnées par l'école Benzerdjeb, nldr).