Le changement de présidence aux Etats-Unis pourrait avoir de nombreuses conséquences à court, moyen et long termes pour le marché pétrolier, indique l'IFP Energies Nouvelles (Ifpen) dans son "tableau de bord" sur les marchés pétrolier publié hier. Ainsi, relève l'institut de recherche français, "la levée des sanctions vis-à-vis de l'Iran, à un horizon incertain à ce jour, fait partie des sujets susceptibles d'avoir un impact important pour le marché pétrolier". Selon l'Ifpen, l'Iran ne produit plus que 3 millions de barils par jour contre 4,9 millions de barils par jour mi-2018. "Joe Biden a indiqué vouloir réintégrer l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 si les Iraniens le respectent à leur tour. Plusieurs sources font, par ailleurs, état de la mise en œuvre de nouvelles sanctions avant le 20 janvier pour compromettre ou au moins hypothéquer la levée des sanctions", indique l'institut de recherche français. L'autre sujet concerne les impacts pour la production pétrolière et gazière. "L'enjeu n'est pas de savoir s'il y aura une transition écologique, elle sera engagée, mais quel sera son rythme ?", précise l'Ifpen. Ce dernier rappelle que "Joe Biden s'est engagé à cesser de proposer de nouveaux permis pour le développement pétrolier et gazier sur les zones publiques. Il a également promis qu'il sortirait le pays du pétrole et du gaz naturel en favorisant les énergies renouvelables". Sur le sujet de la fracturation hydraulique utilisée pour produire les huiles et le gaz de schiste, les déclarations du futur président des Etats-Unis ont évolué au fil du temps. Lors d'un débat récent, il a, toutefois, affirmé qu'il "n'a jamais dit qu'il s'opposait à la fracturation hydraulique". Selon l'Ifpen, les enjeux sont, évidemment, extrêmement importants sur les plans sociaux, économiques, climatiques et stratégiques. Le secteur du pétrole et du gaz (hors chimie) emploie, aux Etats-Unis, 500 000 personnes dont 220 000 dans les services. "Par ailleurs, l'importance de la production permet de maintenir des prix relativement faibles du pétrole, mais aussi du gaz naturel réduisant le poids du charbon et favorisant le raffinage et l'industrie pétrochimique nationale", explique l'institut de recherche français. Ce dernier évoque, par ailleurs, une volatilité du prix du Brent en raison des incertitudes et des risques économiques. "Après la baisse des prix constatée il y a quinze jours, le prix spot du Brent s'est redressé dans un premier temps la semaine passée, se rapprochant des 40 dollars le baril sous l'effet en particulier de la baisse des stocks américains de pétrole. Il est retombé ensuite vers les 38 dollars le baril en fin de semaine", constate l'Ifpen. Cette progression du prix du pétrole corrige, affirme-t-il, le repli important des marchés observé, il y a quinze jours, en raison des incertitudes prévalant avant l'élection américaine. Cette tendance positive a, néanmoins, connu une pause en fin de semaine, en raison de l'annonce par la commission européenne de prévisions économiques peu favorables pour la zone Euro, affirme l'institut de recherche français. Pour ce dernier, la détermination de l'Opep+ à équilibrer le marché sera décisive pour le maintien du prix du pétrole au niveau de 40 dollars le baril, un niveau néanmoins relativement faible si l'on examine l'impact sur les revenus des pays de l'Opep. "La détermination de l'Opep+ se précise chaque semaine un peu plus avec des déclarations régulières concernant le report de la hausse de la production prévue début janvier (+1,9 million de barils par jour)", relève l'Ifpen. Il rappelle que l'Algérie, qui occupe cette année la présidence de l'Opep, a déclaré que l'Arabie saoudite et la Russie faisaient pression sur les autres pays pour prolonger les réductions actuelles. L'Algérie soutient cette proposition qui permettrait de compenser la progression de l'offre de la Libye. La production de ce pays a atteint 1 million de barils par jour début novembre, se rapprochant des plus hauts constatés depuis 2013.