Compte tenu des incertitudes persistantes sur les perspectives économiques mondiales, liées en grande partie à la propagation du coronavirus dans le monde, l'Opep+ reste prudente dans ses décisions d'ajustement de l'offre pétrolière. À la faveur de la dernière réunion de ses membres, elle a en effet décidé d'augmenter la production de manière graduelle afin d'éviter de déséquilibrer encore plus un marché déjà fragile. Il s'agit là d'une attitude "pragmatique" et "adaptée" à une situation "incertaine" des marchés, juge l'Institut français du pétrole (IFP) dans sa dernière note d'analyse. L'Opep n'a relevé l'offre de pétrole que de 500 000 barils par jour, selon l'accord conclu au forceps au terme de sa dernière réunion. L'accord prévoit donc une hausse de la production de 0,5 million de barils par jour en janvier prochain, ce qui fera passer la baisse (prévue dans le cadre de l'accord de limitation de la production), par rapport à octobre 2018, de 7,7 millions de barils par jour à 7,2 millions de barils par jour au lieu des 5,8 millions de barils par jour envisagés. Des réunions ministérielles mensuelles de l'Opep+ sont prévues pour proposer d'éventuels ajustements à la hausse, à hauteur de 0,5 million de barils par jour au maximum par mois, en fonction du contexte. L'IFP estime que cet accord est bon dans la mesure où il est "favorable, à court terme, aux producteurs et, sur le long terme, aux consommateurs". L'institut français ajoute que le "soutien probable des prix est à l'évidence bénéfique pour renforcer les revenus des producteurs". L'accord permet, par ailleurs, d'envisager "une relance progressive des investissements en exploration/production, seule façon d'assurer l'équilibre futur du marché et d'éviter à terme une possible crise pétrolière néfaste d'un point de vue économique", souligne la note d'analyse. Enfin, poursuit le document, en "freinant" la consommation et en "favorisant" les alternatives au pétrole, la hausse des prix (si elle est durable) est également favorable à la transition écologique. L'IFP met, par ailleurs, en exergue l'éventualité d'un retour de l'Iran au sein de la communauté internationale et sur la scène énergétique, citant un entretien de Joe Biden au New York Times où il dit que "si l'Iran revient au strict respect de l'accord nucléaire, les Etats-Unis rejoindront l'accord comme point de départ pour des négociations de suivi et lèveront les sanctions contre l'Iran imposées par Trump". La levée à terme de l'embargo pétrolier, rétabli en 2018, est bien sûr en jeu. Outre le dossier du nucléaire iranien et la crise sanitaire, l'IFP met en lumière l'évolution des réserves américaines de pétrole brut. Ces dernières ont reculé de "0,7 million de barils par jour la semaine passée, soit un peu moins que prévu", selon l'IFP. L'institut français relève que "si la production se maintient autour de 11 millions de barils par jour, le niveau d'activité dans le secteur pétrolier aux Etats-Unis poursuit en revanche sa progression sous l'effet de la fermeté des prix du pétrole".