L'ouverture de la session parlementaire ordinaire 2025-2026 reportée à après le 10 septembre    Sifi Ghrieb préside une réunion de travail consacrée à l'organisation de foires et de points de vente des fournitures scolaires    Basket / Championnat arabe féminin des clubs : l'Algérie représentée par l'équipe Cosider en Arabie saoudite    Blida: extinction de l'incendie de Chréa    Recherche scientifique : Baddari supervise le lancement d'un projet de fabrication d'un moteur à hydrogène vert    Volley/Championnat d'Afrique U16: l'Algérie qualifiée au prochain mondial    Agression sioniste contre Ghaza: le bilan s'alourdit à 63.459 martyrs    Canicule sur plusieurs wilayas du Nord dimanche et lundi    Palestine: des dizaines de colons sionistes envahissent la Mosquée d'Al-Aqsa    Refus de visas à des responsables palestiniens: l'UE presse Washington de "reconsidérer" sa décision    Le ministère de la Santé dénonce la diffusion d'une vidéo portant atteinte à la dignité des morts et promet des poursuites judiciaires contre son auteure    Ouverture à Alger, du 7e Festival Culturel National du Costume Traditionnel    Organiser la plus grande édition de l'IATF    Le Sénégal prend la 3e place    Décès d'Issaâd Dohmar : Le président de la FIFA rend hommage à l'ancien président de la FAF    Les clubs font leurs pas dans la nouvelle saison    « Plusieurs comportements quotidiens sont à l'origine du gaspillage d'importantes quantités d'eau »    L'Algérie préside une réunion sur le renforcement des consultations entre le CPS de l'UA et le Groupe africain A3+    Un nouveau chapitre pour le Liban et le Moyen-Orient    Extinction de l'incendie de forêt à Béjaïa    Un corps repêché sans vie de la plage de Guettar-Ouest    Saisie de comprimés psychotropes, de cocaïne et d'armes blanches    Hidaoui rencontre le président du Forum de la jeunesse de l'OCI    Lancement du Festival culturel et artistique « L'été de Mascara »    « Rompez avec Israël face au génocide à Ghaza »    Les restes des primates Lucy et Selam exposés à Prague    Foot / Ligue 1 Mobilis : l'USM Khenchela l'emporte (2-1) à Chlef et s'empare seul de la 3e place    Décès de l'ancien membre du CN Pr Rachid Bougherbal : Nasri présente ses condoléances    Début à Alger des travaux de l'université d'été des associations à caractère culturel    La Turquie rompt ses relations commerciales avec l'entité sioniste et ferme son espace aérien à ses avions    De simples gestes pour la préservation de cette ressource précieuse    Saïd Chanegriha reçoit en audience le Chef d'Etat-major des Forces terrestres indiennes    Le président de la République met fin aux fonctions de Nadir Larbaoui et nomme Sifi Ghrieb Premier ministre par intérim    Sommet mondial de la jeunesse 2025: Hidaoui rencontre le président du Forum de la jeunesse de l'OCI    Programme du mercredi 27 août 2025    Le président de la République met fin aux fonctions de Nadir Larbaoui et nomme Sifi Ghrieb Premier ministre par intérim    Guelma: la pièce "un élève studieux en vacances" ouvre le festival des loisirs et du divertissement    La Fifa organise un séminaire à Alger    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



"WASHINGTON EST TENU PAR LES RESOLUTIONS DE L'ONU"
Entretien
Publié dans Liberté le 23 - 12 - 2020


KADER ABDERRAHIM
MAÎTRE DE CONFERENCES À SCIENCES PO. PARIS
Spécialiste du Maghreb, Kader Abderrahim estime dans cet entretien qu'il serait difficile pour le nouveau président américain Joe Biden de revenir sur la décision prise par Donald Trump à propos de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Liberté : La normalisation des relations entre le Maroc et Israël explique-t-elle, à elle seule, la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental ?
Kader Abderrahim : Pas uniquement ça. C'est comme tout en politique, c'est donnant donnant. Ce à quoi nous avons assisté, c'est un troc pratiqué depuis des temps immémoriaux. Et malheureusement, les principes, la morale et les valeurs n'ont absolument pas leur place dans les relations internationales. Et on l'a vu encore une fois avec Donald Trump.
Par ailleurs, c'est vrai qu'il y avait un intérêt pour Trump, je crois, c'était d'abord de faire en sorte que cette décision à la fois américaine de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, mais aussi la décision marocaine de normaliser ses relations avec Israël, ou plutôt de reprendre les relations diplomatiques avec Israël.
Donc, la volonté du président américain, c'est de faire en sorte que son successeur Joe Biden, qui arrive dans moins d'un mois à la Maison-Blanche (20 janvier 2021, ndlr), ne puisse pas revenir sur cette décision. Ça, c'est en théorie.
En pratique, le nouveau locataire de la Maison-Blanche peut parfaitement dire non, qu'on ne peut pas accepter que la parole des Etats-Unis soit ainsi balayée, parce qu'il y a le droit international que les Etats-Unis, comme tous les pays membres de l'ONU, ont accepté d'adopter et de signer la Charte des Nations unies en 1949.
Joe Biden a parfaitement la possibilité politique de dire : "Non, c'est un territoire contesté, donc nous revenons aux Nations unies et les Etats-Unis ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental." Ça, je le redis, c'est en théorie. Mais dans la pratique, je crois qu'il est difficile pour M. Biden de revenir sur une telle décision.
Au risque de gêner Israël, Joe Biden va-t-il ignorer la décision de son prédécesseur ou l'annuler ?
Comme je l'ai dit précédemment, je ne pense pas que Biden va l'ignorer, et certainement pas l'annuler. Cela me paraît difficile. Sur le plan diplomatique et politique, ça paraît très compliqué pour Joe Biden de revenir sur cette décision. Et c'est aussi la raison pour laquelle Donald Trump l'a fait rapidement.
On l'a vu, à peine la normalisation des relations israélo-marocaines annoncée, le chef d'Etat américain a signé un décret présidentiel reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. La réaction des Etats-Unis a été immédiate. Donc, ça me paraît extrêmement difficile d'imaginer Biden faire marche arrière sur ce choix, sauf à discréditer totalement la parole des Etats-Unis.
Donc, quel autre choix aura Joe Biden, une fois investi ?
C'est difficile à dire. D'abord, il faut rappeler qu'historiquement, le Maroc est le premier pays à reconnaître l'indépendance des Etats-Unis, bien avant la France, l'Espagne. Cela marque l'Histoire. Deuxièmement, les relations entre les deux pays sont importantes depuis très longtemps. Elles sont très denses, notamment sur le plan militaire et sécuritaire évidemment, mais également sur les plans diplomatique, culturel, il y a un échange constant entre les deux pays.
Et puis, le Maroc a une position stratégique importante.Situé à une encablure de l'Europe, il contrôle la rive sud de la sortie du détroit de Gibraltar. Il a cette double façade sur l'Atlantique et la Méditerranée. C'est un pays à la fois important, parce qu'il est situé au Maghreb, mais également c'est un pays qui joue un rôle important en Afrique. Il a une profondeur stratégique qu'on ne peut pas lui dénier.
Ce n'est donc pas dans l'intérêt de Biden de se fâcher avec le Maroc. Mais il est probable que le nouveau président américain doive prendre une initiative vis-à-vis des Palestiniens pour leur montrer que les Etats-Unis sont présents et reconnaissent leur droit à un Etat de Palestine. Je ne sais pas comment et quelle décision prendra-t-il, mais il essaiera de calmer l'opinion publique arabe pour que les peuples arabes ne soient pas totalement hostiles envers les Etats-Unis.
Et par rapport aux Sahraouis ?
Donc, que reste-t-il aux Sahraouis ? Soit l'intégration dans le royaume du Maroc, avec le statut proposé par le roi d'une très grande autonomie. Soit poursuivre la bataille diplomatique et politique à l'ONU, en essayant de trouver de nouveaux alliés, soit poursuivre cette guérilla diplomatique et politique pour avoir une reconnaissance.
La décision américaine est-elle un choix personnel de Donald Trump ou s'agit-il d'un changement de cap de la politique étrangère des Etats-Unis concernant le dossier sahraoui ?
Les deux, je dirais. Parce qu'il est vrai que c'est un engagement personnel de Donald Trump sur lequel il a beaucoup misé, et son gendre Jared Kushner, qui a obtenu cet accord, a aussi beaucoup pesé. De toute manière, c'est une modification de la diplomatie et de la perspective diplomatique des Etats-Unis. On savait que Donald Trump était un personnage assez fantasque, pas très lisible et pas très fiable.
Mais quand même, aucun chef d'Etat n'était allé aussi loin, en reniant la parole des Etats-Unis qui, encore une fois, je le rappelle, sont signataires de la Charte de l'ONU. Donc, Washington est également tenu par les résolutions de l'ONU. Là, il y a eu une rupture. Dans cet affolement que connaît le monde aujourd'hui et dans cette accélération stratégique, évidemment il faut tenir compte de cette nouvelle embardée diplomatique de la part des Etats-Unis.
Quels risques représente cette décision américaine sur la région de l'Afrique du Nord, notamment sur le plan sécuritaire ?
Sur le plan sécuritaire, franchement, je crois que cela ne changera rien. La reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara lui permet d'étendre son influence sur ce territoire. Parce que là il y a 140 000 m2 qui reviennent dans l'escarcelle du Maroc, même si dans les faits c'était déjà le cas. Deuxièmement, je crois que cela ne changera pas grand-chose, mais une question se pose : quelle sera la réaction de l'Algérie, parce qu'on l'attend toujours ?
On n'a pas entendu les membres du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères et le président s'exprimer sur ce sujet. Quelle est la volonté de l'Algérie sur cette question du Sahara ? Evidemment, je connais la réponse : c'est l'ONU. Mais bon, et au-delà de cela ? Et puis, l'autre question qui me paraît beaucoup plus importante pour l'avenir, non pas seulement de l'Algérie et du Sahara, mais de toute la région du Maghreb, c'est l'intégration régionale.
C'est enfin de se mettre d'accord autour d'une table, de négocier sur une véritable intégration de l'UMA (Union du Maghreb arabe), pour que cela devienne une réalité. C'est le seul moyen que nous avons pour faire face à la mondialisation et aux menaces multiples qui touchent aujourd'hui le Maghreb.
Je ne parle pas uniquement du terrorisme, mais aussi de l'économie. Je parle aussi des questions de sécurité, de contrebande d'armes et autres, et de la question de l'immigration. Il faut impérativement imaginer que l'Afrique de l'Ouest a réussi son intégration économique avec la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest).
Le Maghreb, c'est naturel. Si demain quelqu'un ouvre cette porte, tout le monde va s'y engouffrer, sans aucune difficulté : la même langue, la même pratique culturelle, la même religion, la même géographie, une histoire commune. Il n'y a que des avantages et que des atouts, pour être plus forts face à la mondialisation et à leurs concurrents en Europe.
Et concernant les relations algéro-américaines, quel sera leur avenir ?
Je pense que tout le monde attend le 21 janvier, après l'entrée en fonction de Joe Biden. Donc, on verra ce qui se passera. Encore une fois, les Américains sont comme tout le monde. Ils constatent l'absence de l'Algérie sur la scène régionale, l'Algérie qui se retrouve à la fois affaiblie, pas seulement en raison de l'absence du chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, mais également en l'absence d'un véritable projet politique et diplomatique, car on ne sait plus ce que veut l'Algérie.
Alors, oui, sur le plan militaire et sécuritaire, la coopération et la collaboration entre l'Algérie et les Etats-Unis vont se poursuivre. Mais dans le fond, une question qui est importante : est-ce que l'Algérie est aussi importante aujourd'hui qu'elle l'était il y a encore dix ans, en 2011 ? Je ne sais pas. Il faut voir, observer l'évolution qu'il va y avoir dans les mois et les années qui viennent, à très court terme, pour éventuellement faire un commentaire là-dessus ou en tirer une analyse.

Réalisé par : LYÈS MENACER


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.