Le tribunal correctionnel de Béjaïa a reporté, hier, au 29 mars prochain, le procès des cinq cadres de la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la même wilaya, poursuivis pour "dilapidation de deniers publics" et "abus de fonction". En effet, sur demande des avocats de la défense, le juge près le tribunal de première instance de la ville des Hammadites a décidé le report de cette scandaleuse affaire qui ne manquera pas d'ébranler le secteur de la jeunesse et des sports à Béjaïa. Près d'une dizaine de témoins, composés essentiellement de fonctionnaires du même secteur, ont été appelés à la barre dans le cadre de ce procès mettant en cause cinq cadres de la jeunesse et des sports, dont Boubekeur L., l'actuel chef de service des activités de jeunes à la DJS de Béjaïa, un ex-directeur de l'Office des établissements de jeunes (Odej) de Béjaïa, El-Kheyer T., ainsi que trois autres fonctionnaires de la même institution publique. Selon une source proche du dossier, l'enquête judiciaire menée par les éléments de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale de Béjaïa a permis de constater des infractions pénales commises par les mis en cause, en relevant plusieurs éléments confortant les soupçons de dilapidation de fonds publics et d'abus de fonction. En fait, les cinq cadres de la DJS incriminés dans cette affaire se seraient notamment rendus coupables de détournements de sommes faramineuses puisées dans le fonds de wilaya, destiné à subventionner les associations des activités de jeunes (AAJ). À cela s'ajoutent les recettes provenant des prestations de services réalisées par les établissements relevant de l'Odej, notamment les maisons de jeunes, les auberges de jeunesse, les camps de jeunes... Nous avons appris que tous les revenus financiers émanant de ces prestations de services (hébergement, restauration, aires de jeux, activités artistiques et autres spectacles...) sont versés dans la régie de ces établissements, dont la gestion se caractérise par une opacité indescriptible. On cite, à titre d'exemple, les recettes émanant de la location du bloc d'accueil géré par les responsables de la maison de jeunes Hariche-Mohand d'Aokas. "Cela fait plus de huit ans que ce centre d'hébergement, d'une capacité de 50 lits, est géré d'une manière pour le moins douteuse", nous confie un ancien cadre de la DJS de Béjaïa. Selon lui, la gestion de ces revenus par les responsables des établissements de jeunes est contraire à la réglementation en vigueur. "On a transgressé les dispositions du décret exécutif n°07-01 du 6 janvier 2007 portant transformation des centres d'information et d'animation de la jeunesse en offices des établissements de jeunes de wilaya (Odej)", soutient-il. Avant d'ajouter que "les articles 37 et 38 du même décret exécutif stipulent que la comptabilité de l'office (Odej) est tenue selon les règles de la comptabilité publique. L'agent comptable désigné ou agréé par le ministre des Finances tient la comptabilité de l'office conformément à la réglementation en vigueur". Notre interlocuteur déplorera, en outre, que "même les instructions ministérielles ordonnant la fermeture de tous les comptes CCP ou bancaires des établissements de jeunes n'ont pas été prises en considération".