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LEMKHARDA, LA COLLINE IMPRENABLE DE DDA ABDENOUR
IL N'A JAMAIS COUPE LE LIEN AVEC LES SIENS
Publié dans Liberté le 26 - 04 - 2021

Dda Abdenour a toujours gardé le lien avec son village natal, haut perché dans les mots du Djurdjura. "Il est même venu pour restaurer sa maison et le cimetière familial", témoignent des habitants du hameau.
À Lemkharda, dans la commune d'Aït Yahia, les habitants n'ont pas encore cessé de se morfondre en cette matinée du ramadhan lorsque la triste nouvelle est tombée : Ali Yahia Abdenour est décédé à l'âge de 100 ans. Bien que tout le monde le savait au crépuscule de sa vie, mais la tristesse était là visible sur les visages des rares habitants que l'on pouvait croiser dans ce petit village d'Aïn El Hammam, le hameau natal de cet avocat qui a marqué plusieurs générations de militants.
Les villageois que nous avons rencontrés en début d'après-midi sur la place du village gardent encore de lui l'image d'un homme juste et humaniste et proche des siens. "Dda Abdenour était un homme aux qualités humaines exemplaires", n'ont-ils cessé de répéter. A l'entrée du village, qui garde encore les stigmates de la guerre de libération, des restes d'un avion de l'armée française étaiten exposés au monument des 18 martyrs de ce village qui compte actuellement 250 habitants.
"C'est ici qu'est né Abdenour, dans cette maison à la charpente rouge, située en face de ce monument", nous dira Dda Ouahmed, le premier que nous avons rencontré à la placette du village. Il venait juste de rentrer du champ, les pas lourds. "Alors Dda Abdenour est décédé, que la terre lui soit légère", n'arrête-il pas de répéter.
"C'était un homme très généreux avec des qualité humaines formidables. Je me souviens de lui lorsqu'il était instituteur à Souama, la commune voisine. Il allait à pied pour travailler. C'est vous dire aussi son courage et son engagement pour le savoir", a poursuivi Dda Ouahmed qui garde, a-t-il dit, le souvenir d'un homme honorable qui a milité pour les causes justes. "Dda Abdenour a toujours gardé le lien avec le village. Il est même venu pour restaurer sa maison et le cimetière familial. C'est vous dire aussi qu'il avait toujours gardé ce lien fraternel et familial avec les villageois.
D'ailleurs, c'est grâce à ses efforts que nous avons pu réaliser la route du village en 1972. C'est aussi grâce à sa contribution que nous avons réalisé le monument des martyrs de notre village", a relaté Dda Ouahmed rappelant qu'à Alger où il a eu aussi à le croiser, il garde lui le souvenir d'un homme serviable. "Il a toujours apporté une aide aux gens du village qui allaient dans la capitale, souvent pour chercher de l'emploi", a souligné notre interlocuteur. Seulement, a précisé Dda Ouahmed, avec le poids de l'âge et le décès de sa femme, il venait rarement au village. "Mais on sait pertinemment que son esprit est toujours là, parmi nous", a-t-il estimé. "Dda Abdenour, ce sont ses actes qui vont témoigner pour lui. C'était un homme courageux aux qualités humanes exemplaires.
Au village, il a toujours incité les gens à travailler dans l'union et à aller de l'avant", témoignera, pour sa part, Mohand Ameziane, un retraité en pharmacie venu à notre rencontre. "Dda Abdenour avait souvent le moyen d'arranger deux êtres qui se disputaient. C'était un homme sage, instruit qui comprenait les situations", a poursuivi Dda Mohand Ameziane. "Il était un rassembleur qui avait toujours un esprit de bien. Il ne faisait pas de différence entre les personnes, il mettait tout le monde sur un pied d'égalité", a ajouté notre interlocuteur.
Avant de quitter Lemkharda, nos interlocuteurs ont tenu à nous montrer la maison de Dda Abdenour, une bâtisse restaurée récemment ainsi que le cimetière familial qu'il avait aussi restauré. "Dda Abdenour avait tenu aussi, en plus de sa maison, à restaurer ce cimetière familial où reposent son fils et ses frères", ont-ils indiqué. "Ils tenaient vraiment à ces deux endroits qui symbolisent sans doute ce lien avec sa famille et le village", ont-ils poursuivi.
À vrai dire, la tristesse n'a pas envahi seulement ce petit village de haute montagne, mais toute la wilaya de Tizi Ouzou, notamment les militants qui ont eu à partager avec lui un bout de son long chemin de lutte. Parmi ces militants, Mouloud Lounaouci qui, malgré l'âge de Dda Abdenour, dit être surpris par son décès. "Tout en sachant qu'il n'était pas loin de la fin, et qu'il était fatigué, j'avoue que j'ai été surpris d'apprendre la nouvelle. Ali Yahia a vécu un siècle et c'est un siècle plein.
Il a consacré le gros de sa vie à des luttes, d'abord dans le mouvement national, et après l'indépendance pour les questions de la démocratie, pour les droits de l'Homme et pour l'amazighité dans un troisième temps. Mais en même temps, c'est une seule et même lutte puisque les droits de l'Homme impliquent aussi le droit à la citoyenneté et le droit des peuples à parler leur langue", nous a déclaré Mouloud Lounaouci, rappelant que très récemment encore, il le voyait chez lui pour parler des questions d'amazighité qu'il continuait, dit-il, à défendre avec beaucoup de cpnviction.
"Quand on meurt et que notre conscience ne nous demande pas des comptes, c'est là l'une des plus belles morts", estime l'ancien militant du MCB. Pour Me Hakim Saheb, avocat au barreau de Tizi Ouzou et militant politique, Ali Yahia Abdenour est aujourd'hui une grande perte pour l'Algérie, et pour la profession d'avocats parce que, dit-il, c'est l'avocat qui incarne le mieux l'engagement, le respect de l'éthique et de la déontologie et l'intégrité morale.
"Pour moi, Me Ali Yahia Abdenour reste une icône, voire une école de patriotisme d'abord et d'engagement dans la profession au profit des siens et des causes justes ensuite. Il fut, au-delà de son patriotisme durant le mouvement national, un militant de la démocratie et pour les droits humains. Il fut le premier président de la première Ligue algérienne des droits de l'Homme qui avait connu les affres de la répression en 1985", souligne Me Saheb qui estime que malgré son âge, et en dépit des vicissitudes de la vie, Ali Yahia Abdenour est resté fidèle à ses premiers engagements et loyal dans l'exercice de la profession d'avocat.
"Il est une perte incommensurable pour la démocratie et aussi pour la tolérance et le respect de l'homme car il fut l'avocat de toutes les victimes et des détenus d'opinion nonobstant les divergences et la pluralité des idées", considère notre interlocuteur qui dit se souvenir de l'expression qu'il utilisait depuis sa première conférence à l'université de Tizi Ouzou en 1984. "Il paraphrasait toujours l'expression légendaire de Voltaire qui disait : je ne partage pas vos idées, mais je me battrais jusqu'au bout pour que vous puissiez les exprimer", se rappelle cet avocat qui précise que le défunt fut aussi le témoin de beaucoup d'événements notamment durant le mouvement national. "Son témoignage sur la crise antiberbère de 1949 et la liquidation des militants nationalistes amazighs, notamment Amar Ath Hamouda, Bennaï Ouali, M'barek Aït Menguellet et le docteur Mohand Saïd, reste un éclairage très fort sur les stigmates qu'avait connus les militants berbéristes des années 40 malgré leur engagement", rappelle-t-il, avant d'inviter la nouvelle génération à lire son témoignage car, dit-il, c'est le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre.
"Il nous a aussi légué son testament pour les libertés et il reste toujours d'actualité, donc nous gagnerons nous, en tant que nouvelle génération, à le revisiter à chaque fois", appelle de ses vœux Me Saheb. Mais, Ali Yahia Abdenour n'était pas l'homme dont l'aura était circonscrite dans la seule sphère du droit ou parmi les anciennes générations de militants ; il constituait un modèle également pour la nouvelle génération. À ce titre, Tarik Braïk, étudiant à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, dit voir en la personne de Me Ali Yahia, le modèle de militant à suivre.

K. TIGHILT/S. LESLOUS


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