Au cours d'une prise de parole, les intervenants n'ont eu de cesse d'appeler à libérer le journaliste et à condamner les pratiques du pouvoir qui, soutiennent-ils, continue d'emprisonner des militants pour leurs opinions et des journalistes pour avoir dit la vérité. Les habitants de la région de Yakourène, et plus particulièrement du village Aït Bouhini, ne décolèrent toujours pas deux semaines après la mise sous mandat de dépôt du journaliste de liberté, Rabah Karèche, un enfant de la région estimé de tous. En effet, avant-hier encore, dans la soirée, des centaines d'habitants de la région, avec la présence de la famille Karèche, ont observé un rassemblement de soutien à ce journaliste emprisonné pour ses écrits à Tamanrasset où il exerce depuis plusieurs années. Une imposante foule s'est rassemblée à 21h30 sur la placette du village Aït Bouhini où elle a commencé à scander "Libérez Rabah Karèche", "Libérez les détenus" et "Sahafa hourra démocratia", (Pour une presse et libre et démocratique), tout en brandissant des portraits du journaliste sur lesquels on pouvait lire : "Une conscience éclairée, une plume éclairante au service du peuple" ou encore "Libérez Karèche, libérez la presse, libérez l'Algérie. Le journalisme n'est pas un crime". Au cours d'une prise de parole improvisée sur place, les intervenants n'ont eu de cesse d'appeler, tour à tour, à libérer le journaliste et à condamner les pratiques du pouvoir qui, soutiennent-ils, continue d'emprisonner des militants pour leurs opinions et, pis encore, des journalistes, juste pour avoir dit la vérité, et ce, en violation des lois qui, théoriquement, ont banni le délit de presse. "Rabah Karèche est un enfant de notre village et nous sommes très fiers de lui. Il est emprisonné à deux mille kilomètres de chez lui, mais pour nous, il est clair qu'il a été victime de l'arbitraire et rien ne pourra nous convaincre du contraire car nous savons que c'est un homme juste, un journaliste intègre et qui aime son pays. Nous remercions tous ceux qui se mobilisent pour lui apporter leur soutien, qui se solidarisent avec sa famille et dénoncent son emprisonnement", a déclaré, d'emblée, un des membres du comité de soutien au journaliste. Pour le président du comité de village d'Aït Bouhini, Mohand Mouri, "Rabah Karèche est emprisonné parce qu'il s'attaque à des sujets qui dérangent bien des intérêts, de gros intérêts. Rabah paye aujourd'hui de sa liberté, ce que peut payer tout journaliste qui exerce sa fonction avec sérieux et professionnalisme, et tout journaliste qui porte la voix des sans-voix que le pouvoir veut continuer à étouffer tout en usant de l'intimidation, du harcèlement judiciaire et de l'emprisonnement même en violation de la Constitution". "Sauf que Rabah est d'un courage et d'un professionnalisme qui l'empêche de reculer devant ces pratiques", poursuit-il avant que la foule ne répondre en scandant "Libérez Karèche". "Aujourd'hui, le combat de la presse ne doit plus être l'apanage des seuls journalistes, mais de toute la société. Si pour les journalistes, il s'agit de leur droit d'informer, pour nous, citoyens que nous sommes, il s'agit de défendre notre droit d'être informé, de notre droit à la vérité", a ajouté Mohand Mouri, avant de céder la parole aux membres de la famille Karèche et aux journalistes présents sur les lieux.
