Des dizaines de bus et de fourgons de transport avec à leur bord des estivants venus des wilayas limitrophes pour une excursion en bord de mer ont été bloqués, hier matin, au niveau des barrages dressés à l'entrée de la ville d'Annaba par les éléments des services de sécurité et ont été contraints de rebrousser chemin. Il va sans dire que cette opération, qui a été déclenchée sur instruction du Conseil de sécurité de la wilaya, face à la propagation continue de la Covid-19 dans cette wilaya, a fortement choqué les personnes touchées par cette mesure exceptionnelle. Des témoins racontent que des heurts ont failli se produire sur la RN16, à hauteur de la localité de Drean, entre les forces de sécurité et, notamment, les chefs de famille qui ont parcouru de longues distances depuis les régions de l'arrière-pays, d'El-Oued, de Souk-Ahras, pour que leurs enfants goûtent aux plaisirs de la mer. "Face à l'attitude intransigeante des gendarmes et des policiers, qui ont usé de toute leur force de persuasion pour les convaincre du bien-fondé de cette interdiction, les citoyens frustrés ont finalement fait contre mauvaise fortune bon cœur, et ont accepté de retourner d'où ils venaient", indique l'un des témoins. Les mêmes scènes ont été vécues au niveau de la RN44, où des usagers de la route, qui venaient des wilayas de Constantine et Guelma, ont tenté de faire valoir bruyamment leur droit à la libre circulation, et qui ont été forcés, eux aussi, de faire demi-tour, rapporte-t-on. "S'il faut admettre que le souci des autorités est d'éviter les rassemblements sur les plages du littoral, cette mesure s'inscrivant dans le cadre de la prévention et de la limitation de la propagation de la Covid-19, on aurait dû quand même informer la population de son application", objecte un habitant d'Annaba indigné à l'idée que des familles entières aient été traitées de la sorte. Notre interlocuteur estime que la wilaya aurait pu faire part de cette décision en l'annonçant à travers les canaux habituels, afin d'éviter aux citoyens concernés le préjudice moral et financier subi. De son côté, le maire d'Annaba, Tahar Merabti, contacté par Liberté, dit regretter que les pouvoirs publics aient été amenés à de tels extrêmes, mais il explique qu'il ne pouvait en être autrement au vu de l'aggravation de la situation sanitaire. Cet élu explique, toutefois, que les mesures de refoulement n'ont été appliquées qu'à l'encontre des bus qui n'ont pas respecté le taux de remplissage d'un siège sur deux et ceux dont les passagers et les conducteurs ne portaient pas de masque de protection exigé par le protocole sanitaire en place. "Comme tout le monde le sait, la ville d'Annaba est l'une des plus fréquentées, en cette période de l'année pour ses plages. Il va de soi que les habitants des wilayas limitrophes, surtout celles éloignées du littoral, y viennent pour profiter de la mer et nous nous en félicitons, mais nous devons tenir compte du danger que représente la concentration massive de la population à cet endroit précis par ces temps de pandémie. Nous avons vécu une situation très inquiétante, durant le vendredi qui a précédé l'Aïd el-Adha. Rien qu'aux abords de la plage urbaine de Rizzi Amor, il y avait plus d'une soixantaine de bus remplis d'estivants et tous immatriculés hors wilaya, et autant sur les autres plages de la Corniche, cela pour donner une idée de l'ampleur de la promiscuité engendrée", se désole Tahar Merabti.