Résumé : Si le professeur les reçoit rapidement, le radiologue reste inflexible, leur parle des patients qui attendaient depuis des semaines et leur propose d'en faire autant. La secrétaire finit par trouver un autre radiologue qui s'occupera de Latéfa. Il est près de 16h lorsque le professeur a enfin les clichés de la mammographie et le compte rendu. Il n'a pas de bonnes nouvelles. Latéfa a une tumeur. Il recommande à son ami de ne pas perdre de temps. -Ça ne peut pas être une tumeur. Ce n'est pas possible... Pas moi, moi, avoir ça ? Da Ali prend sa fille dans ses bras et s'efforce de la calmer. La nouvelle l'a aussi secoué, mais il n'en montre rien. Il cache son désarroi et sa peine. -Baba, dis-moi que j'ai mal compris. Que ce n'est pas ça. Je ne peux pas avoir... Latéfa pleure, crie et elle aurait certainement balayé le bureau du revers de la main, si son père ne la tenait pas fermement. -Benti ! Ma fille ne pleure pas. C'est juste une tumeur. Je suis sûr que ce n'est pas méchant. Il y a deux sortes de tumeurs... La tienne est une tumeur bénigne. -Non, non... Je sens que c'est grave. Qu'est-ce qui va m'arriver ? Qu'est-ce que je vais devenir ? -Benti, nous ferons tout, tout... N'est-ce pas professeur ? Ce dernier doit tousser pour s'éclaircir la gorge. Il est ému et peiné pour la fille de son ami. -Oui, oui... -Qu'est ce que nous allons faire professeur ?, demande Da Ali. Par quoi allons-nous commencer ? -Demain matin, on fait une biopsie, une IRM et après on verra si elle ne devra pas commencer par des chimiothérapies afin de réduire la tumeur. Mais tout ça se décidera lors de la réunion avec d'autres confrères. Courage ma fille. Inchallah que ce n'est pas aussi grave. Parfois on me reproche d'être alarmiste, de trop en faire. Je suis vraiment désolé... -Vous avez parlé de chimio ? De ces produits horribles qui rendent malade ? Qui font perdre les cheveux ? Les ongles ? -On n'en est pas encore là. Avec un peu de chance, tu échapperas à tout ça. Les examens d'exploration nous diront que faire, d'accord ? Latéfa déglutit avec peine. Elle se prend la tête entre les mains alors que son père tente de se montrer rassurant. -Il faut toujours qu'il en rajoute. Viens, partons d'ici... Si quelques heures auparavant, elle a eu ce mauvais pressentiment, le mot employé par le professeur ne lui laisse plus aucun doute. Son pire cauchemar est de tomber malade. Elle a horreur des piqûres, de l'odeur des hôpitaux et elle ne peut pas s'imaginer y passer la nuit. Rien que d'y penser, elle en est malade. "C'est un cauchemar, je vais me réveiller", se répète-t-elle mentalement alors que son père l'a prise par le bras et la guide à travers les couloirs. Latéfa a l'impression de vivre un cauchemar. Elle n'acceptait pas le fait d'avoir une tumeur. Cette maladie dont elle ne connaissait que le nom, la brisait. Dans son entourage, personne n'avait eu de carcinome du sein. Pourquoi fallait-il que cela tombe sur elle ? Pourquoi ? Alors qu'elle a une vie de rêve. Alors qu'elle s'apprête à se marier. -Oh mon Dieu ! Tarek... Qu'est-ce que je vais lui dire ? -Ecoute, là, nous avons d'autres priorités. Ton mariage peut attendre. -Tu penses qu'il voudra encore de moi ? J'ignore ce qui va m'arriver, pleure-t-elle. Baba, j'ai peur... Ma vie est en train de partir en éclats. Depuis ce matin, depuis mon passage chez la couturière, j'ai l'impression de perdre le contrôle de ma vie, je suis dépassée. Pourquoi ça m'arrive maintenant ? Je n'ai pas le droit d'être heureuse ? Ou ai-je été trop heureuse ? Pourquoi j'ai cette maladie ? À quel point est-ce grave ? Baba... Est-ce que je vais mourir ?
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