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"L'école algérienne est tournée vers le passé"
FODIL MOHAMMED SADEK, PROFESSEUR EN SCIENCES DU LANGAGE
Publié dans Liberté le 21 - 09 - 2021

" Les contraintes idéologiques au sein de l'école sont un frein au développement naturel et serein d'un enfant à qui on occulte sa véritable histoire, à qui on demande d'être quelqu'un d'autre que lui-même, de penser et de parler dans une langue qui n'est pas la sienne, de répéter et de réciter des phrases qu'il ne comprend pas, de faire semblant de croire ce à quoi il ne croit pas, et donc de se mentir à lui-même, puis à toute la société", analyse Fodil Mohammed Sadek.
Liberté : "L'école algérienne est sinistrée." Cette critique couvre-t-elle la réalité de cette institution ?
Fodil Mohammed Sadek : Cette métaphore illustre bien la situation de l'école algérienne. Elle décrit la décrépitude de l'école en tant qu'institution chargée, en principe, de promouvoir le rayonnement de notre intelligence, mais qui, saturée d'idéologie inutile et rétrograde, est entraînée de plus en plus dans une sinistrose qui inquiète très sérieusement. Même les apprenants se rendent souvent compte qu'ils n'apprennent pas ou qu'ils apprennent mal. Les parents également ne peuvent pas ne pas s'en rendre compte, et bien sûr les spécialistes du secteur qui ont été les premiers à donner l'alerte. Il faut juste que les responsables qui ont pris conscience de cet état de fait, au moins
depuis l'ancien président Mohamed Boudiaf, se décident enfin à prendre les bonnes décisions pour changer le cours des choses.
Quel est le profil type de l'apprenant ?
Notre système a fait en sorte que les apprenants comprennent vite ce que l'école attend d'eux, c'est-à-dire d'apprendre les cours par cœur, et ainsi avoir de bonnes notes, satisfaire les parents et faire croire qu'ils sont très bons en classe. Cela leur demande beaucoup moins d'efforts que d'essayer de comprendre par eux-mêmes, en se documentant ou en posant des questions (ce que certains enseignants prennent très mal du reste). Lorsqu'ils ne réussissent pas à apprendre par cœur, il y a toujours la possibilité de frauder, puisque lors des différents tests et examens on leur demande surtout de "reproduire tels quels" les cours sur lesquels ils sont censés être évalués objectivement, afin de vérifier les connaissances et compétences destinées à être acquises pour la vie, et non apprises le jour de l'examen pour être totalement oubliées le lendemain.
De quels maux souffre aujourd'hui l'école algérienne ?
La liste est longue. Mais cela, faut-il le préciser, n'est pas spécifique à l'Algérie. Beaucoup de grands pays se plaignent aujourd'hui du rendement de leurs écoles. Cela étant, ce qui me semble être le nœud gordien qu'il faut trancher pour redonner de l'espoir à notre école est la nature idéologique de notre système éducatif. L'école algérienne n'est pas tournée vers l'avenir, mais vers le passé. On ne cherche pas à former les citoyens équilibrés qui seront chargés de gérer et d'édifier l'Algérie de demain, interconnectée et interdépendante, mais on tient à continuer de former des cohortes de diplômés sans consistance réelle, sans compétences avérées et surtout sans ambitions. Si on n'apprend pas à un écolier algérien à être lui-même, à ne compter que sur lui-même et à se servir de toutes ses capacités intrinsèques pour résoudre des problèmes complexes, demain, lorsqu'il sera un dirigeant, il se tournera vers qui pour résoudre les problèmes bien réels auxquels il sera exposé ?
L'école a pourtant connu plusieurs réformes, mais sans parvenir à une véritable mutation en phase avec les défis actuels. Pourquoi ?
Je ne suis pas sûr qu'il y ait eu vraiment des réformes. Vous savez, un système éducatif, quel qu'il soit, est toujours le produit d'un système politique dont il est absolument dépendant idéologiquement et financièrement. L'Algérie est-elle prête à changer radicalement de système politique ? Il est permis de l'espérer.
Les résistances au changement ne viendraient-elles pas aussi des segments de la société ?
Vous soulevez un point essentiel. En Algérie, les forces d'inertie dépassent très largement les forces de progrès, d'où les résistances multiples à tout changement. L'Algérie est bloquée par les forces rétrogrades qui l'empêchent d'avancer.
Quel est la part de l'idéologie dans l'incapacité de l'école à embrasser l'âge de raison ?
Les contraintes idéologiques au sein de l'école sont un frein au développement naturel et serein d'un enfant à qui on occulte sa véritable histoire, à qui on demande d'être quelqu'un d'autre que lui-même, de penser et de parler dans une langue qui n'est pas la sienne, de répéter et de réciter des phrases qu'il ne comprend pas, de faire semblant de croire ce à quoi il ne croit pas, et donc de se mentir à lui-même, puis à toute la société. Une véritable mystification. Pis encore, on lui fait croire que lorsqu'il réussira à accomplir ses études avec succès, il aura un avenir assuré. Ses aînés, harraga, lui font comprendre une tout autre réalité. Comment voulez-vous qu'un enfant, ayant grandi dans un environnement aussi malsain, puisse trouver un équilibre dans la société, qui, elle-même, a besoin d'un vrai époussetage ?
Faut-il une révolution pour parvenir à une école du XXIe siècle ?
Le XXIe siècle est celui de la révolution technologique indissociable de la société de l'information. Cela suppose que l'école doit préparer les élèves à s'approprier les outils cognitifs indispensables pour passer d'un système éducatif plutôt basé sur la rareté de l'information (on suppose toujours que c'est l'enseignant le fournisseur principal du savoir), et où les connaissances des apprenants dépendent essentiellement de celles de leurs enseignants, à un autre système éducatif basé, lui, sur la profusion de l'information (on parle d'info-pollution), disponible partout et en grande profusion, ce qui exige des apprenants une grande capacité d'analyse, de discernement et de synthétisation de très grandes quantités de données. Vous comprenez que, dans ces conditions, continuer de solliciter des apprenants l'apprentissage par cœur de cours parfois totalement inutiles n'est pas la meilleure voie pour aller au-devant de cette société du savoir qui est déjà là et à laquelle personne ne pourra échapper de toutes les façons. Alors oui, s'il faut une révolution conceptuelle pour déraciner l'ancien système et en adopter un autre plus à même de sauver cette école sinistrée, pourquoi pas ?

Propos recueillis par : KARIM BENAMAR


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