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La fraude sera-t-elle évitée ?
Les élections partielles en kabylie se tiendront demain
Publié dans Liberté le 23 - 11 - 2005

Les élections partielles seront à coup sûr pleines de surprises. Et pour cause, le hold-up électoral en préparation. Le RCD et le FFS tirent la sonnette d'alarme quant au “plan diabolique de fraude” dont la finalité est de défaire politiquement la Kabylie.
Cœur battant de l'Algérie, la Kabylie s'apprête à vivre, après demain, le 24 novembre, une élection inédite. Inédite parce que, d'abord, partielle. C'est pour la première fois dans l'histoire du pays qu'un scrutin de ce genre sera organisé dans une seule région qui, il est vrai, est, depuis 3 ans, dépouillée d'une représentation politique véritable puisque les législatives et les communales de mai et octobre 2002 ont été marquées par un boycottage massif. On s'en souvient que des listes de partis ont été élues avec un taux insignifiant de… 1% de voix. Inédite aussi, et surtout, parce que pour la première fois dans l'histoire de la Kabylie post-octobre 1988, une élection est en passe d'être rattrapée par ce grand mal national qu'est la fraude. Jusque-là, parce que les citoyens sont très près de leurs bulletins, la région, contrairement au reste du pays, a su se mettre à l'abri du traficotage électoral. Ce qui ne semble pas être le cas avec les présentes partielles. Et ce sont les partis les mieux implantés dans la région, le FFS et le RCD en l'occurrence, qui préviennent d'un hold-up électoral en préparation dans les laboratoires du DRS, ex-SM.
Volonté de fraude : les preuves des partis d'opposition
À l'occasion de ses meetings de campagne, Ali Laskri, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) n'a pas cessé d'avertir contre la fraude. Pas plus loin que dimanche Karim Tabou, porte-parole du FFS, anime une conférence de presse pour prévenir que “la fraude est en cours” en égrenant les facettes du trucage qui se prépare : délocalisation des électeurs, libre circulation de cartes vierges, confection de listes virtuelles avec de fantomatiques candidats non résidents de la commune où ils se sont présentés, distillation délibérée de rumeurs de violence pour décourager les électeurs, intimidation sur les moudjahidine pour s'éloigner des partis politiques sous peine de révision à la baisse de leur pension d'invalides, etc.
C'est Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui, il y a des mois de cela, était monté le premier au front pour dénoncer le DRS, l'accusant d'avoir concocté “un plan diabolique de fraude” des élections partielles dont la finalité est de défaire politiquement la Kabylie, en y délogeant l'opposition démocratique au profit d'un encadrement “barbefelène”, c'est-à-dire les islamo-conservateurs du FLN.
Saïd Sadi : “On veut démobiliser les électeurs pour favoriser le FLN”
Rencontré dans son bureau, Saïd Sadi expose un faisceau de faits accablants. Il accuse les services spéciaux d'organiser chaque semaine une rencontre avec les chefs de daïra et les administrateurs pour les briefer.
Avec les préposés aux bureaux récalcitrants, on ressort le grand jeu : l'intimidation. Il dénonce aussi le parti pris de l'administration en faveur du FLN outre la prise en charge par la wilaya pendant 8 mois de Ali Seddiki, responsable national du FLN, envoyé à Tizi Ouzou pour “superviser la fraude”. Sadi révèle que presque chaque militant du FLN a bénéficié de plus de trois cartes d'électeurs. Autre chose : l'administration a refusé, dans un premier temps, de remettre le fichier électoral aux partis politiques. Après insistance de ces derniers, il leur a été remis mais après écoulement du délai de recours.
Après son analyse, Saïd Sadi y découvrira plus de 14 000 noms qui ne sont pas classés par ordre alphabétique. Pis, y figurent des noms de citoyens originaires de la région mais n'y habitant plus. Pour pénaliser le RCD, là où le gisement électoral lui est favorable, nombre de ceux qui sont réputés proches de lui sont délibérément dispersés et mis dans des bureaux loin de ceux où ils ont l'habitude de voter.
“Les données sont absolument inexploitables. On est dans le tunnel le plus intégral. C'est tout sauf un fichier électoral”, s'est-il offusqué. Il y a aussi le cas de la forme des bulletins de vote. “Il y a trois semaines, l'administration a demandé aux partis les photos de leur leader et aux indépendants celles de leurs têtes de listes. Quelques jours après, ils nous ont dit que ce serait des numéros qui distingueraient les listes des uns et des autres. Changeant encore d'avis, ils nous ont signifié que ce seront les sigles plutôt que des numéros. Et maintenant, c'est l'intégralité des dénominations des partis qui y figureront. Comment voulez-vous qu'un vieux ou une vieille analphabète puisse les distinguer ? Dans tous les pays du monde où le problème de l'analphabétisme se pose, on a recouru à des signes distinctifs. Ainsi, il est fort probable qu'un électeur voulant voter pour le RCD le fera pour le RND”, s'élève-t-il. Sachant que le tiers de la population de Kabylie est analphabète il y a, en effet, un réel risque que bon nombre d'électeurs ne votent pas pour le candidat de leur choix. Pour Saïd Sadi, le DRS “qui chapeaute tout” n'hésitera pas à verser dans la provocation en suscitant des troubles là où le RCD est susceptible de l'emporter.
L'autre registre sur lequel il joue est celui de la démobilisation de l'électorat en escomptant baisser sensiblement le taux de participation pour aider le FLN dont les militants, eux, voteront massivement.
FFS-RCD : la base met en place une surveillance commune
Qu'en pensent les états-majors des partis politiques au niveau local ? Virée à Tizi Ouzou, la capitale politique de la Kabylie qui a épousé, ces jours-ci, les couleurs de la campagne électorale. Les murs de ses principales artères sont bariolés. Des listes des candidats des différents partis y sont placardés.
Des grappes de citoyens s'attardent à dévisager les prétendants à la gestion de la cité. Aux sièges régionaux des partis, c'est le branle-bas de combat. Ça rentre et ça sort. Incontestablement, la Kabylie a renoué avec l'activité politique. Au siège du RCD, dans la nouvelle ville, Boussad Boudiaf, président du bureau régional, a du mal à répondre aux questions tellement il est sollicité de toutes parts.
Il soupçonne le pouvoir de vouloir, coûte que coûte, “replacer le FLN et le RND”. “L'approche est simple : le reste de l'Algérie étant soumis, il n'y a plus que la Kabylie qui tient encore tête au pouvoir. L'objectif est de niveler tout le pays pour qu'il n'y ait aucune opposition à l'intronisation de l'empereur Bouteflika. Donc, il faut replacer le FLN et le RND. Pour ce faire, ils n'ont qu'un seul moyen, la triche.” A-t-il des preuves palpables ? “Vous savez, ils ne fonctionnent pas par des écrits mais par la chaîne orale. Mais dans certaines communes, des administrateurs reconnaissent avoir reçu des instructions. En outre, les chefs de daïra et les administrateurs sont instruits d'aider le FLN en remplissant les urnes à chaque fois que la surveillance partisane se relâche. Pendant la période de la confection des listes, ils étaient sommés d'aider les indépendants. La tactique consiste en l'émiettement de l'électorat du RCD et du FFS”, explique-t-il. Comment son parti compte empêcher la fraude ? Sa réponse : “Au pouvoir de l'argent, le RCD oppose le pouvoir de conviction. Il n'y aura pas une seule poche qui leur sera concédée. On a averti nos surveillants qu'une seule minute de relâchement, y compris pendant la pause déjeuner, peut être exploitée. En outre, dans les communes où nous ne sommes pas présents, ce sont les militants des communes environnantes qui assureront la surveillance. Exemple : la commune de Bounouh sera prise en charge par les communes de Mechtras et Assi-Youssef. Nous allons assurer la surveillance dans 99% des bureaux de vote de toutes les communes. Un arrangement local et non national est contracté entre les bases du RCD et du FFS pour une surveillance commune. C'est le self-défense.”
Un rapprochement à la base que confirme Rabah Brahimi, fédéral du FFS de Tizi-Ouzou. “Ce n'est pas une décision de la direction. Au niveau local ils peuvent s'entendre entre eux puisque rien ne l'interdit”, soutient-il.
Sur cette question de fraude, M. Brahimi, qui est aussi tête de liste dans la commune de Aïn Zaouïa, soutient avoir “des signes”. Et d'expliquer : “C'est vrai qu'ils n'ont jamais eu la chance de frauder en Kabylie. Mais nous avons des signes qui donnent un avant-goût d'une fraude préparée. Le 29 septembre, ils ont fraudé partout mais pas en Kabylie. Ceci dit, la volonté existe mais la mettre à grande échelle, ce sera difficile pour eux. Mais s'ils réussissent, ce serait dans les grands pôles urbains comme Tizi Ouzou, Azazga, Draâ Ben Khedda… Pourquoi ? Ce sont les grandes communes qui ont de l'argent. Cela leur permettra de dire que c'est le résultat de notre gestion.” Quels sont ces signes ? “Nous avons remarqué que le pouvoir a lancé la machine de la fraude en éliminant la commission de surveillance électorale au niveau communal et wilayal.
Le prétexte trouvé est qu'il n'y a pas de commission nationale. Autre chose. À ce jour (vendredi, ndlr), nous ne connaissons pas la forme des bulletins de vote. Même le wali dit l'ignorer. Pourtant, au moment du dépôt de listes, l'administration a émis des réserves du fait qu'on ne lui a pas fourni les photos du président du parti et celles des têtes de liste.”
L'objectif des promoteurs de cette entreprise, estime le fédéral de Tizi Ouzou, est d'“arriver à contrôler la Kabylie” et, par delà, “contrôler toutes les luttes et revendications démocratiques à l'échelle nationale”. Il promet que son parti ne se laissera pas faire et compte faire barrage. “Nous ferons preuve d'une grande mobilisation et d'une vigilance sans faille. On sera présents dans les 67 communes de la wilaya. Même dans les 4 communes où nous n'avons pas présenté de listes, nous avons désigné des représentants.” Mais, pour lui, c'est le système avec tous ses démembrements, dont le DRS, qui procédera à la fraude en instrumentalisant l'administration.
RND : “Nous avons confiance en l'administration”
Une accusation que rejette catégoriquement le Rassemblement national démocratique (RND) dont les responsables disent “avoir confiance en l'administration”. “Le premier parti à s'élever contre la fraude, si fraude il y a, ce serait nous”, renchérit un candidat à l'APC de Tizi Ouzou. “Nous n'avons aucun doute envers les partis ou l'administration. Vous savez que chaque parti à ses propres observateurs. Ceux-ci contrôlent de bout en bout l'opération électorale. Bien plus, après le dépouillement, un procès-verbal est établi. À moins que les partis qui crient d'ores et déjà à la fraude se préparent dès à présent à justifier leur futur échec. Ces partis ont longtemps pris en otage la Kabylie”, explique Tayeb Mokadem, député et secrétaire de la wilaya de Tizi Ouzou. Un militant estime qu'“on ne peut parler de fraude tant que l'élection ne s'est pas tenue”.
FLN : “Non à la fraude organisée”
Pour sa part, Ali Seddiki, membre de l'instance exécutive nationale du FLN et superviseur de la wilaya de Tizi Ouzou pour la restructuration du parti, se dit être mille fois contre “la fraude organisée”. “Nous ne voulons pas d'une APC acquise par la fraude. Car on ne peut pas travailler si on est coupé de la population. Nous ne voulons pas être de factices mais de vrais élus. Nous accepterons le verdict du peuple pour peu que la campagne soit propre et les élections crédibles et transparentes.”
Il estime que son parti est majoritaire en Kabylie et n'a pas besoin d'un coup de pouce. Et d'annoncer triomphalement, comme M. Mokadem du RND, que ceux qui “agitent le spectre de la fraude expriment à vrai dire leur déception et leur échec anticipé qu'ils cherchent d'ores et déjà à justifier”. Il estime que les communes ne doivent s'occuper que du seul développement économique étant donné qu'“une cagnotte de plus d'un milliard de dollars attend cette wilaya”. Son adjoint, le docteur Lounès, député et membre du conseil national du parti, prône “la dépolitisation des communes” puisque, à ses yeux, “les citoyens sont jusqu'ici pris en otage”.
Sollicité par le biais de son chef de cabinet pour s'exprimer sur les accusations de fraude émises par les partis de l'opposition, le wali n'a pas voulu nous recevoir, estimant avoir tout dit sur les présentes élections lors d'une rencontre, le 13 novembre dernier, avec les représentants des partis en présence de la presse. Il avait alors tenté de rassurer sur la neutralité de l'administration soutenant que “la fraude est impossible”.
Ceci dit, tous les représentants des partis se sont accordés à dire que la campagne s'est distinguée par un niveau de responsabilité élevé et surtout par un engouement accru des citoyens.
Et tous supputent la victoire de leurs partis respectifs. Demain, ce sera l'heure de vérité et les urnes détermineront le poids de chacun. Pour peu qu'il n'y ait pas fraude.
A. C.


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