Le mausolée de Sidi Boubhir, situé à la croisée des chemins, juste aux frontières entre les communes d'Illoula, d'Azazga, de Bouzeguène et de Souama, est considéré comme le saint de toute la région. Ce saint est sous la responsabilité exclusive et ancestrale des villages nichés sur le flanc de la montagne faisant face au mausolée, de Tagelt à Iguerguedmimène en passant par Aït Sahnoune, Oumadène et Aït Sidi Amar, rattachés actuellement à la commune de Souama, anciennement Douar Beni Bouchaïb, et commune du Haut Sébaou. Ces derniers ne céderont pour aucune raison les prérogatives qui leur reviennent de droit. Leur fierté est grande et ils se savent investis d'une responsabilité que chacun se fait un devoir et une obligation d'assumer dans la dignité et l'honneur, dans la respectabilité et la simplicité, dans la modestie de leurs dires et la majesté de leurs actes. Lorsque les gens transitent par la vallée du Haut Sébaou, sur le CW 150, reliant Aïn El Hammam à Azazga, ils se contentent d'observer de loin, avec dévotion et grand respect, ce monument qui surplombe la route et semble veiller sur les alentours. Les anciens se rappellent que ce lieu a longtemps servi de centre commercial régional (mekhzen) dont la renommée s'étendait à travers toute l'Algérie. Et chacun se rappelle que tous les commerçants se faisaient une fierté et un devoir de disposer, sur place et en toute saison, d'un local permanent bien garni. Seule la tombée de la nuit incitait, en ces temps-là et seulement pour des raisons d'éloignement, les gens à rentrer chez eux, certains projetant de se déplacer vers un autre marché. Aujourd'hui encore, Sidi Boubhir se rappelle à nous à travers deux dates symboliques et combien enracinées dans les esprits : le passage du printemps à l'été et celui de l'automne à l'hiver. C'est la célèbre zerda ou plutôt "tsevyitha" qui n'a jamais failli à la tradition. Deux dates importantes dans les relations citoyennes, dans la vie courante et dans la vie commerciale : le 1er Mai et le 1er Novembre. Deux dates durant lesquelles les villages de la région, unis dans un objectif traditionnel, associés dans un but social, respectueux des traditions et de la volonté de Sidi Boubhir, prennent en charge l'organisation des deux cérémonies. C'est l'occasion pour toutes les familles de rendre visite au saint, de venir recueillir sa sainte bénédiction. C'est aussi l'occasion pour les rencontres matrimoniales, pour présenter l'offrande familiale et se retrouver, l'espace d'une journée, tous ensemble, dans la dévotion et la piété. Nul besoin de s'inquiéter du repas de midi puisque des plats sont offerts par les familles qui se sont déplacées. Vous pourrez goûter à toutes les recettes en passant d'un plat à un autre, d'une zone à une autre, au milieu de gens discutant de tout, profitant de l'occasion pour prendre les dernières nouvelles et se mettre au fait quant aux changements sociaux et familiaux qui ont eu lieu depuis la dernière rencontre. Il ne faut pas oublier non plus que les commerçants se mettent de la partie et profitent de cette occasion pour étaler leurs marchandises à même le sol, faisant la joie des petits et des grands. Considérant l'affluence et l'évolution, la route qui longe ce lieu saint ne permet pas le stationnement de tant de véhicules et les embouteillages ont souvent perturbé le transit des citoyens. Saïd MECHERRI