L'Algérie souhaite établir une amitié sincère et une coopération mutuellement bénéfique. L'Histoire et la géographie le commandent, si toutefois cette même Histoire est expurgée des thèses coloniales et rétrogrades qui font plus honte qu' honneur à la France d'aujourd'hui. Les relations algéro-françaises ne cessent, depuis des lustres, de subir les aléas de l'histoire et les vicissitudes de la politique. La dernière en date est celle qui, en substance, assimile la colonisation à une œuvre civilisationnelle. Une forme de colonisation perpétuelle et une profanation de la mémoire de tous les martyrs. Ce passage de la loi du 23 février 2005 est perçu, senti, comme une autre agression à l'encontre du peuple algérien et une tentative de ternir la Révolution et les héros de notre peuple. La réaction de l'Algérie a été à la mesure de l'offense. Le Président Bouteflika, les moudjahidine sont montés au créneau et ont montré que la France coloniale a commis des crimes inqualifiables et érigé l'injustice en règle immuable contre les autochtones, ou plus péjorativement, à l'encontre des indigènes pendant plus de 132 ans. En dépit de tout cela, l'Algérie ne cherche aujourd'hui ni à travestir ni à dénigrer l'histoire de France. Elle souhaite établir une amitié sincère et une coopération mutuellement bénéfique. L'Histoire et la géographie le commandent, si toutefois cette même Histoire est expurgée des thèses coloniales et rétrogrades qui font plus honte qu'honneur à la France d'aujourd'hui. La balle est par conséquent dans le camp français. En effet, c'est aujourd'hui que le Sénat français aura à examiner cette loi et en particulier la disposition relative “à l'œuvre bienfaitrice de la colonisation”, ce qui constitue une opportunité pour l'abroger. Des hommes politiques, en particulier à gauche, avouent qu'ils n'ont pas été vigilants au moment de son examen à l'Assemblée française. Dont acte. Aujourd'hui, elle sera débattue au Sénat, une occasion de rétablir la vérité quant au passé douloureux des colonisés et d'amender les articles scélérats de cette loi. Aussi, il faut le dire : les passions sont toujours vivaces et les séquelles traumatisantes. En fait, le mieux serait de ne pas remuer le couteau dans une blessure qui n'est pas encore cicatrisée. Alors, il incombe aux hommes politiques français de la droite modérée à la gauche et présentement aux sénateurs de stopper le dérapage et rasséréner les relations entre la France et l'Algérie. De son côté, et à partir de Barcelone où il se trouve pour le sommet euroméditerranéen, le président Chirac a souhaité que le traité d'amitié soit signé dans les délais, ce qui constitue un signal fort à l'endroit des parties en charge de ce traité, et dont la mission est d'œuvrer à susciter le saut qualitatif et quantitatif dans les relations entre l'Algérie et la France. A. O.