Une large majorité parmi les pays membres du Conseil se rejoignent, parfois après des variantes, pour dire que l'Irak devrait coopérer mieux et plus activement. La pression monte au Conseil de sécurité de l'Onu sur le dossier irakien, mais la question d'un éventuel recours à la force divise profondément ses 15 membres qui préparent de nouvelles consultations au niveau des ministres des Affaires étrangères. Le rapport de deux mois d'inspections sur le terrain dressé lundi dernier par Hans Blix, le chef des inspecteurs en désarmement de l'Onu et la solennelle réaffirmation mardi dernier par le président américain George W. Bush que les Etats-Unis étaient prêts, si nécessaire, à faire seuls la guerre, ont fait monter la pression, estiment diplomates et analystes. Une large majorité parmi les pays membres du Conseil se rejoignent, parfois après des variantes, pour dire que l'Irak devrait coopérer mieux et plus activement, que les inspections sont utiles et qu'il ne faut pas y mettre prématurément un terme. Cette majorité n'est pas, aujourd'hui, prête à voter une résolution ouvrant la voie à une opération militaire que, selon les rumeurs, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne préparent, avec le soutien de l'Espagne et de la Bulgarie. Elle comprend la Chine, la France et la Russie, les trois autres membres permanents du Conseil disposant d'un droit de veto, ainsi que huit de ses dix membres non permanents. Tout laisse croire que les Etats-Unis jouent à fond sur les divisions des Européens sur l'Irak pour isoler Paris et Berlin, rétifs face à la ligne dure prônée par l'Administration américaine, mais aussi pour faire prévaloir à long terme la vision d'une Europe alignée sur leur “leadership”, relèvent des analystes à Washington. Le président George W. Bush s'est, à cet égard, félicité jeudi dernier de la lettre de dirigeants de huit pays européens favorables à sa politique vis-à-vis de Bagdad, qui jette une lumière crue sur les divisions européennes et affaiblit les positions françaises et allemandes. Cette lettre a été signée par les dirigeants de huit pays, la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Hongrie, le Danemark, la Pologne et la République tchèque. La présence parmi les signataires de personnalités de trois pays d'Europe de l'Est, récemment entrés dans l'Otan, devrait encourager ceux qui, à Washington, veulent privilégier ces pays. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a exprimé avec rudesse ce point de vue récemment en assimilant la france et l'Allemagne à une “vieille Europe” en perte de vitesse face aux jeunes démocraties issues de l'Europe post-communiste, en général très pro-américaine. Pourtant, les opinions publiques en Europe sont majoritairement hostiles à toute intervention militaire en Irak et à toute participation de leurs armées respectives si l'on en croit les sondages réalisés dans plusieurs pays européens.