Des retenues sur les salaires des mois de décembre et janvier n'ont pas manqué d'envenimer une situation déjà tendue. “Nous ne réclamons ni logement ni promotion. Tout ce que nous voulons, c'est de travailler dans la dignité.” C'est là un extrait de la lettre ouverte adressée par les enseignants du CEM Grand-Rocher à Aïn Benian au ministre de l'Education au sujet d'un conflit avec le chef de leur établissement à qui ils reprochent “son abus de pouvoir et ses harcèlements moraux”. Ils étaient nombreux à nous rendre visite à notre rédaction. À l'unanimité, ils avouent que depuis l'arrivée de ce directeur, le CEM vit un grand malaise. Une situation de ras-le-bol qui risque d'avoir des répercussions négatives sur les élèves, dont beaucoup manifestent des réactions inquiétantes. Selon eux, les différentes commissions d'enquête dépêchées sur place n'ont pas pu aboutir à un résultat à même de faire retrouver le calme et la sérénité à cet établissement. “Bien au contraire, les choses ont empiré à la veille de l'Aïd El Adha lorsque nous avons été surpris par des retenues de près de 50% sur les salaires de décembre et janvier ainsi que sur la prime de rendement”, disent-ils. Il faut dire que le bras de force entre les deux parties est engagé depuis longtemps et l'affaire du CEM Grand-Rocher a déjà été publiée dans les organes de presse. “Nous avons frappé à toutes les portes pour que les agissements de ce directeur cessent. Notre CEM n'a fait l'objet d'aucune plainte auparavant et nous avons été respectés par tous les directeurs qui se sont succédé à la tête de son administration. Il a créé des clans pour semer le doute chez chacun d'entre nous et n'agit pas en toute équité. Pour preuve, les longues absences de ses protégés ne sont jamais sanctionnées. Quant à nous, aucune indulgence”, soulignent-ils dans leur requête. Montrant du doigt l'inspection académique, ils se disent déconcertés par le silence accusé par cette dernière en dépit de toutes les plaintes qui lui ont été adressées depuis 2001. “À chaque fois, on envoie une délégation qui se contente d'appliquer du sparadrap sur une plaie infectée alors qu'une intervention chirurgicale est nécessaire”, font-ils constater. Tout en pensant à l'avenir des élèves, ils regrettent d'observer des grèves, mais ont-ils d'autres recours pour faire entendre leurs doléances quand toutes les voies de la sagesse sont épuisées ? “Loin de nous l'idée de nuire à l'avenir de nos élèves. Et pour preuve, certains d'entre nous sont même parents d'élèves dans ce CEM, mais jusqu'à quand allons-nous supporter ?” interviendra l'un d'eux. On nous fera savoir qu'ils souffrent physiquement et moralement. Certains ont des malaises cardiaques et d'autres sont au bord de la dépression nerveuse. Ils attirent également l'attention de la tutelle sur l'entrave à l'exercice du droit syndical en précisant que leurs représentants (des membres du syndicat) ont été cités à comparaître devant le conseil de discipline. “Pourquoi ? Parce qu'ils ont commis l'erreur de défendre les intérêts et l'honneur de leurs collègues”, s'interrogent-ils. Pour leur part, des parents d'élèves ont saisi, en date du 14 du mois en cours, l'inspectrice de l'Académie d'Alger pour lui demander de leur confirmer la promesse faite par la délégation quant au rattrapage des cours manqués durant la période de grève. De même qu'ils manifestent leurs inquiétudes au sujet des bulletins scolaires non reçus jusqu'à présent. Ils rappellent à l'inspectrice que la même délégation avait promis de trouver une solution au conflit entre la direction du CEM et les enseignants, chose qui n'a pas été faite. Tout en espérant créer, dans les meilleurs délais, l'association des parents d'élèves, ils souhaitent que les sanctions prises contre les professeurs grévistes (retenues sur les salaires des mois de décembre et janvier et convocation de certains d'entre eux devant le conseil de discipline) soient annulées et ce, dans l'intérêt surtout des élèves. “L'enjeu, c'est l'avenir de nos enfants, la dignité des enseignants et la bonne réputation de l'éducation nationale”, disent-ils. A. F.