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“Mon frère est encore vivant”
Ces harragas d'arzew ont Disparu en mer il y a plus de deux mois
Publié dans Liberté le 03 - 04 - 2006

“Les parents, ils meurent chaque jour. Tu ne peux pas deviner combien ils souffrent. Non personne.” Le verbe lourd et le regard qui s'accroche à un semblant d'espoir, Noureddine Mahdani ne veut pas baisser les bras. Il attend, depuis plus de deux mois, la réapparition de son frère Hakim disparu en mer, le 27 janvier dernier, en compagnie de huit autres clandestins embarqués sur un “bôté” voguant vers les côtes espagnoles. “Il a voulu fuir la misère et le chômage, et il n'est pas le seul dans sa situation.” Le raccourci est vite trouvé et la mort pointe au détour de chaque phrase. L'espoir aussi.
Depuis le drame survenu dans la nuit de vendredi à samedi, après quelques heures de navigation sur une mer déchaînée, les familles des disparus ne cessent de hanter les morgues des
hôpitaux à chaque découverte d'un cadavre “vomi” par la Méditerranée. Leurs correspondances sont restées aussi vaines que leurs recherches. “On a écrit au Consul général d'Algérie au Maroc, à celui en Espagne, on s'est adressé au ministère des Affaires étrangères mais aucune suite n'a été donnée à nos doléances”. Le ton monte, celui de la colère et de l'incrédulité. “Qui se soucie de nous ? Aucune réponse, aucune considération. Ecris que personne ne veut nous aider à comprendre et à savoir. Lorsque des harragas marocains ont été secourus par nos garde-côtes, leur consul s'est personnellement occupé d'eux, alors que nous…” Noureddine ressasse ; la fatigue d'un voyage éclair qui l'a conduit, au tout début de la semaine, sur les traces d'une rumeur d'Algériens rapatriés du Maroc creuse ses traits. “Il ne se passe pas un jour sans que je ne me déplace, moi ou les parents des autres victimes à la quête d'informations”. La pêche miracle l'a amené à Remchi, Mostaganem, Tlemcen, Alger, Béni Saf pour s'entendre dire la même chose et ne retrouver, au bout de la route, que des cadavres anonymes allongés sur les tables d'autopsie. “Vendredi dernier, je me suis déplacé à l'hôpital de Mostaganem quand j'ai appris qu'on avait repêché un cadavre, mais ce n'était pas celui de Hakim. Le corps est celui d'un homme, corpulent, portant un bermuda beige, des Adidas blanches et à qui manque une incisive. On ne sait jamais cela peut servir à l'identifier.”
“Qu'on nous aide !”
Malgré tous les doutes, le temps qui file et le fait qu'on a repêché trois corps de ceux qui accompagnaient son frère, au large d'Arzew, dix-huit jours après leur disparition, la famille Mahdani ne veut pas perdre espoir et continue de se cramponner à tout ce qui peut ressembler à de la conviction. On se surprend à faire des parallèles avec une autre expédition, partie deux semaines plus tard, qui a échoué et les corps des haragas rejetés par la mer et on essaye de se convaincre que si naufrage il y a eu, les noyés auraient dû être repêchés.
Les prisons marocaines, espagnoles, un hôpital quelque part où il serait soigné, aucune piste vers l'espérance n'est exclue. “Il y a toujours de l'espoir tant que son corps n'a pas été retrouvé. Il existe 60% de chance qu'il soit encore vivant.” On est loin de la volonté de faire le deuil, et le monde s'est rétréci, pour ces familles, pour ne se résumer qu'à de lointaines salles d'attente, à d'improbables témoignages et aux rumeurs les plus invraisemblables. L'espoir meuble le quotidien dans l'attente de nouveaux bruits de noyés échoués sur quelque rivage, et la course vers la mort de naître derechef.
Au-delà du simple fait divers, du deuil forcé et des tombes sans cadavres, le phénomène des haragas est en passe de se réadapter aux nouvelles contraintes sécuritaires. Si par un passé proche, les candidats à l'aventure transitaient par les cales humides d'un cargo ou d'un céréalier en partance vers l'ailleurs, les mesures, de plus en plus drastiques, pour un embarquement à partir d'un port ont découragé plus d'un ; les jeunes se sont alors rabattus sur la traversée à bord de petites embarcations de pêche. Les fameux “bôtés” ont le vent en poupe depuis que ce phénomène est de mode, et ce n'est pas son prix, estimé entre 36 et 40 millions, qui rebuterait les harragas. Les jeunes ont tendance à cotiser ; généralement ils sont issus d'un même milieu social si ce n'est d'un même quartier, pour s'acheter un glisseur de 4,80 m, l'équiper et s'attacher les services d'un professionnel de la mer pour les amener à bon port. Munies de GPS, ces embarcations pouvant emporter neuf personnes au grand maximum prennent le large à partir des côtes oranaises. Théoriquement, la traversée doit les conduire jusque en terres ibériques, la Sierra de Nevada du côté d'Almeria. Une fois sur place, les harragas, qui se seraient préalablement débarrassés de leurs papiers, se verraient internés dans un camp et relâchés après 45 jours. L'on parle aussi de réseaux organisés qui se mettent en place, à la manière de leurs homologues marocains, pour prendre en charge cette nouvelle clientèle avec des tarifs pouvant varier de 7 à 12 millions par tête de pipe. Les ingrédients sont toujours là, immuables — chômage, malvie, précarité, hogra — pour pousser les jeunes à tenter, même la mort, pour pouvoir s'en sortir. Et avec le beau temps les tentatives d'embarquement vont certainement se succéder et avec elles leur lot de larmes, de mort et d'espoir.
SAïD OUSSAD


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