Près de 150 photographies de Bourdieu seront exposées du 7 au 23 avril prochains au CCF de Constantine. Il a été l'une des figures les plus marquantes de la littérature française, durant les quarante dernières années. Pourtant son engagement et son militantisme, durant la Guerre de Libération en Algérie, ne fera pas l'unanimité et lui vaudra, même, le titre de provocateur, compte tenu de sa vision déterministe du social. Pourtant, il sera récompensé, des années plus tard, par la reconnaissance de ses pairs. Sa disparition, un 23 janvier 2002, laissera derrière elle un immense vide dans le monde littéraire. Issu d'une famille très modeste, Pierre Bourdieu est né un mois d'août de l'année 1930, à Denguin, un petit village des Pyrénées atlantiques. Enfant précoce et vif, il intégrera très vite l'Ecole normale supérieur de la rue d'Ulm, en 1951, avant d'obtenir, à l'âge de 25 ans, l'agrégation de philosophie. Sa rencontre avec l'Algérie se fera grâce à son service militaire, à travers des travaux d'ethnologie qu'il effectuera, deux ans plus tard, lorsqu'il va travailler comme assistant à la faculté des lettres d'Alger. Cette période là sera marquée par la publication de son premier ouvrage intitulé Sociologie de l'Algérie. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, Pierre Bourdieu publiera deux autres livres, non moins importants, à savoir “Travail et travailleurs et le Déracinement,” dont le thème sera autour d'une société en pleine mutation, provoquée par la Guerre de Libération. D'ailleurs, il soutiendra sa thèse à la Sorbonne, en 1962, sur la base d'une enquête monographique, qu'il réalisera auprès de familles algériennes et portant sur l'économie domestique. L'étude lui vaudra de troquer son habit de philosophe émérite, pour se consacrer entièrement à la sociologie. Quatre ans après sa mort, le Centre culturel français lui rendra un vif hommage à travers Un Mendiant à Bab El Oued, un marchand ambulant avec son fils à Orléans-ville, ou le sulfatage des vignes dans la plaine du Mitidja, un enchaînement d'images et de documents, d'une étude ethnographique et sociologique, marquée par les événements tragiques de la guerre coloniale. Ainsi, sous le thème “Images d'Algérie, une affinité élective”, près de 150 photographies seront exposées du 7 au 23 avril prochains, au CCF de Constantine. En 1997, il publiera plusieurs essais, dans lesquels il décrit les massacres en Algérie, mais c'est en 1998 qu'il reviendra sur une étude approfondie de l'histoire des Berbères de Kabylie. Lynda Nacer