Lors d'une conférence de presse dans la capitale espagnole, le Premier ministre sahraoui, Taleb Omar, a affirmé qu'il existait de sérieux “doutes” quant aux intentions de Rabat d'aboutir à un accord avec le Front Polisario. Affirmant que “le Maroc n'a pas modifié sa position ni sa politique visant à légitimer son occupation illégale du Sahara occidental sous différentes formes”, le chef du gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique, Abdelkader Taleb Omar, a exprimé des “doutes” sur les intentions du Maroc de négocier avec son mouvement, comme recommandé par le Conseil de sécurité des Nations unies pour “déboucher sur quelque chose de concret”. “Il existe de forts doutes” sur les intentions de Rabat, a dit le responsable du Front Polisario, qui s'exprimait lors d'une conférence à Madrid mardi soir. Pour étayer son argumentation, il déclarera que “les 30 dernières années sont une période suffisante pour démontrer que l'utilisation de la force et l'appui à l'occupation ne mènent nulle part. Les alliés du Maroc doivent s'engager sur une autre voie pour aider à résoudre le conflit : la voie démocratique”, en faisant allusion à la France et à l'Espagne qui soutiennent le projet d'autonomie marocain. Confirmant, par ailleurs, qu'une mission des Nations unies effectuerait une visite dans la région entre le 15 et le 20 mai pour préparer les négociations directes entre le Maroc et le Polisario, et les modalités de leur déroulement, Taleb Omar rappellera que “le Front Polisario a accueilli avec satisfaction la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies et exprimé sa disposition à entrer dans ces négociations avec honnêteté et sincérité” . Après avoir passé en revue l'histoire du Sahara occidental et le processus de consolidation des institutions de la RASD qui est aujourd'hui reconnue par plus de 80 Etats, le Premier ministre sahraoui déclarera n'avoir pas connaissance de rencontre bilatérale prévue entre le Front Polisario et le gouvernement d'Espagne en réponse à une question d'un participant sur le sujet. Ces déclarations viennent confirmer celles faites au lendemain du vote par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution à l'unanimité, appelant “le Maroc et le Polisario à engager des négociations sans conditions préalables et de bonne foi, en prenant en compte les événements des derniers mois, afin de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”, faite par le représentant du Front Polisario à l'ONU, Mohammed Boukhari. Ce dernier avait indiqué craindre que le Maroc “n'aille pas aux négociations” ou que, s'il y consent, “ne tente de les orienter dans une direction contraire au principe d'autodétermination, vers l'autonomie”, estimant que dans ce cas “ce sera l'échec garanti”. K. ABDELKAMEL