Les agissements de certaines bandes de jeunes, qui filment ou photographient des jeunes filles en tenue de plage afin de leur extorquer des rendez-vous ou pis encore, font aujourd'hui carrément fuir les familles. Du mauvais usage des nouvelles technologies, il y en a bien des cas. Des cas qui ont tellement tendance à se multiplier qu'ils ont fini par se transformer en un véritable phénomène de société, plutôt un fléau, dont les conséquences ne peuvent être que fâcheuses. Il s'agit de vidéos de filles en bikini prises sur les plages à l'aide de téléphones portables équipés de caméras, et qui sont souvent utilisées par cette nouvelle génération de “cameramen” d'une journée de plage comme moyen d'exercer un chantage sur toutes ces innocentes dont le seul péché est décidément celui de s'être rendues sur une plage. Le phénomène est à vrai dire national. Il se développe à un rythme effréné sur toutes les plages de la côte algérienne, d'Est à l'Ouest, mais sur les plages de la wilaya de Tizi Ouzou, à Azzefoun comme à Tigzirt, il a déjà fait des ravages. Il a atteint des proportions telles que de nombreuses familles, voulant éviter tout incident, préfèrent quitter les plages en plein milieu de la journée, et parfois même à peine leurs pieds posés sur le sable. Dans la plupart des cas, le chef de famille, du moins l'accompagnateur, se retrouve désarmé et impuissant face à ces jeunes indélicats. Ces derniers font généralement équipe en venant à la plage. En arrivant, parfois sous l'effet de l'alcool et même de psychotropes, ces bandes de jeunes malintentionnés, et aux yeux desquels tous les jeux semblent permis sur la plage, traquent les “proies” les plus faciles, là où la présence masculine se fait le plus rare. Les affaires de ces indélicats usagers des nouvelles technologies sont mieux arrangées lorsque la fille filmée est déjà connue. “Ils agissent discrètement pour certains et au vu des estivants pour d'autres”, nous dira à la fois abattue et consternée une victime de ce nouveau phénomène, expliquant que dans son cas, “ces cameramen d'une nouvelle espèce m'ont envoyé un bout de papier, ramené par un petit enfant, et sur lequel il m'est bien expliqué que si je n'appelle pas sur le numéro inscrit sur ce bout de papier et que je n'accepte pas le rendez-vous ma vidéo en bikini fera le tour d'Algérie”. La jeune fille, âgée de 25 ans, dit avoir refusé de se soumettre à leur exigence, mais ne cache pas son angoisse, bien que silencieuse, de voir sa vidéo transférée de portable en portable jusqu'à faire le tour d'Algérie comme il lui a été signifié dans le message reçu. Selon certains habitués des plages, certains jeunes opèrent d'une manière très discrète et ne formulent même pas une quelconque exigence. Ils se contentent de prendre des filles en vidéo et de les envoyer vers les portables de leurs amis avant qu'elles ne fassent un large tour, nous a-t-on encore expliqué. Les témoignages se suivent et se ressemblent et surtout aussi inquiétants les uns que les autres. Les parents inquiets, les services de sécurité aussi Interrogés au sujet de ce nouveau phénomène, des parents qui ont pour habitude de se rendre dans les différentes plages de la wilaya, comme dans d'autres plages hors de la wilaya, disent avoir déjà fait l'objet, à plusieurs reprises, d'embêtements sur les plages mais avouent n'avoir pas pris connaissance de l'existence de ce nouveau phénomène qu'ils jugent plus dangereux que le premier tant déjà il est difficile de s'en rendre compte à temps puisque les auteurs agissent dans la discrétion. “Ça ne m'étonnerait guère si des filles venaient à se suicider à cause de ça”, nous lancera un parent, habitué des plages, d'une manière qui cache mal sa profonde inquiétude. Il n'y a décidément pas que les seuls parents qui sont inquiets, mais aussi les services de sécurité qui se sont mobilisés jusque-là d'une manière efficace pour assurer la sécurité des estivants, et pour lesquels il semble difficile, voire même impossible, de faire face de manière efficace à ce nouveau phénomène du moins à court terme. Pour les différents services de sécurité, qui disent avoir pris connaissance de ce nouveau fléau qu'ils considèrent comme une forme de criminalité, la loi est très claire et sera rigoureusement appliquée à ceux qui touchent à la vie privée des autres. Il est vrai que sans la plainte de la victime et sans l'implication du citoyen pour dénoncer les auteurs de tels actes, il serait difficile de lutter contre ce phénomène, mais celui qui se fera attrapé sera immédiatement traduit devant la justice, nous a expliqué une source sécuritaire, soulignant que les agents chargés d'assurer la sécurité sur les plages peuvent désormais procéder à la vérification des portables des personnes dénoncées ou suspectées d'avoir pris en vidéo des filles sur les plages. En fait, les services de sécurité sont autorisés à effectuer des contrôles de portables aux abords des plages. Seulement, ils comptent, disent-ils, énormément sur l'implication du citoyen dans la lutte contre ce nouveau phénomène. Samir LESLOUS
