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Un marché de l'emploi en plein air
L'EMBAUCHE À ORAN
Publié dans Liberté le 18 - 11 - 2007

Sans qualification, sans emploi rémunéré de façon mensuelle, souvent chargés de famille ou bien célibataires par la force des choses, ces hommes travaillent dans un univers à part et chaque jour leur nombre augmente.
Aux premières lueurs de l'aube, la brume marine tombe peu à peu, au loin la cime des arbres émerge à peine de la grisaille. Au coin d'un carrefour, pourtant, un groupe d'hommes accroupis le dos appuyé contre un mur délabré, sont déjà là à attendre. Le cou rentré dans leurs parkas défraîchies, la cigarette entre les doigts, ils essaient de se protéger comme ils peuvent du vent glacial. Durant des heures, ils vont patienter, taper du pied pour se réchauffer, au plus fort de l'hiver, ils allumeront un petit feu autour duquel ils se retrouveront.
Ce sont, pour plagier un auteur célèbre, les damnés de la terre, les “zaouvrias”, les hommes de peine qui, à la journée, vont vendre leur seul richesse, c'est-à-dire leur force de travail. Du côté de Canastel, où encore à Haï Khemisti, ces hommes jeunes et moins jeunes viennent ainsi chaque jour sur ce marché de l'embauche, un marché de l'emploi en plein air où le critère est simplement celui de n'avoir pas peur de trimer, de se casser le dos. Sans qualification, sans emploi rémunéré de façon mensuelle, souvent pourtant chargés de famille ou bien célibataires par la force des choses, ces hommes travaillent dans un univers à part et chaque jour leur nombre augmente. En effet, aux quatre coins de la ville, un entrepreneur, un particulier qui aurait besoin pour une journée, ou pour quelques heures, d'ouvriers, d'hommes de peine, d'hommes de tâche, vient sur ces “marchés” choisir son homme. Une conjonction de lieux s'opère naturellement avec les transporteurs de matériaux de construction, sable, ciment ou briques, qui souvent, eux aussi, stationnent en file indienne en attendant le client. Le camion de 10 tonnes de sable coûtera, selon les fluctuations du marché parallèle, entre 10 200 et 10 400 DA.
Alors pour trouver qui déchargera, rien de plus facile, nos hommes de peine sont là pour ça : moyennant 1 000 DA. Ces derniers sur leur dos déchargeront les camions, ou encore les monteront sur deux étages à bout de bras. Un gagne-pain des plus durs, des plus pénibles qui vous laisse cet homme à la cinquantaine, le dos brisé, les reins rétamés, le cœur faiblard, les bras ballants, quand ils auront eu la chance de ne pas s'être estropiés lors d'un accident de chantier. Bien sûr, ces ouvriers, ces hommes de peine n'ont ni assurance, ni carte de travail, ni contrat de travail, c'est au noir qu'ils travaillent et vivent. Bien souvent, ils ont débarqué à Oran sans rien et alors qu'ils n'avaient rien dans leur douar d'origine. Parfois, ils y ont laissé femmes et enfants au douar. D'autres ont fui le terrorisme, ils avaient un petit lopin de terre, quelques têtes de bétail du côté de Relizane, Sidi Bel-Abbès, Tiaret...
Mourad, un maçon, travaille chez un artisan, il a donc l'assurance que son patron le gardera tant qu'il aura un chantier. Payé 500 DA la journée, il s'arrange pour dormir sur place, faute d'avoir un logis, ne serait-ce qu'une simple bicoque. Mourad raconte avec une pointe de regret : “Je n'ai jamais bien travaillé à l'école que j'ai quittée à la sixième… Mes parents avaient une ferme avec un troupeau à Relizane… Quand les terroristes sont venus, on est partis, on a tout abandonné et on s'est retrouvés à Oran. C'est là que j'ai commencé à travailler sur les chantiers et appris la maçonnerie.” Aujourd'hui, ses parents sont retournés sur leur terre, mais, lui est resté ici où la misère sévit surtout pour ces pauvres fellahs qui n'ont que la bêche pour travailler la terre.
Bien sûr, Mourad, comme son employeur d'ailleurs, n'a aucune sécurité sociale, il n'y pense même pas, il lui faudra des papiers, des actes de naissance. Il vit au jour le jour, de chantier en chantier. Avoir une famille là aussi, c'est un rêve qu'il n'ose effleurer.
Ils sont ainsi des milliers à Oran, qui, aux alentours de la “grande ville”, là où beaucoup sont venus, parce que l'on peut toujours s'y débrouiller…
F. BOUMEDIÈNE


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