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Le caire entre quartiers chics et pauvreté
Alors que la capitale regroupe l'un des plus beaux sites historiques du monde
Publié dans Liberté le 23 - 12 - 2007

Le salaire des fonctionnaires varie entre 300 et 1 000 livres égyptiennes (environ 40
à 120 euros). Le pouvoir d'achat, très bas, incite les employés de l'Etat à avoir une seconde activité lucrative. La pauvreté est l'une des réalités du Caire qui regroupe dans son périmètre quelques-uns des plus beaux sites historiques et naturels au monde.
Le paradoxe trouve parfaitement la profondeur de son sens au Caire. La capitale égyptienne multiplie à souhait les contrastes les plus frappants. Aux interminables embouteillages, aux aspects tristes des immeubles sans aucun revêtement pour la majorité, aux foules compactes qui peuplent rues et ruelles de jour comme de nuit… s'opposent la grandeur du jardin d'El-Azhar et de la célèbre mosquée-université éponyme, la “mysticité” des trois pyramides de Gizeh, le pittoresque du souk Khan El Khalili… Dès l'entrée virtuelle de la ville, on est happé dans un enchevêtrement de véhicules allant dans tous les sens et se bloquant mutuellement dans une cacophonie de klaxons, de vociférations et souvent d'injures. L'embouteillage semble ne pas avoir de fin. À chaque croisement de rue, il devient plus dense, plus difficile à en émerger. Au Caire, les heures de pointe ne sont pas circonscrites dans les horaires d'entrée et de sortie des bureaux. C'est toute la journée et une bonne partie de la nuit que la circulation est encombrée, dans une ville où le respect du code de la route ne constitue point une vertu pour les conducteurs. Les feux de signalisation changent de couleurs sans influer outre mesure sur le rythme des voitures. Même les consignes des agents de police, qui régulent le trafic, ne sont pas suivies à la lettre. Il nous montre des files de véhicules stationnés en deuxième position sur les deux côtés d'une rue très fréquentée et des policiers à proximité qui semblent s'accommoder de la situation. Sans commentaire. Notre interlocuteur nous informe qu'il est, en réalité, fonctionnaire au ministère de l'Habitat. “Je gagne 500 guinehs par mois (environ 65 euros). Je paye 300 guinehs pour la location. Ce qui me reste ne me suffit pas à nourrir ma famille. Le kilo de viande coûte 45 guinehs. Je m'en sors tant bien que mal avec ce que me rapporte le taxi.” Il raconte qu'il émarge, chaque matin, sur la feuille de présence du ministère, s'enquiert auprès de son chef de service du travail qu'il voudrait éventuellement lui confier, puis s'en va à bord de son taxi gagner quelques livres égyptiennes supplémentaires. “Tous les fonctionnaires de l'Etat ont un double emploi. Dans mon service, on s'arrange entre collègues. Nous restons au bureau à tour de rôle.” Des statistiques officielles estiment à 20% le taux de miséreux en Egypte, a indiqué Imad Adly, secrétaire général du Réseau arabe pour l'environnement et le développement (RAED), lors de son intervention au séminaire consacré aux journalistes et l'environnement du 1er au 3 décembre à l'hôtel Intercontinental Resort Pyramides du Caire. Il a expliqué que les autorités incluent dans leurs chiffres les personnes qui vivent avec moins de 2,5 dollars américains par jour, soit environ 14 livres égyptiennes. L'érosion du pouvoir d'achat est un mal dont souffrent inexorablement les Cairotes. Les prix des produits de large consommation ont doublé, voire triplé en quelques années. Ce qui semble dérisoire pour les étrangers, qui dépensent des monnaies hautement cotées (euro, dollar, livre sterling…), relève de l'exorbitant pour l'Egyptien moyen. Le Cairote sait, néanmoins, profiter de la crédulité des visiteurs pour se remplir un peu les poches. La course en taxi, si elle n'est pas bien négociée, revient deux, trois fois parfois nettement plus chère que le tarif régulier. Le marchandage est aussi de rigueur dans les marchés et les magasins. Les prix augmentent et baissent au gré des allées et venues des badauds et surtout à la tête du client. Les coûts pratiqués pour les Occidentaux sont largement au-dessus de ceux demandés aux étrangers arabes, qui payent eux-mêmes plus que les Egyptiens. L'entrée au plateau de Giseh, d'où s'élèvent deux merveilles du monde : les trois pyramides et la statue du Sphinx (Abou Houl pour les Egyptiens), est facturée 50 livres égyptiennes pour les Occidentaux et uniquement 2 livres égyptiennes pour les Arabes, astreints à prouver leur nationalité par la présentation de leur passeport au guichet. Sur le site, qui accueille quotidiennement des centaines de touristes, attirés par la magnificence de la grande pyramide de Khéops et celles de Khephren et Mykérinos (les trois monuments forment, avec la statue du Sphinx, un ensemble indissociable sur le plateau de Giseh), des Cairotes vendent des souvenirs. D'autres ont trouvé un meilleur filon. Lors de notre visite du site avec un groupe de huit journalistes (1 Algérienne, 3 Marocains, 2 Jordaniennes, 1 Libanais et 1 Soudanaise), un jeune homme nous interpelle en se faisant passer pour un guide.
Devant la réticence du groupe à le suivre, il a assuré qu'il ne demanderait aucun sou puisque son tarif est compris dans le ticket que nous avons pris à l'entrée. Il nous montre, pour attester de sa bonne foi, un monument funéraire, puis nous oriente immédiatement vers un troupeau de chevaux gardé par des gamins. Il nous propose d'emblée une chevauchée d'une demi-heure autour des pyramides pour 20 livres égyptiennes. Après moult hésitations, nous acceptons la promenade. Il demande un paiement à l'avance. Dès que l'argent est encaissé, il nous confie aux gamins et tourne les talons, prêt à partir. La consœur marocaine insiste pour qu'il reste sinon elle annule la courte randonnée. Il consent à nous accompagner à condition de lui donner 50 livres égyptiennes en sus d'un bakchich remis à chacun des gosses qui guideront les chevaux. En vingt minutes, il a gagné l'équivalent d'au moins une semaine de salaire dans une administration. Et encore parce que nous sommes Arabes, il n'a pas mis la barre très haut. Les rabatteurs pullulent aussi dans les stations de taxis, les terrasses de café, les rues commerçantes… Le bakchich est érigé en règle dans les grands hôtels qui longent le Nil (Sheraton, Hyatt, Hilton…) ou les sites touristiques. Tous les moyens sont bons pour gagner de l'argent dans une ville où les conditions de vie sont précaires pour la majorité de la population cairote.
17 millions d'habitants et le sens de la débrouille
Officiellement, quelque 17 millions de personnes vivent dans la capitale égyptienne. Un chiffre arrondi à 30 millions de personnes par la vox populi qui intègre, dans ses comptes, les habitants de la périphérie, lesquels travaillent au cœur de la métropole. Le Caire est l'une des villes les plus peuplées au monde et la plus grande — de par la densité urbaine — au niveau continental. Elle concentre, en son sein, la moitié des activités administratives et économiques de l'Egypte tout entière. Elle s'agrandit de manière tentaculaire et anarchique, dit-on, afin d'absorber sa population massive. Elle est assimilée aussi à l'une des plus attractives destinations touristiques grâce aux vestiges antiques de la civilisation pharaonique, mais aussi d'autres lieux et monuments historiques à la renommée mondiale, à l'instar de la mosquée d'Al Azhar, la citadelle de Ali ou encore le souk turc Khan El Khalili, datant de plus de six cents ans. Le vieux bazar, configuré dans un labyrinthe de ruelles étroites bordées d'échoppes d'artisanat, d'orfèvrerie, de tapis, d'essences de parfum et d'épices, grouille continuellement de Cairotes, amateurs de la chicha (narguilé), mais aussi de touristes. Ces derniers se rendent dans ce marché pour acheter des souvenirs beaucoup moins chers, à condition de savoir négocier. Le grand point d'affluence demeure toutefois le fameux café Fishaoui que le prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz avait coutume de fréquenter. Le vécu de la hara (quartier populaire), telle que connue à travers les feuilletons égyptiens dont raffolent les ménagères algériennes, est partiellement recréé dans cet endroit abordé par la mosquée d'El Hassan et El Hossein. S'il n'est pas vraiment le quartier le plus pauvre du Caire, l'ambiance de Khan El Khalili se situe aux antipodes du chic caractérisé des Zamalek, traversé – pour l'anecdote — par la rue d'Alger. Le quartier conglomère les sièges d'ambassades et les plus belles propriétés de la ville. “Dans ce quartier, les loyers se payent en dollars”, indique le chauffeur d'une agence de voyages, qui nous emmenait à l'aéroport, le soir de notre retour au pays. Il nous montre le quartier El Mouhandissin, résidentiel mais moins huppé. C'est là que vivaient deux emblèmes de la chanson arabe : Abdelhalim Hafedh et la diva Oum Keltoum. “Malheureusement, les jeunes n'écoutent plus vraiment ces vieilles chansons. Ils sont fans de jeunes chanteuses comme Nancy Ragrem ou Elyssa. Leurs clips influencent négativement notre jeunesse”, commente notre chauffeur. Il s'indigne contre la propagation du port du hidjab à l'occidentale. “Les femmes mettent le foulard, mais s'habillent de vêtements serrés et se maquillent beaucoup. À quoi bon s'encombrer alors du voile ?” Le port du voile est tendance dans de nombreux pays arabes. Au Caire, les mariées le gardent durant toute la cérémonie des noces. Les jeunes filles aiment à l'arborer avec coquetterie. Encore un paradoxe dans une ville —et certainement tout le pays — qui affiche des signes ostentatoires de religiosité. Des enregistrements de versets du Coran sont diffusés dans 90% des magasins quelle que soit la nature des articles vendus, mais aussi dans les cafés et restaurants. Au moment de la prière, chacun met son tapis à terre et accomplit cette obligation de l'islam sans s'embarrasser de la présence des clients.
S. H.


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