Dix-sept personnes, dont onze militaires de l'armée libanaise, ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur les manifestations violentes qui ont fait sept morts et plusieurs dizaines de blessés, le 27 janvier à Beyrouth, dans le secteur de Mar Michael-Chiyah. La police militaire a ordonné l'arrestation de trois officiers, deux sous-officiers et six soldats ! Le jeu trouble de l'armée est d'autant préoccupant que l'incident meurtrier s'est déroulé dans le quartier chiite de la capitale libanaise. La manifestation protestait contre les coupures de courant dans le sud populaire de Beyrouth et toutes les personnes tuées lors de ces violences étaient des chiites, militants des partis Hezbollah et Amal, piliers de l'opposition libanaise, qui a demandé une enquête rapide. Le Hezbollah a exhorté l'armée à identifier au plus vite les meurtriers, affirmant que c'était là le seul moyen de contenir la colère de la population. D'autres figures de l'opposition ont directement attribué à l'armée la responsabilité des fusillades. Le chef de l'armée, Michel Sleimane, qui est en outre le candidat de consensus pour l'élection présidentielle, a promis une enquête transparente lorsqu'il a rendu visite au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et au responsable d'Amal Nabih Berri. Certains se demandent si l'incident de Mar Michael-Chiyah n'a pas été orchestré pour tendre les relations entre Nasrallah et Sleimane et compromettre les chances de ce dernier de se faire élire à la présidence. L'armée était restée une institution crédible pour ne pas avoir pencher pour l'un ou l'autre des protagonistes de la crise libanaise. La presse libanaise dit craindre que ces manifestations sanglantes ne soient le prélude à une nouvelle guerre civile, rappelant que le conflit de 1975-1990 avait commencé dans ce secteur chiite à partir des quartiers d'Aïn el-Remmaneh et de Chiyah. D. B.