À ce rythme, les objectifs fixés par le ministre français de l'Immigration pour l'année 2008, soit 26 000 expulsions, seront non seulement atteints mais largement dépassés. C'est dire que la chasse aux immigrés clandestins bat son plein en France. Cela découragera-t-il les harraga ? Invité de l'émission “Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro”, Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration, a affirmé que “du 1er mai 2007 au 30 avril 2008, il y a eu 28 778 reconduites, c'est-à-dire que les objectifs sont totalement atteignables”. Ces chiffres démontrent que depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'élysée, lequel avait promis dans sa campagne électorale de s'attaquer à ce phénomène, la chasse aux sans-papiers fait réellement partie des priorités des autorités françaises. La tâche est tellement prise au sérieux, que Brice Hortefeux n'hésite pas à dire que “pour la première fois depuis une génération”, le nombre de clandestins avait “commencé à diminuer”. Il a estimé la baisse à 6 %. Selon lui, cette diminution s'explique par “un certain nombre d'indicateurs”, dont les statistiques des refoulements, des reconduites à la frontière et des “bénéficiaires de l'aide médicale d'Etat”, laquelle est “en baisse de 4 %”. Partant de ce constat, il n'a pas hésité à assurer qu'“il y a un mouvement qui s'inverse”. Prié de donner le nombre d'immigrés illégaux, le ministre de l'immigration a indiqué qu'il se situe dans une “fourchette entre 200 000 et 400 000”. Poursuivant sur le même sujet, il a qualifié d'“extrêmement limité” le mouvement des travailleurs sans papiers en Ile-de-France, tout en réitérant son exigence d'une régularisation “au cas par cas”, renvoyant aux “critères” fixés par son département. Revenant à l'objectif de 26 000 expulsions en 2008 fixé par le président Nicolas Sarkozy, Hortefeux é estimé qu'“elles sont totalement atteignables”, pour ne pas dire qu'elles seront largement dépassées. Quant aux travailleurs sans papiers en Ile-de-France, actuellement en grève pour leur régularisation, le ministre a déclaré que “c'est un mouvement qui est extrêmement limité puisqu'il y a à peu près 1 000 personnes, aux alentours de 1 000 dossiers qui ont été déposés” à la préfecture, et que la régularisation en cours “se limitera à quelques centaines” sur le millier de dossiers déposés. Il a précisé qu'à la date de samedi dernier, 260 d'entre eux avaient été régularisés en obtenant un titre de séjour. Cependant, il a exclu à nouveau l'idée d'une régularisation massive, en prévenant : “Je n'irai pas dans cet engrenage” de la régularisation en bloc. En d'autres termes, “pour venir sur le territoire français, il faut y être autorisé”, a-t-il averti. Avant d'ajouter : “Il n'est pas question qu'il y ait aujourd'hui une prime à l'illégalité.” À signaler cette réaction du secrétaire national à l'égalité du Parti socialiste français, Faouzi Lamdaoui, qui a dénoncé l'échec de la politique migratoire du gouvernement, la qualifiant de “répression et d'exclusion”. D'après lui, “réduire la question migratoire à un chiffre d'expulsions annuelles est inadmissible. L'éloignement des étrangers en situation irrégulière ne peut être que la conséquence de l'application d'une politique et ne doit pas en constituer le seul objectif”. K. ABDELKAMEL