Un vibrant hommage a été rendu jeudi dernier aux sœurs d'origine algérienne. Leur famille pleure la perte de “deux anges”. Ni leur famille, ni leurs amis, ni les voisins, ni les journalistes et ni la police ne savent encore pourquoi Yasmine et Sabrina Larbi-Cherif ont été tuées dans leur appartement à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre. Jeudi dernier, les portraits joviaux et insouciants des deux sœurs d'origine algérienne, étaient publiés par l'ensemble de la presse britannique. Une grande photo barrait la une du quotidien gratuit à très grand tirage Metro. Pendant ce temps à Birmingham, les médecins légistes poursuivaient l'autopsie des deux corps, horriblement mutilés. “Ils baignaient dans une mare de sang”, a révélé le détective Dave Mirfield, dans la conférence de presse qui a suivi la découverte des dépouilles. Yasmine et Sabrina ont été poignardées et frappées à coups de crosse, à plusieurs reprises. Des traces de sang sur les murs de toutes les pièces du domicile, sont les empreintes d'une attaque qualifiée de “barbare et acharnée” par la police. La découverte macabre a eu lieu lundi dernier en fin d'après-midi. Le concierge de l'immeuble Calipso, une résidence confortable dans un quartier huppé de Birmingham, force la porte de l'appartement situé au quatrième étage, à la demande de proches, inquiets de ne pas recevoir de réponses à leurs coups de fil. Il est horrifié par le spectacle qui s'offre devant lui. Le logement est dévasté. Le sang est partout. Aussitôt alertée, la police arrive avec une équipe d'experts. Dans la soirée, l'information est relayée par l'ensemble des médias. Mais à ce moment, personne ne sait encore qui sont vraiment les victimes. Elles sont identifiées formellement le lendemain par leur frère. Mercredi, le détective Mirfield révèle leurs noms à la presse. Yasmine et Sabrina Larbi-Cherif sont les filles d'un ancien haut représentant de Sonatrach au Royaume-Uni. Elles avaient respectivement 22 et 19 ans. L'aînée était une étudiante en biochimie et sa cadette devait entamer des études de français à l'université de Birmingham. Les journalistes britanniques se sont largement inspirés d'un enregistrement qu'elles ont posté sur Facebook pour décrire des jeunes filles qui mordaient la vie à pleines dents. Sur la cassette, elles font de grands sourires à la caméra. Dans une séquence, Sabrina apparaît seule jouant de la guitare. Dans une autre, Yasmine relate sa vie au Royaume-Uni et surtout la passion qu'elle cultive pour la danse et pour le patrimoine culturel algérien. À Birmingham, elle avait pour habitude de fréquenter un club de danse où elle donnait des cours. La famille Larbi-Cherif s'est installée en Grande-Bretagne il y a dix ans. Alors que leurs mère vit à Wembley, au nord de Londres, les jeunes filles ont choisi Burmingham pour les besoins de leur scolarité. Un des amis des défuntes n'a pas tari d'éloges à leur sujet. “Elles étaient toutes les deux brillantes, intelligentes et respectables. Elles sont issues d'une famille honorable”, a-t-il indiqué. Son témoignage se voulait une mise au point à des commentaires désobligeants que certains voisins ont fait sur la conduite des jeunes filles. Dans ses déclarations, la police a tôt fait aussi d'infirmer ce genre d'allégations. Un habitant de l'immeuble Calipso assure avoir croisé dans la soirée du crime, dans les escaliers, l'une des jeunes filles et un groupe d'invités, de jeunes hommes, qui parlaient une langue étrangère. Une autre voisine dit avoir entendu pendant la nuit les bruits d'une dispute et d'objets projetés au sol. Pour les besoins de l'enquête, la police a interrogé tous les locataires. Par ailleurs, elle a procédé avec soin à l'examen des vidéos de surveillance pour identifier le ou les meurtriers. Mardi dernier, un homme de 28 ans était arrêté au port de Douvres alors qu'il s'apprêtait à monter à bord d'un car-Ferry à destination de Calais en France. Depuis, il a été transféré à Birmingham où il est interrogé par les inspecteurs. De lourds soupçons pèsent sur lui. Selon le détective Mirfield, il pourrait être une connaissance des victimes. Dans l'immeuble Calipso, une grande psychose s'est emparée des occupants et ce, malgré les assurances de la police qui évoque un incident isolé. Ce meurtre horrible a également jeté un vent d'effroi au sein de la population de Birmingham et, plus généralement, dans tout le Royaume-Uni. Il faut dire que l'assassinat des sœurs Larbi-Cherif est le dernier dans une succession de crimes tout aussi odieux. Il y a un mois, un jeune couple chinois avait été torturé à mort dans son appartement à New Castle. S. L-K.
