Depuis de nombreuses années, le Front de libération nationale au niveau de Mascara ne cesse d'être secoué par des querelles internes et des luttes de pouvoir fratricides. De même lorsqu'ils accèdent au pouvoir, à l'hémicycle, à l'assemblée populaire de wilaya ou à l'assemblée populaire communale, les élus du FLN s'entre-déchirent souvent pour quelques honneurs ou prébendes. Ainsi, l'ex-mouhafedh qui refuse de restituer les clés de la mouhafada au nouveau patron des lieux à la rue 1er Novembre. Celui-ci pourtant désigné officiellement par le chef de file du parti, en l'occurrence, Abdelaziz Belkhadem, a sérieusement bousculé l'ex-parti unique. C'est surtout son refus d'obéir au secrétaire général du FLN, qui ne supporte aucune contradiction, spécialement quand il pointa du doigt la désignation du nouveau mouhafedh par la direction nationale de l'ex-parti unique, comme au bon vieux temps. Lui-même a été désigné par Belkhadem à l'époque, mais ayant très mal supporté le coup de son éviction du logis de la mouhafada, l'ex-narrateur s'explique dans les colonnes d'un quotidien arabophone daté du 30 avril dernier, en dénonçant les manœuvres de son ex-patron : «Les engagements non tenus du secrétaire général du parti sur la question du rajeunissement des militants, cadres, de l'égalité des chances et les compétences élitistes pour une réelle ouverture du parti prouvent le caractère injuste de cette décision de m'écarter du haut de la liste». L'ex-mouhafedh, qui a toujours la clé du sésame de la rue du 1er Novembre, récidive en ajoutant : «Je ne reconnais ni la décision du secrétaire général, ni son mandat. On a placé un vieux de la vieille qui dépasse les soixante-dix ans». La fin de la cogestion ou la désignation du nouveau mouhafedh contesté par son rival, se fait donc au bénéfice de l'âge. «J'accuse», ce mot étrangement rejoint à chaque fois les propos de l'ex-mouhafedh, qui se vantait, il n'y a pas si longtemps d'être la «rouflaquette» de Belkhadem pour une autre place au soleil à la mouhafada, et par voie de conséquent, un investissement idéal vers la députation. L'ex-mouhafedh, qui est rentré en conflit frontal avec son parti, ne peut faire marche arrière, et revendique son amour soudain aux valeurs radicales, voulant obtenir coûte que coûte le soutien indéfectible à sa cause, en fomentant un obscur comité de famille via un communiqué laconique émargé par 250 personnes portant un cachet de la mouhafada, qui aspirent à une radicalisation de l'action, et dont une copie nous a été délivrée. Le résultat de cet affrontement et les ambitions personnelles de l'ex-mouhafedh pour se succéder à lui-même, sont des informations qui font état qu'on l'aurait gentiment poussé vers la porte de sortie, vu les divers rapports de militants, cadres des différentes kasmas, qui ont atterri sur le bureau de Abdelaziz Belkhadem. Les diverses démarches d'appareil des listes des kasmas, qui ne sont pas à ses premières cuvées, des manœuvres dilatoires, dans ce qui est communément appelé «additions-soustractions», du style copains-coquins, n'ont pas été du goût du secrétaire général du parti. Pour rappel, le 29 septembre 2009 une correspondance a émané du secrétariat exécutif du Front de libération nationale, sous le numéro : 23/KT/2009, reprochant à l'ancien mouhafedh son iniquité dans le traitement des dossiers des militants, complaisance, subjectivité et autres prises de décisions immatures sans consulter la base surtout dans l'inobservation de la directive numéro 11, du secrétaire général, toujours piétinée au niveau local par son premier ex-locataire. La goutte qui a fait déborder le vase, dans une mouhafada, a été en quelque sorte privatisée à des fins claniques, complètement fermée aux autres, et les militants et cadres du parti ont vu d'un mauvais œil cette méthode de conquérir la mouhafada par les additions et soustractions en tripotant à droite et à gauche dans les douars. L'affaire de la mouhafada de Mascara, incapable de trouver une issue de sortie honorable à cette nouvelle crise qui frappe de plein fouet un parti livré aux quatre vents de la contestation, verra comme ultime solution la présence d'un huissier de justice pour changer les serrures d'une mouhafada familiale. Durant le mandat de l'ex-mouhafedh qui s'agrippe toujours à son siège éjectable, politiquement complexe, des divisions internes et des querelles de personnes via des rapports de force et des luttes d'influence relayés par la presse accréditée ont nui à la cohésion du groupe en même temps qu'elles sapaient l'image du Front de libération nationale. La décision de désigner un nouveau mouhafedh, dont ses détracteurs disent que c'est une personne «âgée». Le secrétaire général ambitionne de créer un miracle qui constituera à faire du neuf avec du vieux. Les militants et cadres attendent avec impatiente cette heureuse alchimie dont la trouvaille se relèvera aussi périlleuse que le fut le mandat de l'ex-mouhafedh. A l'approche des élections législatives, certains qui ont perdu se souviendront de cette citation célèbre : les pommes de terre cuites sont tellement plus faciles à digérer que les pommes en terre cuite ! Manseur Si Mohamed