Des centaines d'islamistes liés au courant salafiste ont attaqué hier la télévision privée Nessma. Au même moment, des dizaines d'autres ont pris d'assaut l'université de Sousse. Les assaillants reprochent à la télévision d'avoir projeté un film d'animation qui, selon eux, avait heurté la sensibilité des musulmans. Le film en question Persépolis décrit le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d'une petite fille. Sitôt alertés, les forces de police tunisiennes se sont rendues sur les lieux. Après avoir délogé les protestataires, un mur humain composé de forces de l'ordre a été tissé autour du siège de la télévision. A l'heure où nous mettons sous presse, des affrontements opposent toujours les forces de l'ordre et les islamistes aux alentours de la télévision. Le directeur de la chaîne Nessma a déclaré aux journalistes que la chaîne a reçu des menaces de mort quelques instants après la diffusion du film. Au même moment, des dizaines d'islamistes ont envahi l'université des lettres et des sciences humaines de Sousse (140 km de Tunis), dans le Nord-Est du pays. Ces derniers protestent contre le refus d'inscription opposé par les autorités universitaires à une étudiante voilée. «Le secrétaire général de l'université a été agressé ce matin avec beaucoup de violence par un groupe d'extrémistes religieux», a déclaré Moncef Abdoul Djalil, doyen de la Faculté de lettres et de sciences humaines de l'université de Sousse. Selon des sources de foi, des dizaines d'islamistes ont manifesté devant la Faculté de lettres avant d'envahir le bâtiment en brandissant des banderoles réclamant le droit des étudiantes à porter le niqab. Réagissant à ces événements, le leader islamiste du parti Ennahda a condamné la provocation dont fait l'objet le peuple tunisien musulman.
