Hormis les électeurs habitués à aller aux urnes, une grande partie des personnes rencontrées aux centres de vote, notamment les jeunes, a affirmé que la décision de prendre part aux législatives, n'a été prise que suite au discours du président Bouteflika à partir de Sétif. «Je n'allais pas voter parce qu'aucun parti ne m'a convaincu et je ne croyais plus aux fausses promesses mais je ne pouvais pas rester passif devant l'appel de l'homme qui a tant donné pour nous. Je vote donc pour Bouteflika et j'espère que ces législatives pourront être à la hauteur des espérances du pays», nous dit Lamine, 20 ans, rencontré dans un centre de vote à Alger. En effet, des jeunes hommes et jeunes femmes, étudiants, travailleurs ou même chômeurs disent avoir été encouragés à accomplir leur droit et devoir de vote par le discours «clair et significatif» du président de la République qui a surtout laissé comprendre qu'il ne se présentera pas aux prochaines présidentielles et que c'est aux jeunes maintenant de prendre la relève et de s'occuper de leur avenir et celui de leur pays. Pour les citoyens les plus âgés et particulièrement la population qui a vécu la guerre de la Libération, «le pays est à l'heure de changements de base à partir de dirigeants qui doivent être des plus honnêtes envers leur patrie afin de préserver sa stabilité et surtout sa souveraineté face à toutes les menaces qui surgissent.» Une préoccupation partagée donc par tous et exprimée solennellement par le taux de participation de 44,38% au niveau national et de 14% à l'étranger, soit un taux total de 42,36% soit 7% de plus que lors des législatives de 2007 (36,51%). Lors de l'annonce officielle du taux de participation, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a mis l'accent sur une «nouveauté» s'agissant de l'enregistrement de taux relativement élevés au niveau des wilayas qui ne participaient pas en grand nombre aux élections précédentes à l'exemple de Béjaïa avec un taux inattendu de 25,11%, Tizi Ouzou avec 19,84% et Alger avec un taux d'adhésion de 30,84%. En citant ces wilayas en particulier, le ministre a mis en exergue la prise de conscience des citoyens qui s'abstenaient auparavant, peu convaincus de l'importance des législatives bien que, pour ces citoyens, la campagne électorale était «inutile». Il a de même noté que le taux le plus élevé a été enregistré au Sud du pays avec plus de 60%. Selon le ministre, sur le territoire national, pas moins de 19 wilayas ont enregistré des taux de plus de 50%. Pour ce qui est du climat général du déroulement des élections, le ministre de l'Intérieur a affirmé que « tout s'est bien passé dans le calme à part quelques petits problèmes rapidement gérés et réglés». Un constat confirmé par les observateurs étrangers rencontrés dans les différents centres à Alger sur les 500 présents sur le territoire national à l'occasion du scrutin de ce 10 mai dont des représentants de l'Union africaine, de l'Union européenne et de l'Union arabe. Risque zéro pour les services de sécurité Conscients des risques éventuels en matière de sécurité lors des évènements importants et sensibles, l'armée, la gendarmerie et Sûreté nationale ont déployé dès le début de la campagne électorale tous les moyens humains et matériels afin d'assurer une sécurité maximale et faire face à toute intention criminelle notamment dans les grandes villes et les régions où quelques groupes terroristes sévissent encore. En effet, villes, lieux publics et axes routiers ont été fortement investis par les éléments de la sécurité, chaque corps selon ses compétences territoriales. Alors que l'Armée nationale continue son combat contre le terrorisme dans les maquis et les régions éloignées, la gendarmerie assure la continuité dans les zones rurales, les axes routiers et les secteurs relevant de ses compétences dans les différentes wilayas et ce, en mettant tous leurs services en état d'alerte pour un risque zéro. Une tournée aux centres de vote à Alger permet de constater une présence massive de six à dix gendarmes dirigés par un officier de la police judiciaire par établissement et aux alentours avec pas moins de 500 gendarmes rien que pour la capitale. Pour les éléments de la Sûreté nationale, un déploiement important aux centres urbains et aux axes routiers avec un renfort notable, a marqué la journée de jeudi. A noter, également, un déplacement important dans ces circonstances du général-major Hamel la veille du scrutin dans la wilaya de Tizi Ouzou où l'insécurité fait toujours menace, afin de s'assurer du dispositif mis en place et donner les dernières instructions que ce soit en matière de lutte contre la criminalité, du maintien et du rétablissement de l'ordre public et surtout en matière d'accomplissement de toutes les missions en respectant la quiétude et la tranquillité des citoyens. A l'heure où nous mettons sous presse, aucune activité criminelle, ni incident majeur n'ont été enregistrés, selon les commandements des différents services de sécurité.