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8 Mai 1945
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 07 - 2012

Pour célébrer la chute de l'Allemagne nazie, les nationalistes algériens des Amis du manifeste et de la liberté (AML) de Ferhat Abbas et du PPA (dissous) de Messali Hadj (en résidence surveillée) organisent un défilé à Sétif avec les drapeaux alliés en tête.
Des pancartes et drapeau algériens sont déployés. Les pancartes portent les slogans Libérez Messali, “Vive l'Algérie libre et indépendante, Vive la charte de l'Atlantique, A bas le colonialisme. Bouzid Saâl, qui refuse de baisser le drapeau algérien qu'il brandit, est assassiné par un policier à bout pourtant. Cela déclenche une émeute qui sera suivie d'une répression atroce. Au printemps 1945, l'ambiance est tendue parmi la population européenne. Des bruits alarmistes circulent sur un imminent soulèvement musulman. D'autant que l'Algérie connaît depuis quelques mois une situation alimentaire catastrophique, résultat de l'absence de presque tous les hommes valides. Messali Hadj est déporté à Brazzaville le 23 avril 1945. Le PPA organise, le 1er mai, dans tout le pays, des manifestations qui se veulent pacifiques et sans armes, et où pour la première fois est brandi un drapeau algérien. Les manifestations se sont passées dans le calme sauf à Alger et à Oran où ont eu lieu des affrontements avec la police ; la répression était brutale faisant plusieurs morts. Quelques jours plus tard, c'est l'annonce de la reddition allemande. C'est la fin de la guerre : des manifestations étaient prévues un peu partout pour le 8 mai. Répression et massacres A Sétif, le rassemblement séparé des manifestations officielles est autorisé à condition qu'il n'ait pas un caractère politique. Aucune bannière ou autre, symbole revendicatif n'est toléré. Un drapeau autre que celui de la France ne doit en aucun cas être déployé. Les slogans anti-français sont également interdis tout comme le port d'armes, de bâtons ou de couteaux. Les manifestants envahissent les rues dès 8 heures du matin. Estimés à plus de 10 000 personnes, ils se mettent en branle chantant l'hymne nationaliste Min Djibalin (du haut de nos montagnes). Ils défilent avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs du nazisme. Bravant l'interdit, ils brandissent aussi des pancartes sur lesquelles des tracts significatifs sont inscrits comme Libérez Messali, Nous voulons être vos égaux ou A bas le colonialisme. Le pas est franchi. Quelques instants plus tard, et alors que la tension monte de plusieurs crans, c'est en chiens de faïence que se regardent manifestations et policiers déployés en grand nombre en cette journée de fête qui ne tardera pas à tourner au drame. met la poudre au feu. En tête de la manifestation, Aissa Cheraga, chef d'une patrouille de scouts musulmans, arbore le drapeau algérien, l'occasion pour le commissaire Olivieri de s'en emparer. Nul ne sait quelles étaient ses intentions mais c'est trop tard puisque la situation dégénère et prend une tournure tragique. Selon un témoin, des Européens, en marge de la manifestation, se précipitent sur la foule et y mettent leur grain de sel. Les porteurs des bandroles et des drapeaux refusent de céder aux injonctions des policiers. Un jeune homme de 26 ans, Bouzid Saâl, est abattu par un policier. Les autres policiers lui emboîtent le pas en ouvrant le feu à leur tour. C'est la panique générale. Il a fallu du temps pour que les choses reviennent à la normale. L'entrée persuasive des tirailleurs a fait craindre le pire. Mais, comme si tout le monde s'est donné le mot, la manifestation de Sétif fait tâche d'huile et un mouvement similaire est signalé dans différents villages envornnants. A Aïn Kebira, Beni Aziz, Amouchas, Kherrata et bien d'autres villages, les indigènes affichent bruyamment leur élan de solidarité à leur frères de Sétif. Le soir même, c'est la ville de Guelma qui plonge dans l'horreur. Le sous-préfet Achiary, un ancien résistant, ordonne de tirer sur les manifestants. Des renforts convergent vers la ville pour ramener le calme et, le cas échéant, utiliser la manière pour dissuader les manifestants à continuer leurs mouvements. Un bataillon d'infanterie de Sidi Bel Abbès arrive le 9 dans la journée pour évacuer les Européens encerclés par les émeutiers. Les massacres des jours suivants Dans un télégramme daté du 11 mai 1945, le général de Gaulle, chef du gouvernement français provisoire, ordonne l'intervention de l'armée, sous le commandement du général Duval, qui mène une terrible répression contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l'aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, soit deux milles hommes. Ces troupes viennent de la Légion étrangère ; des tabors marocains, qui se trouvaient à Oran en passe d'être démobilisés et qui protestent contre cette augmentation imprévue de la durée de service, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis et des tirailleurs en garnison à Détif, Kherrata et Guelma. La répression, menée par l'armée et la milice, est d'une incroyable violence : exécutions sommaires, masacres de civils, bombardements de mechats. Le croiseur Duguay-Trouin et les contre-torpilleurs Le Triomphant, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bejaia sur la région de Sétif. L'aviation bombarde plusieurs agglomérations. Une cinquantaine de mechats sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux. De nombreux corps ne peuvent être enterrés. Ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata. Pendant deux mois, l'Est de l'Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière. Un journaliste américain écrira : I twas an open season, pour décrire la chasse à l'homme, à l'indigène devenu une cible sur laquelle les soldats tirent à bout pourtant. Les corps des victimes gisaient partout, dans toutes les rues de ces villes meurtries et sans défense. Les milices poussent l'horreur jusqu'à exécuter sommairement successivement des dizaines, voir des centaines d'Algériens qui, avant de mourir, devaient creuser leurs tombes. A Guelma, les prisonniers sont transportés en dehors de la ville, à Kef El-Boumba, près d'Héliopolis, où ils sont tous abattus. Des corps arrosés d'essence sont brûlés sur la place publique ou dans les fours à chaux. Des groupes entiers de prisonniers, enchaînés et alignés, sont écrasés par les roues de chars, des nourrissons sont pris par les pieds pour être projetés contre les rochers. Les blindés et l'artillerie, aidés par l'aviation, pilonnent toutes les zones de dissidence. L'horreur avait atteint son comblé. De nombreux musulmans, dirigeants politiques et militants, du Parti du Peuple Algérien (PPA), des Amis du manifeste des libertés ( AML) (dont le fondateur Ferhat Abbas) et de l'association des oulémas furent arrêtés. Lorsqu'une faction ou un douar demandait l'aman ( le pardon), l'armée réclamait les coupables. Le 28 février 1946, le rapporteur de la loi d'amnistie ( qui fût votée) déclarait en séance : Quatre mille cinq cents arrestations sont effectuées, quatre-vingt-dix-neuf condamnations à mort sont prononcées, soixante-quatre condamnations aux travaux forcés à temps. Deux mille cinq cents autres indigènes attendent encore d'être jugés. La répression prend fin officiellement le 22 mai. L'armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en ch?ur : Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien. des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés. Pendant de long mois, les Algériens musulmans continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, au bruit de chaque mouvement suspect du colonialiste. Les évènements de Sétif, Guelma et Kherrata sont les précurseurs de lendemains encore plus sanglants mais aussi de la naissance de mouvements indépendantistes prêts à entrer en action pour libérer le pays du joug colonialiste. Le 8 mai 1945, plus de 45.000 Algériens ont trouvé la mort dans une répression jamais égalée. Ces tueries, au lieu d'asservir l'indigène, l'ont au contraire encouragé à réfléchir à la manière de faire plier l'ennemi. Le CRUA, né bien après la dissolution de l'OAS, a décidé de passer à l'action. Celle-ci surveindra le 1er novembre 1945 quand ces mêmes indigènes ont décidé de découdre avec l'ennemi.

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