La Coupe du monde arrive, notre championnat se retire à petit pas. Les champions sont déjà au septième ciel. Certaines émissions sportives des télés privées cherchent à séduire pour mieux se positionner. Les grandes pontes du football national ont beau s'agiter et jurer qu'ils disposent de la solution de rechange pour sortir ce sport de sa crise, aucune mesure sérieuse et radicale n'a encore été prise. Tout le monde scrute l'horizon en attendant la fin de l'ère du bricolage, afin de voir clair dans l'avenir. Pas facile. On n'est pas joueur professionnel ou journaliste-expert du jour au lendemain. Et pourtant chez nous, tout semble l'être. Côté joueur, le championnat nous révèle que le professionnalisme a du chemin à faire pour arriver au niveau de la perfection recherchée. Les clubs vacillent, se cherchent, tentent de trouver les solutions à travers la recherche de sponsors et de recrutements de joueurs. Des grèves, chose inédite ou presque en Algérie dans le monde du football, s'installent. Le championnat s'est aussi ses clivages, ses tempêtes de nervosité qui viennent s'abattre au sein des directions de clubs. La route est sanieuse, elle aveugle une bonne partie des joueurs dits professionnels. C'est un terme qui fait rire, et les observateurs sont là pour l'attester. Ces acteurs qui s'offrent en spectacle lors des rencontres, croient plaire, convaincre et faire la différence... Quelle erreur tactique. Un joueur qui ne se respecte pas, ne peut faire respecter l'ordre du jeu. La course aux médailles et aux honneurs, pour tous les clubs, a un prix qu'il faut payer, sinon c'est toute une jeunesse qui se trouve livrée à elle-même, faute de champions et donc d'idoles à vénérer et à prendre en exemple pour se transcender. Témoins depuis les tribunes ou chez soi à des scènes qui scandalisent non pas le football en tant que valeur olympique mais plutôt le mauvais joueur qui n'a rien à voir avec cette discipline. Le dernier match de la coupe d'Algérie, pour ne se référer qu'à cette rencontre a montré ou presque la limite de certains joueurs qui se qualifient de professionnels, malgré les actes qui les déshonorent. S'attaquer à un adversaire pour l'avoir bousculé ou pour un geste que la loi punit n'est que du cinéma. «Bomber» sa poitrine devant le juge de touche ou du directeur de jeu pour contester une décision, n'est nullement professionnel. Nous l'avons observé lors de la finale de la coupe d'Algérie où un joueur du Mouloudia s'est montré violent envers un de ses semblables, puis invité sur un plateau d'une chaîne privée pour dire «pourquoi suis-je souvent montré du doigt» ? Que diront ceux qui ont été agressés dans les vestiaires ou à l'extérieur du stade ? Des questions et des questions encore qui se baladent d'une équipe à une autre d'une ligue à une autre. Heureusement que tout n'est pas noir ou maussade. Oui, nous pouvons éviter l'essoufflement de notre football. Il existe des équipes qui font l'exception et qui honorent le football national. Une bouffée d'oxygène qui provient de ces stades où la correction reste la règle. L'arbitrage, il est vrai que chaque semaine, les décisions du corps arbitral sont contestées par différents acteurs de notre championnat, tous clubs confondus. Carte rouge injustifiée, exclusion oubliée, penalty sifflé ou non, voire hors-jeu contesté, tout y passe. «Les contestations envers les arbitres servent avant tout aux coachs et aux joueurs à justifier des lacunes de leur part», juge un ancien joueur «peu importe le niveau, il est plus facile de mettre une défaite sur le dos de l'arbitrage que de reconnaître ses propres erreurs. Bien sûr, les referees se trompent parfois mais le football va plus vite qu'avant et la multiplication des caméras ne joue pas en leur faveur. Les téléspectateurs ont droit à plusieurs ralentis et il faut parfois visionner une phase sous trois ou quatre angles différents pour pouvoir la juger. L'arbitre, lui, doit décider en une fraction de seconde.» Un constat que partage Alexis Ponnet, ex-arbitre international «en accélérant la formation des arbitres, la DTN espère réussir son pari, celui de faire de ces hommes des juges de qualité, et éviter par là, l'humiliation de leur image. Ainsi donc, 50 techniciens avaient pris part durant plus d'une semaine, à un stage de la Fédération algérienne de football (FAF) en 2013. «La commission fédérale des arbitres en fait de même pour le corps arbitral dont le dernier test physique de rattrapage du mois d'octobre dernier au Centre national de Chlef», autant d'éléments qui militent pour une réelle formation de nos arbitres sans pour autant aller taper à la porte des autres institutions pour une intervention dans l'encadrement de nos techniciens. Enfin «si tu es arbitre à plein temps, tu peux te concentrer uniquement sur ton métier, te former encore plus, tu ne peux que t'améliorer», nuance : «L'argent ne va pas améliorer tout. Le football est un sport indécis : il faut des erreurs des joueurs pour qu'il y ait des buts, c'est pareil pour les arbitres. La professionnalisation n'arrangerait pas tout et je ne pense de toute façon pas que ce soit possible.» Ainsi à la vielle du mondial, les questions du championnat national seront mises au placard. On a le temps d'y revenir. Mais revenir pour quoi faire si le train est prêt à quitter le quai de la nouvelle saison. «Vous savez, me disait un expert en football, le football national ne s'améliora que lorsque le comportement de nos joueurs changera et comprendront enfin que le professionnalisme n'est pas un acte de bricolage.» Forcément, dans ces conditions, il ne peut y avoir de développement et encore moins de progrès tout juste susceptibles de permettre la pratique d'une discipline sportive.
