Le secteur de la santé semble plus que jamais à l'heure du ménage. Les sorties d'inspection inopinées, les sanctions et les décisions de fermeture se multiplient depuis quelques semaines. Après un ensemble de sanctions tombées sur des chefs de services et des responsables de différentes services suite à la sortie nocturne de Abdelmalek Boudiaf en Ramadhan à Blida et Alger, la semaine de l'Aïd a été marquée par un scandale au service de maternité au CHU Constantine. Des images choquantes de cet espace censé accueillir de nouvelles vies et sauver celles de leurs mamans, ont été diffusées et pour la première fois de l'histoire des médias publics, sur la chaîne de Télévision nationale. Des images que la diffusion aurait été autorisée par le ministre avant de prononcer le verdict sanctionnant des responsables et fermant le service en question jusqu'à rénovation totale. Cette semaine encore, le secteur fait parler de lui par une nouvelle opération d'inspection et de ménage. Au moins 20 établissements privés de santé ont fait objet de décision de fermeture à Alger. L'information rendue publique avant-hier par un communiqué officiel parvenu du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, fait état d'une visite d'inspection de grande envergure dans 413 structures privées à Alger, toutes catégories confondues. Une opération coup-de-poing qui s'est soldée par l'établissement de 20 décisions de fermeture à l'encontre de cliniques, de cabinets spécialisés et de centres de diagnostic activant dans la wilaya d'Alger. Selon les précisions du département de Abdelmalek Boudiaf, les sanctions concernent, entre autres, deux établissements hospitaliers privés, un centre d'assistance et de procréation médicale, cinq centres de diagnostic et 12 cabinets de spécialistes. Plus explicite et voulant éviter toute spéculation, la même source a tenu à préciser que «Ces fermetures qui concernent Alger interviennent suite à une visite d'inspection inopinée des différents établissements privés activant dans le secteur de la santé». Pour ce qui est des infractions engendrant la décision de fermeture, il a été relevé des cas d'extension d'activités sans autorisation, la transformation des structures sans respect des normes parallèlement à l'absentéisme des pharmaciens, le remplacement sans autorisation, la non-déclaration du personnel et l'emploi de praticiens médicaux sans autorisation. Outre les établissements qui ont été obligés à baisser rideau, 45 autres ont été destinataires de mises en demeure en plus des avertissements et des convocations des directeurs techniques concernés. Il s'agit, entre autres selon la gravité des infractions, de 12 établissements hospitaliers privés, deux centres de procréation médicale, cinq centres de diagnostic, 19 cabinets de spécialistes et sept centres d'hémodialyse. Pour ces derniers, le ministère n'a pas précisé si l'ensemble des patients qui suivent des séances d'hémodialyse ont été pris en charge dans d'autres établissements car, faut-il le rappeler, il s'agit de séances indispensables à leur survie, à moyenne de trois à quatre par semaine. Le ministère de la Santé a ajouté que dix blâmes avaient été inscrits au dossier pour dix cabinets de spécialistes. Outre les centres de soins et de diagnostic, 122 officines pharmaceutiques ont été inspectées par les services compétents qui ont établi 98 avertissements pour absence irrégulière du pharmacien titulaire d'officine. A noter, par ailleurs, que la large opération d'inspection touche plusieurs wilayas si ce n'est pas tout le territoire national. En effet, le ministère promet de donner le bilan de son ménage «wilaya par wilaya, à fur et à mesure de finalisation des décisions». Puisse cette action à la fois répressive et préventive porter des changements positifs à l'image du secteur et freiner la souffrance d'une population victime d'une «santé malade» depuis plusieurs années.