«L'économie du sport, dans sa version mondialisée, souvent nommée sport business est, aujourd'hui, l'un des lieux les plus ouverts aux pratiques illicites et mafieuses», soulignait dans son étude Patrick Vassort. N'est-il pas écrit au sein d'une de ses brochures que «le sport est important pour l'exemple qu'il donne dans la société et peut être ainsi utilisé comme un atelier pratique pour la tolérance ?» Hélas, aujourd'hui la corruption garde ses crampons et ballons pour jouer dans les prétoires et commissions d'appels, avec les avocats en meneurs de jeu et les policiers en arbitres. L'hydre de Zurich pliait déjà face aux attaques coordonnées d'une justice à deux têtes, suisse et américaine. Ils sont quatorze, dont neuf dignitaires de la FIFA, à être inculpés par la justice américaine pour des «faits de racket, escroquerie et blanchiment d'argent», lors d'une enquête visant à démanteler «un système vieux de vingt-quatre ans, destiné à s'enrichir grâce à la corruption dans le football international», selon la Ministre de la Justice américaine, Loretta Lynch. Depuis 1991, ce sont 150 millions de dollars de dessous-de-table qui auraient été versés aux dirigeants incriminés en «échange de droits médias et de marketing, lors de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud». Au total, 39 personnes, dont 12 plaidants coupables, et deux sociétés sont mises en cause. Dix-huit mois d'enquête, deux cents entretiens, des perquisitions une avalanches de faits qui emportent des gestionnaires, des institutions censés mener à terme la plus prestigieuse des missions du sport dans le monde. Dans les souterrains du sport français et international, apparaissent des traces qui révèlent tout simplement que la lutte anti-dopage n'est pas efficace parce que la majorité des protagonistes du sport-business ne souhaite pas qu'elle le soit ! Chez nous, qu'en est-il exactement ? Le président de la Fédération internationale anti-corruption sportive (FIACS), l'Algérien Mourad Maza reconnait que ce phénomène n'épargne pas l'Algérie «mais elle occupe le bas du classement des pays touchés par ce fléau... Le classement de l'Algérie est confirmé par des experts internationaux», a-t-il précisé lors de son intervention au forum de la Sûreté nationale à Alger. Toutefois, il a déploré le fait que l'académie algérienne de lutte contre la corruption sportive n'ait pas réussi à organiser son congrès, deux ans après sa création, «à cause de certaines parties qui ont peur de son existence». Le souhait du président Mazar est d'arriver un jour, pour ne pas dire dans les plus brefs délais, à créer une union africaine de lutte anti-corruption sportive. «Les Européens sont à la tête du trafic et corruption dans le sport avec ces différentes disciplines, notamment sur notre continent», a-t-il affirmé, citant des rapports officiels établis par des experts internationaux qui ont relevé une «dépense» de près de 3 000 milliards de dollars, l'année dernière, dans le sport à travers le monde en corruption et blanchiment d'argent. «Lors des trois dernières années, 465 personnes ont été arrêtées en Europe pour corruption sportive», a souligné le président de la Fédération internationale anti-corruption sportive (FIACS), l'Algérien Mourad Mazar. Avant de promettre «que son institution va travailler pour défendre les intérêts moraux et matériels des supporters et des athlètes et veiller à la bonne gouvernance des fédérations et des clubs.» Il a évoqué en ce sens, le travail de la commission d'enquête dépêchée par son institution en Afrique. «Le rapport est alarmant. Les conclusions ont fait ressortir que les athlètes africains sont exploités par des Européens. Nous allons nous attaquer à ce fléau et nous pourrons même nous constituer partie civile», a-t-il soutenu. Poursuivant son intervention, il fera une déclaration qui rassure et qui démontre la volonté de la fédération qu'il préside «il a estimé que la mise en œuvre d'une organisation des polices africaine (Afripol) permettra de faire barrière à ces atteintes aux valeurs du sport». Mourad Mazar qui avait, en ce début de l'année, prévu «l'effondrement des marabouts du football», à savoir le président de la Fifa, Joseph Blatter et celui de l'UEFA, Michel Platini, a affirmé que des «empires» vont bientôt tomber. «Je parle en connaissance des dossiers et des données. Il ne s'agit pas seulement d'empires du football mais d'autres disciplines sportives», a-t-il précisé. L'année 2016 sera pour son instance «la lutte contre l'arrangement de matches, la corruption, le blanchiment d'argent dans le sport, et contre tout fléau nuisant au sport», affirmant que la préoccupation majeure est «la restructuration de la FIACS», qui était une chambre noire. «J'ai procédé au changement de certains articles des statuts et j'ai décidé de rendre publiques nos activités», a-t-il relevé. «La corruption est à l'origine de la violence dans les stades. On a toujours parlé des cas de violences dans les stades, mais sans pour autant chercher les causes et origines du phénomène. Nous allons coordonner notre action avec toutes les instances gouvernementales et non-gouvernementales pour faire face à ce fléau», a-t-il souligné. Mourad Mazar est le premier Algérien, Africain et Arabe élu au poste de président de la FIACS.
