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Politique du gaz ou gaz dans la politique énergétique ?
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 03 - 2016

«Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a présidé hier à Alger, un Conseil restreint consacré à la politique nationale dans le domaine du gaz. Ont pris part à cette réunion, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre d'Etat, directeur de Cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, le conseiller spécial auprès du président de la République, Youcef Yousfi, le Vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, ainsi que plusieurs membres du gouvernement.» C'est ce que nous a appris un communiqué laconique de l'APS. Depuis nous n'en savons pas beaucoup plus.
Les questions d'ordre énergétiques, au lieu d'être ouvertes aux fins de donner lieu à un large débat, sont malheureusement traitées de manière confidentielle. Une chose reste cependant certaine. Il y a donc au sein de notre Direction Politique, un niveau de préoccupation suffisamment important pour que le Chef de l'Etat mène un Conseil restreint sur le Gaz. La première remarque frappante est que ce conseil a été consacré exclusivement au Gaz. Il ne s'agit donc pas de pétrole, de carburants ou d'énergie renouvelable. Il ne serait surtout pas question au vu du libellé du communiqué de l'APS de la politique du gaz sur le plan international mais bien de « la politique nationale dans le domaine du gaz ». Dans le même temps, le Président Directeur General de Naftal, Hocine Rizou, nous informe d'une volonté des pouvoirs publics de privilégier l'utilisation du GPL comme carburant en subventionnant une partie importante de l'installation du kit GPL. De son coté, le ministre des finances a augmenté, pour l'année 2016, les prix de tous les carburants sauf celui du GPL avec pour objectif de freiner autant qu'il se peut la « diésélisation » du parc automobile, source d'importations couteuses. Mais ces annonces ne peuvent justifier à elles seules, la mobilisation d'un Conseil restreint consacré au Gaz à un tel niveau de responsabilités. Si on s'en tient aux chiffres publiés par British Petroleum, les réserves prouvées du gaz traditionnel algérien se situeraient autour de 4500 milliards de mètres cubes soit un peu plus de 2% des réserves mondiales classant ainsi notre pays à la dixième place des pays gaziers. Pour ce qui concerne le gaz de schiste nos réserves seraient cinq fois plus élevées que le gaz traditionnel. Selon le Ministère algérien de l'Energie, les réserves algériennes de gaz de schiste seraient de l'ordre de 25.000 milliards de mètres cubes et nous placeraient en troisième position mondiale. L'Algérie est un pays plus gazier que pétrolier grâce aux gaz de schiste et nous tenons peut être là, l'impératif de discrétion avec lequel ce Conseil restreint a été traité par l'APS. Le diktat européen Face au désarroi algérien d'influer sur un accord politique sur le plan international pour trouver un prix d'équilibre aux hydrocarbures, on ne peut que constater la prééminence de l'Arabie saoudite puissance essentiellement pétrolière et de la Russie acteur gazier de premier plan à peser sur les dynamiques de marché et d'approvisionnement du système énergétique mondial. Il n'y a donc pas d'autres alternatives, pour tenter d'échapper aux humeurs d'un...ministre saoudien de l'Energie que de trouver en interne des solutions pour élargir un champs de manœuvre restreint par la dépréciation des prix des hydrocarbures, la perte continuelle des parts algériennes du marché stratégique européen et le déclin des capacités de production nationales. La réponse de long terme sans grande originalité proposée par l'Etat algérien est de prolonger la rente pétrolière qui s'épuise lentement mais sûrement par une rente gazière y compris les gaz de schiste avant de se redéployer vers une ....rente écologique solaire en exploitant des gisements de photons parmi les plus importants de la Planète à quelques encablures du gigantesque marché européen de l'électricité. Comme le prix, sous les coups de boutoir de l'industrie du gaz de schiste américain, est orienté tendanciellement à la baisse, nous assistons progressivement à un basculement de l'Europe d'une zone de contrats de long terme à un espace ou le diktat des prix spots déterminent les prix du gaz autour de 2,5 USD le million de btu. Tous les contrats de « long terme » doivent dorénavant prévoir un certain pourcentage (jusqu'à 30%) des quantités enlevées au prix spot sans parler « du terme » réduit de 25 ans à 12 ans dans le meilleur des cas. Face à ces évolutions sur le marché d'Europe du Nord, la seule réponse de l'Etat algérien est de toujours augmenter les quantités produites au profit du reste du monde, passant de 60 milliards de mètres cubes il y a quinze ans de cela, à quasiment 90 milliards de mètres cubes pour les années à venir aux fins de répondre aux besoins de diversification du marché européen affolé par la politique de puissance russe. Sur les 90 milliards de mètres cubes, nos besoins nationaux sont évalués à 25 milliards de mètres cubes soit 22,5% de notre production de gaz...A ce rythme que laissera-t- on à nos futures générations ? Restructurer notre industrie des hydrocarbures en rationalisant sa logistique Pourtant d'autres solutions existent ! Que conservateurs de tous poils, partisans mordicus de la rente se rassurent. Nous n'aborderons que des solutions « alternatives » dans le cadre d'une économie de la sacro sainte rente pétrolière. Au lieu d'une fuite éperdue vers une production toujours plus importante en volume à des prix toujours moins rémunérateurs en valeur au profit des centres industriels européens, il serait peut être temps de convertir qualitativement notre industrie des hydrocarbures. En effet si nous voulons bien considérer le fait qu'à contenu énergétique équivalent le gaz est cinq fois plus cher à transporter que le pétrole, il n'est pas difficile de comprendre qu'il est de notre intérêt de consommer localement le gaz et d'exporter le pétrole et tous types de carburants liquides. Cette réorientation des flux énergétiques en interne nous seraient à plus d'un titre profitable. Elle basculerait le pays vers une rente gazière en prise vers le futur et moins polluante. Elle s'appuierait sur deux axes stratégiques qui sont à notre portée technologique. La cogénération d'électricité, à partir de centrales électriques à cycle combiné d'une part (tout en augmentant fortement les exportations électriques aux fins d'échapper à la dépréciation frappant les énergies primaires) et la conversion résolue et irrévocable de notre secteur du transport au GPL et GNC d'autre part. Dans le premier cas, les discussions avec nos « partenaires européens » doivent être plus pointues sur les conditions d'accès au marché de l'électricité en Europe. Ce devrait être la contrepartie politique, à payer par les Européens pour les sortir de leur dépendance de Moscou et accéder à leurs demandes pressantes de quantités supplémentaires de gaz. Dans le même temps notre Etat par le truchement de ses sociétés publiques doit absolument se positionner comme acteur dynamique du marché européen de l'électricité en prenant le contrôle de petits distributeurs d'énergie électrique sur la rive nord de la méditerranée et qu'il s'agirait de faire grandir au rythme de nos progrès dans l'accroissement de notre parc de centrales électriques et de la multiplication des câbles électriques sous-marins nous liant au marché rémunérateur européen. Cette réorientation aura aussi l'avantage de préparer l'accroissement d'une distribution mieux maitrisée sur l'aval européen dans le cadre d'une future distribution d'une énergie électrique d'origine solaire. L'Etat algérien doit sortir du carcan idéologique du développement autocentré exclusivement sur son Etat Nation et réfléchir à des logiques d'articulations géostratégiques de ses activités transnationales dans des domaines d'intérêts supérieurs en amendant certains aspects relatifs au contrôle de plus en plus factice et désuet de sa politique de commerce extérieur. Nous appuyer sur des compétences nationales Dans le second cas, il est relativement aisé et rapide par la politique fiscale d'orienter la transformation du parc automobile vers le GPL. Cette énergie liquide est facile à mettre en œuvre sur le plan de ses infrastructures. Il suffit simplement d'avoir la volonté politique de surenchérir le prix des carburants dérivés du pétrole et de maintenir une politique des prix avantageuse pour ce qui concerne les carburants dérivés du gaz. De plus, nous possédons à Arzew une usine de GPL ayant des capacités annuelles de 9 millions de tonnes là ou nous n'arrivons à exporter que 6 millions de tonnes. Notre marge de manœuvre est dans ce cas d'espèce très importante aussi bien du point de vue des infrastructures pour l'essentiel déjà acquises que de celui des disponibilités en GPL. Il est simplement incompréhensible de voir notre Etat retarder plus encore la conversion de notre parc automobile vers le GPL. Pour ce qui concerne le GNV (gaz naturel comprimé pour véhicules), la technologie est mature et correspond parfaitement à l'immense potentiel gazier du pays. Le réseau de gazoducs que nous possédons et qui dégage des flux importants à l'export peut être mis en partie au service de la distribution de gaz vers les stations à carburant du pays ou vers les entreprises ayant des flottes importantes avant de généraliser une distribution décentralisée aux particuliers ! Cela pose des défis mais certainement pas plus insurmontables que ceux auxquels il faut faire face pour passer des gazoducs sous les mers ! Nos sociétés publiques (en particulier Cosider) ont largement démontré leurs capacités à poser des réseaux gaz avec efficacité. Qu'attend donc l'Etat pour donner des impulsions décisives, à un modèle énergétique moderne tenant enfin compte des intérêts du développement national à long terme en lieu et place d'un schéma pétrolier archaïque au profit de Nations tierces fussent elles européennes ? Aussi bien pour le GPL que pour le GNV, serait il si difficile que cela de conditionner l'octroi de montages de chaines de véhicules dans le pays à des conditions très avantageuses pour les industriels automobiles et poids lourds pour peu qu'ils s'engagent sur une production locale de véhicules aux normes GPL et GNV en usine ? Qu'avons-nous à perdre, du point de vue du consommateur, alors que ces véhicules GPL et GNV fonctionnent en bicarburation? Les quantités de carburant dérivées du pétrole seront ainsi année après année économisées, valorisés à leur juste part et iront vers les marchés européens pour gagner des rentes supplémentaires alors que nous garderons pour nous les
flux gaziers réalisant ainsi de substantielles économies en valeur tout en sortant du « tout pétrole » pour aller vers le « tout gaz » ? Dans une seconde étape, il s'agira de s'appuyer sur le gaz pour multiplier les systèmes hybrides aussi bien pour les véhicules que pour les centrales électriques aux fins de préparer notre transition énergétique vers un développement plus durable pensé autour du solaire pour l'essentiel. Voila un schéma de modernisation qui a en outre l'immense avantage de ne pas bousculer les thuriféraires de la rente pétrolière. Bien entendu une telle planification doit lever bien des obstacles parmi lesquelles la remise en cause du modèle de croissance articulé exclusivement autour de la Sonatrach, la mise à niveau et l'élargissement de nos raffineries pour exporter des carburants aux normes mondiales, un investissement national de grande ampleur dans des infrastructures au profit du gaz, de l'électricité et de la chimie, la mobilisation de nos élites techniques nationales, des négociations ardues avec nos partenaires européens sur tous les domaines qui nous intéressent au premier plan. Voila de quoi occuper sainement nos dirigeants et nos travailleurs. Et au lieu de cela que nous serait-il proposé subrepticement autour d'un Conseil restreint dont on a occulté le mot Energie ? Un pschisst de gaz et puis s'en va ?


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